(Agence Ecofin) – Lundi, le CMT avait annoncé l’interdiction des manifestations « susceptibles d’occasionner des troubles à l’ordre public ». Mardi, les forces de l’ordre ont donc procédé notamment à des tirs de gaz lacrymogène, pour disperser les rassemblements qui se formaient à N’Djamena et Moundou.
Au Tchad, le Conseil militaire de transition (CMT) fait face depuis le début de cette semaine à ses premières contestations populaires. Selon les premières informations disponibles, au moins cinq personnes ont été tuées au cours de ces manifestations qui avaient été interdites par les autorités.
A Moundou et à N’Djamena, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées le 27 avril, pour répondre à l’appel de plusieurs partis de l’opposition et des organisations de la société civile. Ceux-ci contestent la création du CMT qu’ils considèrent comme un moyen pour l’armée de réaliser une transmission dynastique du pouvoir, du feu président Idriss Déby Itno à son fils, le général 4 étoiles Mahamat Idriss Déby.
A la tête du CMT, ce dernier a d’ailleurs fait sa première allocution télévisée dans la journée du mardi, appelant à un dialogue national inclusif. « Je serai le garant de ce dialogue qui n’éludera aucun sujet d’intérêt national, selon un calendrier précis que le gouvernement sera appelé à dévoiler », a-t-il indiqué.
Alors que les critiques ne faiblissent pas du côté de l’opposition qui demande une démission du CMT, Mahamat Idriss Déby s’est voulu rassurant sur ses intentions. « Le Conseil militaire de transition obéit au souci cardinal de faire face à l’urgence absolue de devoir défendre notre patrie contre l’agression qu’elle subissait, de préserver les acquis de paix et de stabilité et de garantir l’unité et la cohésion nationale […] Le Conseil militaire de transition n’a pas d’autres objectifs que d’assurer la continuité de l’Etat, la survie de la nation et l’empêcher de sombrer dans le néant, la violence et l’anarchie », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « les membres du CMT sont des soldats qui n’ont d’autre ambition que celle de servir loyalement et avec honneur leur patrie. Toute autre attitude des membres du CMT sera une atteinte impardonnable à la mémoire du maréchal et à l’engagement face au peuple ».
Pour l’instant, la nomination d’Albert Pahimi Padacké en tant que 1er ministre ne semble pas avoir calmé les contestations de l’opposition. Même si cette première journée de manifestations a permis au nouveau pouvoir en place de montrer qu’il n’hésiterait pas à faire usage de la force pour réprimer une opposition longtemps muselée, on s’attend à ce que la situation politique du pays reste tendue dans les prochains jours.
Moutiou Adjibi Nourou