Les entreprises du secteur informel sont un levier des économies en Afrique, et bénéficient pourtant peu de solutions formelles de financement. Une réflexion est en cours pour proposer des alternatives, avec des projets pilotes au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Sénégal.
Des réflexions sont actuellement menées en vue de mettre en place un mécanisme qui permettra de réaliser des emprunts obligataires pour le compte et au profit des entrepreneurs du secteur informel, a-t-on appris d’un communiqué de FinAfrique qui se positionne comme étant à l’initiative des discussions. Une hypothèse de mise en œuvre qui est examinée est celle de la désignation de « structures de microfinance crédibles » qui émettront des obligations pour mobiliser des ressources. Ces dernières seront distribuées aux entreprises informelles à travers des regroupements et coopératives auxquels elles appartiendront.
Une autre piste d’analyse consiste à mettre en place un fonds qui va formaliser sous forme de titres, des engagements de prêts accordés par des institutions de microfinance à des petites et moyennes entreprises (PME) de plusieurs pays qui participent au projet, et générer de la liquidité en les revendant à des investisseurs. Il est prévu dans les deux hypothèses que les opérations soient garanties par les pays d’activités des bénéficiaires, des institutions de financement du développement et les bénéficiaires potentiels des ressources mobilisées.
On retrouve dans le groupe de travail autour de ces idées, des institutions comme les bourses régionales de l’UEMOA et de la CEMAC, les banques régionales de développement (Afreximbank et la BOAD) et des institutions comme la Commission économique pour l’Afrique et le PNUD. Cette mise en commun des stratégies est assez nouvelle dans la région. Pour le financement des PME et de l’informel, les solutions ont souvent été individuelles et peu efficaces.
Au Cameroun, un des pays pilotes ciblés par l’initiative, des projets d’accompagnement financier des jeunes en zones rurale et urbaine n’ont pas conduit à la création ou la croissance durable de structures de production économique. Une initiative de la Société financière internationale visant à émettre des obligations cotées sur l’ancienne bourse de Douala a généré des gains pour les investisseurs de l’opération, mais on a peu d’éléments sur le bénéfice au profit des PME qui étaient ciblées.
Les réflexions présentement menées bénéficient de l’appui d’un conseil consultatif dans lequel se retrouvent des banquiers, des responsables de structures de financement du développement, mais aussi des gestionnaires d’actifs et d’experts du domaine des bourses de valeur. Le secteur informel et les petites entreprises qui le constituent sont présentés comme un maillon essentiel des économies en Afrique centrale et de l’Ouest. Dans certains pays, le secteur recouvre une moyenne de 80% des agents économiques et pourvoit à l’essentiel de la main-d’œuvre.
La contribution du secteur informel à la production de valeur ajoutée au sein des économies est difficile à évaluer. Le statut d’informalité pousse des pays à le classer au rang des consommateurs. Pourtant, ses acteurs ont recours à un système de crédit avec des garanties, investissent, réalisent des épargnes. Pourtant, le secteur est le plus lésé par les banques commerciales.
Rappelons cependant que l’alternative en cours de réflexion devra faire face à la concurrence du secteur bancaire dans les pays de l’UEMOA. Selon un rapport publié par la BCEAO le 22 septembre, 26% des crédits au secteur privé l’ont été au profit des microentreprises. En fait, les grandes entreprises y bénéficient de moins de la moitié des prêts bancaires.