En marge du conseil présidentiel pour l’emploi des jeunes, Mbaye Ngom le directeur du Coeur de Ville de Kaolack a livré sa part de vérités sur les insuffisances des politiques publiques en matière d’insertion professionnelle et les améliorations à apporter pour relever le défi qui est quotidiennement croissant. Même s’il admet les efforts titanesques du président Macky Sall, il n’a pas manqué de poser sur la table des pistes de solution qui permettront de rectifier le tir.
» Rationnalisation des agences et directions «
Pour l’ingénieur en Génie Civil, au Sénégal nous avons beaucoup d’organes qui font presque le même boulot à savoir L’ANPEJ, la DER, la 3FPT, ce qui ne fait que creuser le budget de fonctionnement de l’État. » Avec plus de 700 milliards de francs Cfa décaissés, nous pouvons dire que des efforts ont été consentis mais à l’arrivée ils sont presque invisibles » a estimé Mbaye Ngom, qui pense qu’il est tant de regrouper ces institutions dans une seule entité pour favoriser leur efficacité et leur efficience.
» Financer les entités du privé déjà actives pourrait contribuer à minimiser les risques de faillite et de non recouvrement des fonds octroyés. Ceux qui ont lancé leur propre business avec leurs propres moyens sans l’aide de personne doivent être prioritaires » a conseillé le Directeur du Coeur de Ville sur l’utilisation des 450 milliards francs Cfa promis par le président après les émeutes de mars.
» Octroi de fonds au privé avec des quotas d’embauches à la clé ».
Avec des entités comme le DOMITEXTA, le Cœur de Ville et le Groupe Univers Médias qui emploient plus de 40 jeunes et priorisent l’expertise locale à Kaolack, Mbaye Ngom martèle que l’accompagnement du secteur privé est un moyen sûr pour résorber le chômage des jeunes. » L’État a même des problèmes pour satisfaire la Fonction publique et les nombreuses grèves en sont une preuve, donc son vrai rôle est dans l’octroi de garantie au privé, même s’il faut signer des contrats de quotas d’embauches. »
» L’entrepreneuriat est un bon créneau mais quand vous avez affaire avec des jeunes désœuvrés, qui sont à la quête du minimum vital pour survivre, tout financement decaissé servira à la consommation. Il faut assurer le maximum de bénéficiaires de revenus réguliers les stabiliser, arrêter l’hémorragie, ensuite encourager l’épargne et afin stimuler l’entrepreneuriat » pense le Directeur du Coeur de Ville.
» Territorialiser la formation professionnelle «
Pour l’ingénieur en Génie Civil spécialité Bâtiment et ancien chef du département technique du groupe Hilti France/ Suisse, l’enseignement Supérieur est trop théorique au Sénégal. » Nous avons des diplômés de l’enseignement supérieur qui n’ont aucune expertise technique ou savoir faire, en tant que chef d’entreprise, nous le vivons quotidiennement dans nos processus de recrutement. Il nous faut urgemment réformer pour donner la priorité à la qualification professionnelle » ajoute- il.
» Il ne sert pas à grand chose de distribuer des licences et des masters en Banque, Finances ou Marketing dans des zones à vocation agricole comme Kaolack, alors que nos parents paysans ont besoin d’expertise et de nouvelles technologies pour développer toute la chaîne de valeur qui gravitent autour de l’arachide. Avec le sel et les cours d’eau, des qualifications en agro-alimentaire et en pêche sont plus nécessaires dans le centre. Et ce même format de territorialisation de la formation professionnelle pourrait être développée dans des zones à vocation touristiques, maraîchères, minières » conclut le Directeur du Coeur de Ville.