La demande de permission déposée depuis le 29 mars 2021 a finalement, au bout de 19 jours, été « traitée ». Un refus a été opposé à cette demande. On constate que le temps considérablement long dans le traitement d’une simple demande de permission a été organisé comme un appel du pied aux ennemis du Président Habré, réunis autour de Human Rights Watch, pour que, chaque jour qui passe, ils puissent intoxiquer l’opinion par toutes sortes de mensonges et d’affabulations.
Tantôt, c’est une libération qui est demandée, quand il s’agit d’une permission ; on lie ensuite la demande de permission aux réparations, alors qu’il s’agit de deux questions différentes ; tantôt ce sont les rapporteurs des Nations Unies qui écrivent à l’Etat du Sénégal, les mêmes qui, hier, condamnaient le Sénégal dans l’affaire Karim Wade et qui, nous a -t-on expliqué, faisaient de simples recommandations sans poids ni contraintes juridiques.
Récemment HRW a subi un échec retentissant et vu ses méthodes dénoncées quand les juges de la Cour Pénale Internationale ont mis à la poubelle tous ses rapports d’accusation montés contre l’ex- Président ivoirien, Laurent Gbagbo, pour l’acquitter. HRW a fait pire dans le dossier Habré et continue de le faire, parce que tout simplement, loin de ses statuts, du respect des droits de l’Homme qu’elle professe, elle a travaillé en complicité, se partageant les rôles avec l’Etat du Sénégal, l’Etat tchadien pour aboutir à la condamnation du Président Habré, au prix de multiples violations et cette collusion est présente et évidente sur chaque question liée au sort du Président Habré.
Le juge d’application des peines a rendu une ordonnance qui, curieusement, comporte les mêmes fautes que la précédente, refusant le renouvellement après la première permission (entre autres, Me Mamadou Diawara au lieu de Me Ibrahima Diawara, tout comme un avis de la commission reçu en 2012!). Autrement dit, un copier-coller dramatique, précipité, au bout de 19 jours d’instructions. Le Juge a tenu à mettre en avant l’avis défavorable de la commission pénitentiaire consultative présidée par lui-même et composée du directeur de l’administration pénitentiaire, du directeur de la Prison, du chef de cour, d’un surveillant et d’un personnel de santé. La culture de l’entre soi, comme dirait l’autre. Le raisonnement tenu pour refuser la permission est que la question de la santé est du ressort de la direction de l’administration pénitentiaire.
Et pourtant, c’est bien en tenant compte des risques pour la santé que la première permission a été accordée par le même juge. Quand la règle de droit est à géométrie variable ; le juge ne défend plus les citoyens et l’état de droit mais l’Etat contre les droits des citoyens. Quant au risque du Covid, il est réduit à zéro par le juge qui nous cite les statistiques en baisse du ministère de la Santé, et en conclut qu’ils sont inexistants. Il a même estimé que l’univers carcéral, le va et vient incessant des prisonniers, des gardes, du personnel en termes de risques est égal dans la maison du Président Habré. A-t-il fait un petit tour dans la prison récemment, lui qui préside la susdite commission, pour constater que, depuis des lustres, il n’y a ni gel ni mesures barrières respectés ?
La gestion médiatique de la demande de permission ne trompe plus personne. Toute l’Afrique a compris ce qu’est l’affaire Hissein Habré ; nous vivons des moments difficiles où un système étouffe un homme, ses droits les plus élémentaires, à savoir le droit à la santé. C’est la dure réalité de ce que vivent le Président Habré et sa famille. C’est le présent. L’avenir, ce sera pour chacun d’assumer face à l’histoire les conséquences de ces violations, de reconnaître sa responsabilité directe dans la maltraitance sciemment organisée. Et ce sera un temps de grande solitude.
Dakar, le 17 avril 2021
Me Ibrahima DIAWARA et Me François SERRES