La crise sanitaire mondiale du Covid-19 n’a pas fini de faire des ravages. L’Occident est actuellement en proie à une nouvelle vague.
Les pays en voie de développement d’Asie, d’Afrique et de l’Amérique du Sud; se retrouvent encore plus menacés par le nouveau variant Delta qui est bien plus contagieux que les précédents et qui mettra encore davantage sous très grande tension leurs structures de santé, sans oublier les conséquences toujours plus désastreuses sur les Économies.
Au Sénégal, l’heure est venue pour le gouvernement et les différents acteurs socio-économiques et sanitaires de mettre en œuvre à la fois un plan de ripostes sanitaires sérieux et de relance économique majeure afin de faire face efficacement contre cet ennemi qui s’impose de plus en plus.
L’enjeu est crucial et il est temps de faire comprendre que l’après Covid-19 ne sera guère aisé pour notre République. Il est temps de comprendre que l’ennemi n’est que partiellement connu ; et que les solutions de type gestes barrières représentent, pour des pays comme le nôtre, des armes dont leur efficacité dans le temps dépend du niveau d’information, de compréhension et d’adhésion (pas toujours facile) des populations.
Il est également temps de faire comprendre à toute la population que l’arme la plus efficace reste à ce jour le vaccin (si, pour un peuple croyant, on considère que celle-ci intervient après la sollicitation du Secours divin).
Oui, le vaccin anti-covid est l’élément matériel et scientifique le plus abouti pour lutter convenablement contre ce virus. Cependant, il est aujourd’hui en proie à des rumeurs de toute sorte, à des fakes news et des discours complotistes largement diffusés. Ceci nous pousse à proposer une analyse de la situation à l’échelle de notre République du Sénégal en partant des différents enjeux sanitaires et économiques liés à cette crise jusqu’à celui de la solution vaccinale qui suscite beaucoup d’interrogations.
De l’enjeu sanitaire et économique. Dans tous les pays tels que le nôtre, la crise du coronavirus a ébranlé les systèmes de santé et semé l’incertitude quant à la marche à suivre. Partout dans le monde, la pandémie a véritablement mis en évidence le besoin urgent de renforcer des systèmes de santé en mal de personnel qualifié, de capacités de stockage et de transport des vaccins indispensables pour conserver et assurer la chaîne du froid dans les zones reculées et, dans certains pays, de centres médicaux équipés pour procéder aux vaccinations. Depuis le début de la crise notre pays a su tirer les leçons de l’épidémie Ebola, en prenant rapidement des mesures sanitaires.
La très faible disponibilité en lits et équipements de réanimation a poussé les autorités à réagir rapidement.
Des Centres d’opérations d’urgence sanitaire (Cous) ont été très vite déployés pour surveiller, tester, dépister et isoler les cas positifs. Des campagnes de sensibilisation ont été menées un peu partout sur le territoire.
Des mesures telles que le port obligatoire du masque dans les transports et des périodes de couvre-feu, ont été décrétées par le gouvernement. Les différents acteurs sociaux et de la santé ont également organisé des distributions massives de masques de protection et de gels hydroalcooliques, à l’endroit des populations les plus vulnérables.
La réponse a aussi consisté en un soutien financier.
Un Programme de résilience économique et sociale (Pres) de 152 millions d’euros a été mis en place en appui aux entreprises et aux ménages (distribution de denrées de première nécessité, subventions, suspension de taxes…). Confrontés au défi de contenir la propagation du virus, les pays en développement ont sollicité une aide pour déployer des solutions d’urgence.
Ce soutien s’est d’abord attaché à renforcer les systèmes de santé afin de relever les défis immédiats posés par la COVID-19. Le Sénégal a, ainsi, perçu des aides budgétaires d’urgence, notamment dans le cadre de l’initiative Team Europe lancée par Bruxelles. Il fait partie des dix pays ouest-africains dont le remboursement de la dette est suspendu par le Fonds monétaire international.
Tous ces dispositifs ont permis d’ériger le pays en exemple en matière de réactivité et de gestion de la pandémie. En septembre 2020, la revue Foreign Policy le situait en deuxième position devant la France, sur 36 pays analysés.
Bien que tous ces efforts, largement salués, aient été consentis ; l’ennemi ne finit pas de donner du fil à retordre et de donner l’impression de n’avoir rien fait jusqu’ici.
On constate depuis les émeutes sociales de mars dernier, que les mesures restrictives citées précédemment ont toutes été levées, sans doute pour calmer quelque part la grogne sociale. Les individus, d’où qu’ils soient, sont profondément attachés à leur liberté et leur émancipation économique.
C’est probablement une des synthèses que l’on peut faire des conséquences liées directement aux différentes restrictions prises jusque-là, et qui se sont avérées très contraignantes pour les populations. Dans ce contexte, il faut rapidement trouver une solution plus adéquate et plus pérenne face à cette crise.
De l’enjeu vaccinal et ses incertitudes.
Dès mars 2020, un grand nombre d’organisations mondiales mettait en avant la nécessité de développer rapidement des vaccins anti-COVID et d’assurer leur distribution à grande échelle, et s’était mobilisé pour réunir des partenaires clés autour des enjeux d’un accès juste et équitable aux doses vaccinales pour les pays en développement.
Mais la difficulté n’est pas tant de se procurer des vaccins et des médicaments que d’assurer leur diffusion, notamment auprès de ceux qui en ont le plus besoin. À l’échelle locale, il est important que les systèmes de santé soient capables de gérer les conditions spécifiques de transport et de stockage des vaccins homologués et de veiller à leur accessibilité d’abord pour les personnes les plus vulnérables (critères d’âge et de comorbidité).
Par ailleurs, l’objectif de produire en Afrique des vaccins contre la COVID-19 s’est rapproché aujourd’hui après que « l’Équipe Europe » a officiellement accepté de soutenir des investissements à grande échelle dans la production de vaccins par l’Institut Pasteur de Dakar, parallèlement à d’autres mesures de soutien. La nouvelle usine devrait réduire la dépendance de l’Afrique à l’égard des importations de vaccins, actuellement de 99 %, et renforcer sa résilience face à de futures pandémies.
« La COVID-19 représente une menace croissante pour Afrique. L’Afrique a donc besoin d’une campagne de vaccination, avec des vaccins produits en Afrique.
Aujourd’hui, pour la première fois, le continent a une chance réaliste de mettre en place ses propres installations de production. L’Institut Pasteur du Sénégal a dévoilé une stratégie concrète pour lancer une production de vaccins autorisés contre la COVID-19 en Afrique. Les 20 millions d’euros que nous apportons seront importants pour aider le projet à démarrer. L’Allemagne soutient l’objectif partagé par le Sénégal et la communauté internationale, qui est de sortir plus forts de cette pandémie », a déclaré Gerd Müller, Ministre allemand du développement.
Au delà, de tout ceci il existe aujourd’hui une forme de défiance face au vaccin qui est due à de la désinformation et à la propagation de plusieurs fake news. L’enjeu est de taille puisse que si tous les efforts sont réalisés pour acquérir le vaccin anti-COVID, et que par la suite une large partie des populations en refusent l’inoculation, la guerre ne sera pas gagnée.
• Quid de l’efficacité du Vaccin et de sa fiabilité.
Alors que le nombre de cas continue d’augmenter et que l’émergence de nouveaux variants fait craindre une intensification de la pandémie, certains s’interrogent toutefois sur l’efficacité de ces nouveaux vaccins. Sur les réseaux sociaux et dans certains médias, des questions au sujet des processus de fabrication des vaccins, de la durée de protection ou encore des effets secondaires continuent régulièrement à être soulevées.
La question de l’efficacité de la protection est d’autant plus préoccupante qu’avec l’apparition des nouveaux variants, il est à craindre que l’on demeure toujours exposé au virus.
Parmi les stratégies étudiées par les différents laboratoires pour lutter efficacement contre les variants, il y’a la possibilité de faire un rappel avec les vaccins dont on dispose déjà, dans le but de booster la réponse immunitaire.
L’autre approche consisterait à adapter et remplacer régulièrement les vaccins disponibles pour faire face aux mutations du virus (comme dans le cas de la grippe). Dans ce contexte, les vaccins à ARN ont notamment l’avantage de pouvoir être adaptés rapidement et à coût de production réduit pour faire face aux nouveaux variants.
En effet, le principe de ce vaccin repose sur l’injection de molécules d’ARN codant pour les protéines du virus afin que celles-ci soient produites par les cellules de l’individu et réveillent la réponse immunitaire. A partir du moment où l’on connaît le code génétique des nouveaux variants, on peut rapidement mettre au point un vaccin codant leurs protéines d’intérêt.
• Quid des Fake news et des théories complotistes.
Il y’a aujourd’hui un nombre grandissant de sénégalais qui adhèrent de plus en plus aux élucubrations du style que le vaccin a pour but de participer à un projet massif de réduction de la population, ou de créer des transformations génétiques chez les humains.
On va même jusqu’à penser que le gouvernement actuel est de mèche avec les instigateurs d’un soi-disant nouvel ordre mondial établi en vue de contrôler et de manipuler la population planétaire, en commençant bien évidemment par les pays du tiers-monde.
Face à de telles idées farfelues, et non moins dangereuses, il est important que les acteurs de l’information au Sénégal jouent leur rôle autrement qu’en étant parfois, et malheureusement, le relai de ce genre de fantasmes complotistes.
Il est urgent de proposer une déconstruction, accessible par les langues nationales, de ces allégations infondées. Cela devra se faire par des mini-spots ou rubriques infos (à la télévision et à la radio) devant démontrer par une argumentation rigoureuse la réalité des choses par rapport au vaccin anti-covid et plus largement sur la crise du coronavirus.
L’heure est grave ! Les ripostes doivent s’organiser de la manière la plus efficiente et la plus efficace ; les ressources mobilisées et les errances amoindries.
Laïty FALL
Contributeur citoyen