Déjà confronté à une crise environnementale aiguë, le bassin du lac Tchad est devenu, depuis 2009, le théâtre d’une crise socio-sécuritaire liée aux activités des groupes terroristes. Les réponses militaires n’ont jusque-là pas porté les fruits escomptés.
Dans le bassin du lac Tchad, une coopération et une coordination des actions militaires et non militaires seront nécessaires pour venir à bout des groupes terroristes qui sèment la désolation dans cette région de l’Afrique depuis plus d’une décennie maintenant. C’est ce qui ressort des analyses d’un rapport publié par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en ce mois d’avril 2021.
Tout en reconnaissant l’importance de la réponse militaire apportée par les différents Etats à la crise sécuritaire, L’OCDE a déploré dans sa publication la très faible importance accordée aux actions locales non militaires et à leurs porteurs, notamment les ONG. Pourtant, face à un conflit aux racines aussi complexes que délicates, l’aide à la résilience des communautés locales ne doit pas être négligée.
« Il est nécessaire d’augmenter le financement de la stratégie de stabilisation régionale et de la composante civile de la Force d’intervention conjointe multinationale afin de promouvoir des solutions communautaires permettant de résoudre la crise complexe de la région tout en assurant la sécurité humaine des populations vulnérables », indique le rapport à cet effet.
S’intéressant au cas du Niger et du Tchad engagés à la fois dans la Force d’intervention conjointe multinationale et dans le G5 sahel, et dont la loyauté est souvent interrogée par les pays de la sphère anglophone, l’OCDE appelle à taire ces querelles et à se concentrer sur l’ennemi commun. « Les Etats partageant le bassin du lac Tchad et ceux engagés dans le G5 Sahel doivent se considérer comme des Etats ouest-africains d’abord, et non comme des pays francophones ou anglophones ou des organismes régionaux distincts, pour mettre en œuvre des mesures militaires et non militaires efficaces, capables de contrer les menaces des organisations violentes ».
L’OCDE a également invité les Etats à coordonner leurs politiques de désarmement et de réintégration des repentis des groupes terroristes pour plus d’efficacité.
L’insurrection des groupes terroristes comme Boko Haram a transformé le bassin du lac Tchad en l’une des zones les plus dangereuses du monde, rappelle Niamey et les 2 jours. Les populations de ce bassin qui souffraient déjà des conséquences du réchauffement climatique (le lac Tchad a considérablement perdu en superficie ces dernières années) vivent depuis lors en plus avec la menace sécuritaire.
Mawulolo Ahlijah