C’est à croire que la mauvaise querelle que mène le maire de la ville de Dakar, Soham El Wardini, contre le maire de la commune du Plateau, Alioune Ndoye, pour empêcher ce dernier de reconstruire à l’identique le marché historique de Sandaga, sur fonds propres pour sept milliards, relève du dérisoire absolu et de la déraison. En effet, comment peut-on, un seul instant, refuser le développement, comme disait Axelle Cabou, en s’opposant à la matérialisation d’un projet porteur pour la communauté ?
Le dérisoire, c’est ce qui paraît ridicule par son caractère médiocre, car personne ne peut admettre que la commune du Plateau ne soit pas une partie intégrante, sinon la partie intégrante la plus importante de la ville de Dakar, au point de rejeter toute bonne action salvatrice qui entre dans l’amélioration du cadre de vie des populations et de l’attractivité de la capitale.
L’Acte 3 de la décentralisation a consacré, depuis 2014, que les marchés sont exclusivement de la compétence des communes de plein exercice. Venir aujourd’hui s’opposer physiquement à la reconstruction du marché Sandaga, après avoir obtenu toutes les autorisations, dénote d’une impéritie administrative notoire des autorités actuelles de la ville de Dakar.
Au surplus, la ville de Dakar fait dans l’anachronisme en se considérant comme l’ancienne commune de Dakar des années 1930 qui n’existe plus, parce dissoute en 2014 avec l’entrée en vigueur de l’Acte 3 de la décentralisation, laquelle dissolution a entraîné d’ailleurs la dévolution du patrimoine préexistant par le gouverneur de la région de Dakar.
Le statut des communes de plein exercice sans l’assentiment des maires et conseils municipaux desdites communes. La décentralisation, c’est avant tout la gestion participative de proximité pour le développement local et la démocratie locale.
Pour ce qui concerne la conservation du patrimoine historique classé, on en fait une mauvaise querelle dès lors que la commune du Plateau avait décidé de reconstruire le marché à l’identique pour répondre à la demande sociale, contrairement à la ville de Dakar qui voulait la délocalisation du marché Sandaga à des fins rentières.
En vérité, depuis 1930 jusqu’à l’Acte 3 de la décentralisation, le marché Sandaga était sous la gestion de la commune de Dakar en dépit de ses dégradations avancées. Rien n’a été fait depuis des décennies, pour ne serait-ce que la réhabilitation du patrimoine.
Il aura fallu attendre 2014 avec les nouvelles lois sur la décentralisation et l’avènement des communes de plein exercice, sous l’égide du maire Alioune Ndoye, soit près d’un siècle après, pour voire la matérialisation d’un projet structurant de reconstruction du marché Sandaga que tout le monde devrait applaudir et appuyer.
L’attitude du maire de la ville de Dakar Soham Wardini, consistant à demander à la Dscos d’arrêter les travaux de l’entreprise adjudicataire consécutivement aux fins de non-recevoir de sa requête en annulation de la passation du marché, constitue un abus manifeste de pouvoir et une inélégance républicaine. Cette attitude contre l’intérêt général et contre le progrès pour des considérations simplement partisanes doit être jetée aux orties.
Kadialy GASSAMA
Economiste