Quarante-huit heures après l’instauration du conseil militaire de transition au Tchad dirigé par le fils du défunt président Idris Déby Itno, la France n’a pas tardé à manifester son soutien au nouveau régime. L’ambassadeur de France au Tchad Bertrand Cochery a à cet effet été reçu par le nouvel homme fort de N’Djamena, le Général Mahamat Idris Déby le jeudi 22 avril 2021.
« Nous sommes aux côtés du peuple tchadien depuis longtemps et nous resterons à ses côtés pendant cette période de transition » a déclaré le diplomate français. Au lendemain de cette audience, le président Emmanuel Macron, en déplacement au Tchad pour prendre part aux obsèques de Idris Déby Itno s’est exprimé en ces termes: «La France ne laissera personne ni aujourd’hui ni demain menacer la stabilité du Tchad».
Une déclaration qui semble légitimer ce que l’opposition tchadienne qualifie de coup d’Etat.La France qui n’hésite pas à s’ériger en donneur de leçon aux pays africains en matière de démocratie est pourtant restée muette comme une carpe face à la violation des dispositions constitutionnelles par l’armée tchadienne.
Cette position de la France ne surprend guère quand on sait que son président Emmanuel Macron himself avait de vive voix félicité ses homologues, ivoirien Alassane Ouattara et guinéen Alpha Condé qui ont opéré un passage en force pour un troisième mandat, au mépris des dispositions constitutionnelles de leurs pays.
L’on se souvient également du putsch de 2015 au Burkina Faso. Le président français d’alors, François Hollande, avait menacé tous ceux qui s’opposeraient aux recommandations formulées par les émissaires de la CEDEAO. Des recommandations dont l’un des points consacrait l’impunité pour les putschistes. Au vu de tout cela, il est clair que la France n’a cure du respect des dispositions constitutionnelles dans son pré-carré africain.
Les positions plus ou moins ambiguës de la France vis-à-vis de la politique africaine, renforcent la conviction de bon nombre de personnes que celle-ci y est pour quelque chose dans les différents coups d’Etat perpétrés sur le continent noir, surtout dans son espace francophone.La même France qui hier procédait à la destruction de la Libye et au renversement de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire pour, dit-elle, instaurer la démocratie est celle qui aujourd’hui pourfend cette démocratie. En tout état de cause, nous pouvons affirmer sans nous tromper: la France condamne les différents coups d’Etat au gré de ses intérêts. Dans tous les cas, le Général De Gaulle avait affirmé que la France pas d’amis mais des intérêts. Il appartient ainsi aux peuples africains d’en aviser en mettant un terme à toute relation qui tourne à leur désavantage car la survie de l’Afrique en dépend.