Thierno Alassane Sall s’est rebiffé pour ne pas signer l’entrée de son mouvement, ‘’La République des valeurs’’, dans une des coalitions de l’opposition en gestation dans notre pays. Ni “Yewwi Askan wi” ni celle mise en place avec le Pds, Bokk Guiss, AJ, Jotna et autres, ne l’ont convaincu à signer les pactes et professions de foi.
Manifestement, il n’a pas trouvé chaussures à ses pieds. C’est dire que ces coalitions, à ses yeux, ne répondent pas encore, aux critères qui guident son engagement en politique. Si l’on en juge par son passé récent, notamment par le fait qu’il a préféré partir d’un douillet poste ministériel au lieu de se soumettre à des compromissions, on peut aisément dire qu’il n’est nullement obnubilé par les postes de responsabilité ou par le fait de gagner des élections. Car, le plus simple, pour lui, aurait été de rester dans son parti et de continuer à bénéficier d’avantages.
Il semble être soucieux, de la moralisation de l’engagement et des batailles politiques ainsi que de la gestion des affaires publiques. Mais voilà, là deux choses distinctes en politique que l’on a tendance à confondre. Il y a une différence nette entre les batailles politiques pour accéder ou conserver le pouvoir et la gestion de la cité qui est la définition que nombre de gens retiennent de la politique. Car, pour ‘’gérer la cité’’, il faudrait bien accéder ou conserver le pouvoir.
Donc, tous ceux qui comme Thierno Alassane Sall, Thierno Bocoum et certains leaders qui ne font pas ce distinguo et pensent que l’on peut moraliser des batailles politiques, c’est-à-dire des rapports de force, risque de se planter. On peut certes moraliser la gestion des affaires publiques, mais les batailles politiques ou guerres politiques sont rudes et ne s’accommodent pas d’éthique.
Cheikh Anta Diop, Majmout Diop, Me Babacar Niang et bien d’autres leaders sénégalais ont eu du mal à le comprendre. Et ils n’ont jamais pu convaincre et massifier leurs partis. C’est dommage de le souligner mais les Sénégalais préfèrent sans doute ceux qui leur donnent de quoi acheter le riz, le pain et les produits de base. Ils sont plus en phase avec ceux qui financent les baptêmes, les funérailles, qui paient les factures, etc.
C’est d’ailleurs pour cette raison que les programmes de gouvernance ne sont pas bien visibles lors de nos campagnes électorales. Les gens préfèrent des subsides et des rêves. Quelqu’un peut penser que ce n’est pas éthique et qu’il faut changer la manière de faire de la politique. Il aura sans doute raison. Mais, la question qui se pose, à ce niveau, c’est de savoir s’il va convaincre la grande masse ?
La question fondamentale qui se pose, aujourd’hui, à notre pays, est de savoir si l’on peut faire de la politique avec des valeurs ? Sans être tranchant dans la réponse, nous pouvons affirmer que ceux qui réussissent en politique sont ceux qui savent être réalistes. Ce sont ceux qui bâtissent leurs projets sur les desiderata des gens, ceux qui les font rêver même si, le plus souvent, les promesses sont peu tenues.
Pourtant, on a besoin d’éthique en politique. Mais, malheureusement, ceux qui la prônent ont du mal à accéder au pouvoir. Ils sont écrasés dans cette marre aux crocodiles où ‘’la fin justifie les moyens’’. C’est pourquoi, nous sommes curieux de savoir comment des leaders comme Thierno Alassane Sall vont réussir à bâtir leurs projets politiques et à y faire adhérer le maximum de sénégalais.
Ils auront alors réussi une révolution. Mais, tout indique que ce n’est pas demain la veille.