« Le renforcement militaire considérable de la Russie est injustifié, inexplicable et profondément préoccupant », a dénoncé le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, à l’issue d’une réunion avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kulebo, venue chercher à Bruxelles le soutien de l’Alliance atlantique face au déploiement des troupes russes à la frontière ukrainienne.
« La Russie doit mettre fin à ce renforcement militaire en Ukraine et autour, cesser ses provocations et procéder à une désescalade immédiate, a poursuivi Jens Stoltenberg. La Russie doit respecter ses engagements internationaux. Le soutien de l’Otan à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine est inébranlable. »
La Russie évoque des actes « menaçants » de l’Otan
Alors que le conflit dans le Donbass s’est ravivé depuis plusieurs semaines, Kiev a accusé Moscou de masser des troupes à ses frontières. Elle estimait lundi leur nombre à 83 000 soldats, dont environ la moitié en Crimée, péninsule annexée par la Russie en 2014. La Russie n’a pas démenti ce déploiement tout en insistant qu’elle « ne menaçait personne » et dénonçant en retour des « provocations » ukrainiennes.
Ce mardi, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a confirmé l’envoi de militaires sur les flancs ouest et sud du pays, affirmant qu’il s’agissait d’une réponse aux actes « menaçants » de l’Otan. Selon Sergueï Choïgou, les troupes déployées ces trois dernières semaines – « deux armées et trois unités de troupes aéroportées » – mènent des « exercices militaires » qui dureront encore deux semaines.
A l’heure actuelle, des troupes américaines venant d’Amérique du Nord soit déployées vers l’Europe via l’Atlantique. Un déploiement des troupes en Europe vers les frontières de la Russie est en cours.
Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, à propos du déploiement militaire allié
« Nous devons décourager Moscou de toute nouvelle escalade, notamment en faisant comprendre que le coût de toute nouvelle aventure militaire serait trop élevé », a plaidé à Bruxelles le chef de la diplomatie ukrainienne, appelant les alliés à apporter un soutien très concret à Kiev. « Les mesures envisagées peuvent paraître coûteuses, mais le prix de la prévention sera inférieur à celui d’une intervention pour mettre fin à une guerre », a-t-il justifié.
Moscou et Washington veulent « poursuivre le dialogue »
Ces tensions ont été évoquées lors d’un entretien téléphonique ce mardi entre Joe Biden et Vladimir Poutine. Le chef de l’État américain a demandé à son homologue russe de « faire baisser les tensions » en Ukraine, ajoutant sa voix aux messages de fermeté adressés par les Occidentaux face aux démonstrations de force de la Russie. Joe Biden « a souligné le soutien inébranlable des États-Unis à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a également indiqué la Maison Blanche au sujet de cet échange.
Tandis que ce dossier ukrainien vient alourdir les relations entre Washington et Moscou, les deux président se sont entendus au cours de ce même entretien pour « poursuivre le dialogue » au profit de « la sécurité mondiale », a affirmé le Kremlin. Joe Biden a proposé à son homologue d’organiser une rencontre au sommet « dans un pays tiers » dans « les prochains mois » afin de « bâtir une relation stable et prévisible avec la Russie », ont annoncé les services des deux chefs d’État
Le fait de se positionner de manière assez ferme sur l’Ukraine ne traduit pas nécessairement une volonté d’en découdre avec la Russie.