Ton leader critique tout le monde, tu en fais un héros. Quand ceux qu’il ne cesse d’agonir et de vouer aux gémonies le critiquent, tu n’as d’autres arguments à leur opposer que de les accuser de jalousie, d’éléments du système (un autre mot galvaudé par les adeptes de la mode) !
Voilà comment on fabrique un tyran dans une démocratie. Faire de la politique sans être apte à supporter la critique, c’est avoir le projet sournois d’user des vertus de la démocratie pour la dissoudre.
Les prophètes et les saints dans leur splendeur et leur pureté morale ; les grands hommes (philosophes, savants, politiques, artistes, etc.) ; ces génies exceptionnels qui ont fait les grands progrès de l’humanité avaient des adversaires. L’adversité est le limon qui fertilise le sol sur lequel ils ont cultivé l’humanisme. Vouloir mettre son leader hors de toute forme d’opposition, c’est entrer par effraction dans la démocratie, c’est ignorer la puissance et la fécondité de la délibération dans une société ouverte.
Des Sénégalais sont morts, d’autres ont vu leurs récoltes brûlées par des nervis du PS, on a souffert pour instituer et institutionnaliser le débat démocratique. Personne ne nous imposera la pensée unique. Personne ne nous fera prendre des prémisses pour des conclusions. Personne ne nous imposera un Agenda personnel comme un destin. Ce pays se construira dans la diversité confessionnelle, dans l’altérité et dans pluralité des pôles politiques.
Chacun est libre de croire à un messie. Mais la folie commence lorsqu’on veut réduire le monde à son propre messie ; lorsqu’on veut faire de sa planète le soleil de tous pour la bonne et simple raison qu’on y habite. Ce qui fait la beauté nocturne c’est la constellation d’étoiles libres dans le ciel Infini. Étoiles libres les unes des autres et pourtant travaillant toutes à élever la beauté céleste au statut de sublime.
Il est arrivé plusieurs fois que des imposteurs et des démagogues accèdent au pouvoir par la démission des élites face à la furie de certaines factions. De tout le temps c’est la lâcheté des uns qui a plus pesé que le courage des autres. De tout le temps des mensonges ont été conjoncturellement plus efficaces que les postures véridiques et vertueuses. Mais le rôle d’un intellectuel n’est pas forcément de gagner l’adhésion des masses. Faut-il rappeler que Satan le lapidé a plus de disciples et de partisans que n’importe quel saint ? Cela fait-il de lui un exemple ?