La Coalition contre les usines de farine de poisson et la mauvaise gouvernance des pêches a profité de la tenue sur la coopération sino-africaine ouvert, ce lundi, à Dakar, pour fustiger la mauvaise gouvernance des pêches. Les membres de cette trouvaille ont ainsi lancé un vif plaidoyer.
In extenso.
Ce jour, le 29 novembre 2021, le Sénégal accueille le Forum sur la coopération sino-africaine
(FOCAC) afin de booster la coopération entre la Chine et l’Afrique.
“Notre Ministre des Affaires étrangères, Maître Aissata Tall Sall a déclaré que cette conférence
sera un ’’temps fort’’ pour faire le bilan des trois années de la coprésidence (Chine-Sénégal),
mais surtout pour dégager des perspectives « nouvelles et pertinentes », et que la Chine a été le
premier pays pourvoyeur de financement en Afrique. (APS du 29 Juillet 2021)
Ces financements de la Chine au Sénégal, dans le secteur de la pêche, sont concentrés dans
l’implantation d’usine de farine et d’huile de poisson et dans la Sénégalisation de navires
chinois pour s’accaparer du peu qui nous reste de poissons, contribuant ainsi à aggraver la
surexploitation et le pillage de nos ressources halieutiques, sans parler des problèmes de
pollution de notre environnement et de la dégradation du cadre de vie des populations.
Concernant le secteur de la pêche, notre sentiment est que la venue des sociétés chinoises a
largement contribué à appauvrir les communautés de pêche et n’a enrichi qu’un petit groupe
de personnes ayant exploité les failles de notre système, en créant des sociétés mixtes
nébuleuses et très problématiques pour la gestion durable des pêches. « Lesdites sociétés
mixtes ont également contribué à réduire les emplois de la pêche artisanale, notamment ceux
de la transformation artisanale des produits halieutiques, et à menacer la sécurité alimentaire
des populations du Sénégal et de la sous-région ».
En effet, chaque année, plus d’un demi-million de tonnes de poisson sont pêchés dans les eaux
d’Afrique de l’Ouest pour être ensuite transformés en farine et en huile de poisson dans
l’unique but de nourrir les animaux d’élevage en Asie et en Europe. Si l’industrie de la farine
de poisson est dévastatrice au Sénégal, elle l’est aussi en Gambie et plus encore en Mauritanie,
d’où la nécessité d’unir les forces de la société civile de ces trois pays pour dire que les
investissements de la Chine dans le domaine de la pêche sont nuisibles au secteur, car ils
menacent des milliers d’emplois et la sécurité alimentaire de millions de personnes en Afrique
de l’ouest.
Au même moment, la FAO recommande “une réduction immédiate et substantielle de l’effort
de pêche et des captures dans tous les pays de la sous-région” et a souligné « l’urgence de
prendre des mesures fortes ».
Ainsi, la coalition recommande une réorientation des financements de la Chine vers d’autres
secteurs où les populations Sénégalaises trouveraient leur compte (la santé, l’éducation, les
industries, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, ETC…) et
réitère les demandes qu’elle a toujours portées à l’endroit du ministère en charge du secteur de
la pêche et qui ont trait :
• Au gel de toute nouvelle implantation d’usines de farine et d’huile de poisson au
Sénégal ;
• A l’arrêt des usines utilisant du poisson frais pour produire de la farine et de
l’huile de poisson ;
• A plus de transparence dans la gouvernance du secteur de la pêche, en
commençant par la publication de la liste des navires de pêche industrielle
autorisés à opérer au Sénégal ;
• A la protection des métiers de la pêche artisanale, et plus particulièrement des
métiers de la transformation artisanale ;
• A une gestion efficace et durable des stocks de poissons partagés par les pays
côtiers en Afrique de l’Ouest.
Personnes à contacter :
Mamadou SARR
Coordonnateur de la coalition
contre les usines de farine de poisson
et la mauvaise gouvernance des pêches.