Un ancien commandant de gendarmerie burkinabè, Ousséni Compaoré, a accusé l’ancien président ivoirien, Félix Houphouët Boigny, d’être l’un des commanditaires de l’assassinat de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987 à Ouagadougou.
«Nous avons des informations claires et sans équivoque de ce que le président Houphouët Boigny a dit à Jean-Claude Kamboulé (membre de l’opposition burkinabè en exil en Côte d’Ivoire au moment des faits) qu’il a eu quelqu’un pour mettre fin au pouvoir de Sankara», a-t-il déclaré avant-hier, mercredi 24 novembre, devant le tribunal militaire. L’ancien ministre de la Sécurité a également mis en cause «des agents étrangers, des blancs, qui venaient fouiller dans des dossiers burkinabè au niveau des services de renseignement». M. Compaoré vient ainsi conforter l’idée largement partagée à l’époque des faits sur la complicité du président Boigny et de la France, alors dirigée par François Mitterrand.
Pour les avocats de la partie civile, les révélations de l’ancien commandant de la gendarmerie ne font pas de doute. «Il recevait toutes les notes d’information collectées par les services de renseignement de la gendarmerie. Il a diligenté certaines infiltrations pour recueillir des informations», a déclaré Me Prosper Farama. Selon lui, la participation de l’ancienne puissance coloniale est manifeste. «Son témoignage aussi indique très clairement l’implication de la France parce qu’ils avaient des éléments d’information qui montraient qu’un pays comme la France participait d’une façon ou d’une autre à mettre fin à la Révolution burkinabè», a-t-il ajouté.
Ouvert le 11 octobre à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, soit 34 ans, presque jour pour jour, après les faits, le procès concerne 14 personnes, tous des militaires accusés d’être directement impliqués dans le meurtre, le 15 octobre 1987, du capitaine Sankara et de ses 12 compagnons. Les audiences se dérouleront en l’absence du commanditaire présumé et principal bénéficiaire du coup d’Etat, l’ancien président Blaise Compaoré, et du chef du commando qui a mené l’opération, Hyacinthe Kafando, qui a volontairement disparu depuis plusieurs années. Après son départ forcé du pouvoir, le 31 octobre 2014, suite à un soulèvement populaire, le président Compaoré vit en exil en Côte d’Ivoire, un pays voisin dont il a obtenu la nationalité.