« Brandissant la pandémie comme prétexte, les autorités de certains pays ont pris des mesures de sécurité sévères et des mesures d’urgence pour réprimer les voix dissonantes et abolir les libertés les plus fondamentales» (Antonio Guterres)
C’est une lapalissade, le Togo est une dictature familiale vieille de 54 ans. En l’espace d’un mois, deux rapports accablants viennent confirmer ce que tout le monde sait déjà. D’abord début février, le groupe britannique The Economist avait publié l’édition 2020 de son Indice annuel de la démocratie qui donne un aperçu de l’état de la démocratie dans le monde. La conclusion est implaccable pour notre pays classé parmi les régimes autoritaires au monde, partageant le même palmarès moins élogieux avec la RD Congo, le Burundi, la Guinée Equatoriale, l’Afghanistan, la Syrie, le Yemen ou encore la Corée du Nord.
A son tour, le think tank américain, Freedom House, dans son rapport publié le 11 mars 2021 sur l’évolution des libertés publiques et de la démocratie dans le monde, aboutit au même résultat : le Togo est une dictature. Le pays perd 15 places dans le classement et se hisse au 141e rang, entre Cuba et le Cameroun, « en raison d’une élection profondément entachée d’irrégularités et de la répression de l’opposition qui a suivi ».
Les deux rapports notent un net recul des libertés démocratiques et individuelles à cause des restrictions provoquées par la lutte contre la pandémie de coronavirus. Justement, au Togo, les autorités se servent du Covid-19 comme prétexte pour imposer des restrictions aux libertés fondamentales et étouffer toute voix dissonnante.
Bien avant la crise sanitaire, le régime de Faure Gnassingbé, sous le couvert de la lutte contre le djihadisme, avait fait voter une loi par l’Assemblée nationale pour arracher aux Togolais les droits et libertés garantis par la Constitution, la loi portant charte des partis politiques et la loi sur les manifestations publiques.
Dorénavant, toute manifestation est interdite au Togo. Les partis politiques, les organisations de la société civile, les syndicats n’ont plus voix au chapitre. Aux restrictions des libertés de manifestations, d’association et syndicales vient se greffer le musèlement de la presse. Les médias jugés critiques sont constamment objet de harcelèment administratif ou judidicaire.
« Depuis 2017, la liberté de réunion et de manifestation pacifique publique n’existe plus au Togo. Des réunions et rassemblements des partis politiques de l’opposition, des organisations syndicales et de la société civile, sont systématiquement réprimées dans le sang par les militaires. La liberté d’association est également menacée et mise à rude épreuve. Les responsables d’associations subissent des menaces au quotidien dans l’exercice de leur travail », rappelle une dizaine d’organisations de la société civile.
Instruit par les vagues de manifestations qui ont failli emporter son régime lors de la crise politique de 2017-2018, Faure Gnassingbé a fortement tout verrouillé. Le parti au pouvoir, le RPT-UNIR qui domine la vie politique depuis plus de 50 ans est toujours omniprésent, contrôle l’armée et toutes les instances de décision. Aujourd’hui, le pays a opéré un retour au temps de parti unique…