Avec la crise sanitaire, une nouvelle économie voit le jour. Il s’agit de la digitalisation des œuvres artistiques. Dorénavant, l’artiste crée, se produit et gagne de l’argent sans sortir de son studio ou de son atelier. Bienvenue dans le futur !
Il n’est pas nécessaire d’être un oracle ou un doctorant pour savoir que le monde ne sera plus jamais comme avant après le passage du Covid-19. Des pandémies de ce genre sont à prévoir à l’avenir selon les spécialistes. A cet effet, il va falloir s’adapter. Le monde culturel, plus que les autres secteurs, devra trouver le moyen de faire vivre ses acteurs. Yousssou Ndour, toujours premier dans l’innovation, a flairé la bonne affaire. En effet, contraint de surseoir ses activités de production à cause de la pandémie et obligé de s’acquitter des charges liées à la gestion de son orchestre, le leader du Super Etoile avait initié une série de concerts depuis son domicile.
Si Fitey est présenté comme un moyen non négligeable de sensibiliser sur les gestes barrières et le respect du couvre-feu à l’époque, il n’en a pas moins été une formidable machine à sous. En effet, diffusée sur les réseaux sociaux et sur la Tfm, cette série de concerts, à défaut de combler le manque à gagner par les tournées, a pu au moins prendre en charge une partie des salaires de l’orchestre. Avec les rémunérations que Youtube propose, Youssou Ndour encaisse un montant considérable. Avec le sponsoring de deux grandes entreprises, la Tfm ne s’en est pas plainte.
Sur la Toile, des gens prompts à s’indigner sur tout et sur rien n’ont pas ménagé le Pdg du groupe Futurs Médias. Ils sont même allés jusqu’à l’accuser de faire de l’argent sur la misère de la population. Peut-on vraiment reprocher à une personne qu’il fasse fructifier son investissement ? Doit-on vraiment empêcher un artiste de se produire à son domicile sous prétexte que la situation sanitaire est grave ? Pour les fans, ces interrogations ne se posent pas. Profiter en famille de 30 minutes de spectacle gratuit ne se refuse pas en ces temps moroses.
Si Youssou Ndour qui a un empire médiatique peut se permettre cela, ce n’est pas le cas de tous les autres artistes. Ngaaka Blindé qui a vu son concert de Kaolack annulé à cause de la pandémie, ne dira pas le contraire. Tout comme le Festa2h qui a annulé 2 éditions du plus grand festival de cultures urbaines en Afrique de l’Ouest. Dans cette logique, comment continuer à vivre de son art en cette période ? Les réseaux sociaux ont un début de réponse. En effet, grâce à la rémunération que propose Youtube, des musiciens gagnent leur vie en ligne.
Il suffit d’avoir 2 mille abonnés sur la plateforme et de capitaliser mille heures de visionnage avant de toucher au jackpot. Youtube n’est pas la seule à proposer une monétisation du contenu. Tik Tok et Instagram ont pratiquement la même politique. En même temps, les plateformes digitales de distribution de musique se chargent de la vente des albums. Les arts visuels ne sont pas en reste.
En effet, articurial organise régulièrement des ventes aux enchères des tableaux des artistes du monde entier. Le 15 juin dernier, l’artiste-plasticien, Alioune Diagne, a vendu deux de ses tableaux à 32 et 29 millions Cfa sans bouger de son atelier.
Une performance qui doit inspirer sa génération. Elzo, Dip, Ngaaka, Samba Peuzzi et Ash the best l’ont compris. Ils ont chacun une communauté de plusieurs milliers de personnes qui leur permettent de vivre de leur art. C’est aujourd’hui à la vieille génération de les suivre pour s’adapter au monde qui vient, et de pouvoir garder leur dignité en vivant de leur passion.