Un redécoupage des 4 C (ancienne communauté rurale de Sangalkam) est dans l’air après celui de 2011. Le Rapport de présentation du projet et la convocation pour des sessions municipales d’urgence pour les communes concernées donnent des détails sur ce projet qui touche pour Rufisque, outre cette zone, Diamniadio et Yenne. Ce découpage, dicté en partie par l’érection annoncée de Keur Massar en département, ne va pas faire que des heureux parce qu’il cacherait des relents de conflits d’intérêts au profit du ministre en charge des Collectivités territoriales, par ailleurs maire de Sangalkam, commune qui tire le plus de profit du projet.
Oumar Guèye se taille la part du lion
La départementalisation de Keur Massar va engendrer un nouveau découpage du département de Rufisque, touchant principalement les 4 C (ancienne communauté rurale de Sangalkam) ayant déjà connu une opération du genre en 2011. Un projet dans ce sens est dans le circuit. Le rapport de présentation fait état, à terme, de quatre arrondissements pour Rufisque contre deux présentement (Rufisque et Bambilor) ainsi que la modification du tracé des quatre communes à Bambilor, Sangalkam, Tivaouane Peulh-Niaga-Lac Rose et Jaxaay Parcelles-Niacoulrab. «Afin de mieux désengorger l’arrondissement de Bambilor qui couvre la superficie la plus grande de la région de Dakar (285 km2), il est prévu la création de l’arrondissement de Diamniadio (…) Dans une logique de rapprocher davantage l’Administration des administrés et de garantir le principe de proximité, il est décidé de corriger certaines incohérences spatiales notées dans l’arrondissement de Bambilor en son état actuel», lit-on dans le rapport de présentation. L’arrondissement en gestation de Diamniadio va être institué pour polariser outre Diamniadio et Yenne, jusque-là dépendants de l’arrondissement de Bambilor, la commune de Sébikotane (rattachée jusqu’ici à Rufisque). Et Sangalkam (7 264 m2, selon le site de la mairie) qui est la moins importante du département en termes de budget et superficie, se voit renforcée d’abord en tant que commune par le rajout de pas moins de 22 villages et cités dépendants de la commune de Bambilor et en acquérant aussi un statut d’arrondissement. «Ce redécoupage permettra un rééquilibrage spatial et démographique des deux communes qui vont se retrouver pratiquement avec les mêmes superficies», relève le rapport, faisant savoir que la commune de Bambilor couvre environ 100 km2 pour une population autour de 53 mille 134 habitants.
Une vieille doléance en phase de résolution
Il faut rappeler que le redécoupage de l’ancienne communauté rurale de Sangalkam a été, depuis l’avènement du Président Macky Sall à la tête du pays en 2012, une demande sociale partagée jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. C’était en fait à la suite des Locales de 2009, perdues par le parti au pouvoir de l’époque, que décision avait été prise en 2011 de découper Sangalkam, fief du parti Rewmi de Idrissa Seck, dirigé localement par Oumar Guèye qui était tout-puissant président du Conseil rural. Une décision du Président Abdoulaye Wade, source de tensions qui ont atteint leur paroxysme en mai 2011 avec la mort de Malick Ba, un des jeunes qui manifestaient contre l’installation de la délégation spéciale. L’arrivée aux affaires de l’allié Macky Sall représentait dès lors une bonne occasion pour Oumar Guèye et ses hommes de rentrer à nouveau dans leurs droits. Un arrêté ministériel signé par Cheikh Bamba Dièye, quelques mois plus tard, consacrait le retour aux affaires des Rewmistes, en remplacement des fonctionnaires désignés par le régime précédent pour diriger les collectivités nouvellement créées. Parmi ceux-ci, Ndiagne Diop, un des plus proches collaborateurs de Oumar Guèye à cette époque.
Conflit d’intérêts et enjeux financiers importants
Les rapports entre Oumar Guèye et Ndiagne Diop n’ont pour autant jamais cessé d’évoluer et ont littéralement périclité vers la mauvaise direction suite aux tractations pour les investitures lors des dernières élections législatives. Le puissant coordonnateur départemental de l’Apr Rufisque, Oumar Guèye, n’avait que Sangalkam, Noflaye et Ndiakhirate comme collectivités à gérer, alors que Ndiagne Diop pouvait se glorifier de diriger l’une des plus importantes communes du département avec pas moins de 36 villages et cités. Une force potentielle à annihiler à tout prix, surtout que le maire de Bambilor se distinguait ces derniers mois par une rébellion bien camouflée. Il n’avait pas besoin de la crier, mais juste poser des actes. Zappant les rencontres départementales du parti présidentiel que préside le ministre Oumar Guèye et se faisant représenter lorsque Ismaïla Madior Fall ou les souteneurs de ce dernier organisaient des rencontres politiques : la position était sans ambiguïté. L’Etat, à travers le ministère en charge de l’Aménagement des collectivités territoriales, fait l’arbitrage. Et de quelle manière ! Oumar Guèye, ministre de tutelle et maire de Sangalkam, donc juge et partie, est favorablement servi au détriment du maire de Bambilor qui se voit privé, avec ce redécoupage en gestation, d’énormes ressources. La centrale de Kounoune est jusque-là l’une des plus importantes contributrices en termes de patente devenue Contribution économique locale (Cel) pour Bambilor ; pas moins de 500 millions de francs par an, selon l’ancienne formule de collecte. Même si la commune d’implantation va recevoir moins avec la Cel, c’est tout de même un pactole consistant avec la valeur locative (Cel/Vl). Outre cette centrale, plusieurs autres entreprises sont implantées dans la zone de Kounoune-Keur Daouda Sarr sans parler des réserves foncières.