Une fusée Ariane 5, dont le vol est prévu vendredi soir à Kourou, doit mettre en orbite le premier satellite commercial de télécommunications « flexible » pour le compte d’Eutelsat. Il couvrira pendant 15 ans une large zone géographique allant de l’Afrique de l’Ouest à l’Asie.
Le décollage du lanceur lourd est prévu entre 21H00 et 22H30 GMT depuis le Centre spatial guyanais. La fusée emporte sous sa coiffe deux satellites pour le compte des opérateurs satellitaires Embratel, le plus important du Brésil et d’Amérique latine, et Eutelsat, un des leaders mondiaux du secteur.
Si le premier, Star One D2, est un outil puissant mais classique, le deuxième, Quantum, sera le premier au monde à pouvoir moduler la zone de couverture et la puissance de ses faisceaux de télécommunications, quasiment en temps réel, et directement par le client.
D’un poids de 3,5 tonnes, il a été développé dans un partenariat public-privé entre l’Agence spatiale européenne (ESA), Eutelsat et Airbus Defence and Space, qui en a assuré la construction.
Ariane 5 doit placer le satellite sur une orbite de transfert géostationnaire, à quelques 35.000 km d’altitude. De ce point fixe par rapport au sol, il couvrira pendant 15 ans une large zone géographique allant de l’Afrique de l’Ouest à l’Asie.
Les satellites de télécommunications « ordinaires » sont conçus au sol en fonction d’exigences de leurs clients, qui ne peuvent être modifiées une fois en orbite.
Chacun des huit faisceaux de Quantum sera modulable, aussi bien en zone de couverture, qu’en puissance ou en fréquence, « en quelques minutes », via un logiciel mis à la disposition du client, selon Eutelsat.
Cette souplesse d’utilisation permettra par exemple d’assurer une couverture mobile pour des avions, des navires, ou des services gouvernementaux, par exemple en cas de catastrophes naturelles ou d’évènements ponctuels. Elle ouvre aussi la voie à une production plus proche de la série des satellites, qui sont jusqu’ici des objets uniques.
« Nous recherchons la flexibilité car lorsqu’un satellite est lancé, la demande et les marchés peuvent varier dans le temps. Un satellite qui n’est pas +figé+ et peut s’adapter aux clients permet d’avoir une perspective plus robuste », indiquait récemment à l’AFP Elodie Viau, directrice des télécommunications et des applications à l’ESA.
Quantum sera aussi capable de géolocaliser l’origine de signaux « émis avec ou sans mauvaise intention et créant des interférences », par exemple quand des commandes adressées erronément à un satellite voisin perturbent les faisceaux de Quantum, a expliqué Elodie Viau, jeudi lors d’un point de presse. Ce dispositif permettra d’identifier l’origine du signal et ainsi d’intervenir pour y remédier au sol, mais aussi d’en minimiser l’impact en réduisant l’interférence.