Le système de distribution et de conservation des vaccins est bien huilé jusqu’à l’échelle la plus décentralisée sur l’ensemble du territoire, rassure la Directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna), Dr Annette Seck Ndiaye. « Aucun vaccin dont la conservation est douteuse ne sera inoculé aux Sénégalais », assure, Pr Ndiaye.
La conservation des vaccins est un aspect essentiel dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de vaccination. Quel est le rôle de la Pna à cette étape ?
La Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) était au cœur du dispositif de la riposte contre la Covid-19, aussi bien sur le plan de la prévention que sur le traitement. En fait, elle était chargée de fournir les médicaments et les produits essentiels à tous les centres de traitement des épidémies sur l’ensemble du territoire. Depuis plus d’un an donc, la Pna est au cœur du dispositif. Après la survenue de la deuxième vague, le Sénégal, comme d’autres pays, a intégré la vaccination dans son plan de lutte. Il fallait alors acquérir les vaccins et les distribuer sur l’ensemble du territoire tout en respectant l’équité dans l’offre de soins. Tous les Sénégalais devraient avoir accès aux vaccins en même temps.
En plus des mécanismes internationaux auxquels nous avons souscrit, le Chef de l’État a décidé d’acquérir, sur fonds de l’État, des vaccins. C’est ainsi que nous avons obtenu 200.000 doses de Sinopharm stockées par la Pna chargée de les répartir sur l’ensemble du territoire. Par la suite, le Sénégal a réceptionné des milliers de doses du vaccin AstraZeneca. Tous ces vaccins devraient être conservés dans les meilleures conditions pour assurer leur intégrité et leur qualité. C’est fondamental. Les vaccins Sinopharm et AstraZeneca doivent être conservés entre 8 et 2 degrés Celsius. Dès leur arrivée à l’aéroport donc, ces conditions de conservation doivent être préservées. Lorsque ces produits sortent de l’usine, leur conditionnement permet leur conversation pendant 72 ou 96 heures. Au-delà, les conditions ne sont plus réunies. Au regard de tout cela, il faut tenir compte des conditions de transports pour éviter la rupture de la chaîne de froid. La Pna a pu stocker tous ces produits dans les meilleures conditions avant d’assurer leur distribution à travers le pays en cinq jours. C’est un record.
Comment avez-vous assuré le transport et la répartition des vaccins en un temps si court ?
La Pna a mis en place un plan de distribution. Ce plan a tenu en compte les distances qui séparent les régions et la cohérence du découpage administratif du pays. Nous avons un axe nord, qui va de Saint-Louis à Matam, et un autre axe sud-est qui concerne Tambacounda, Kédougou et Ziguinchor. Nous avons souhaité que les régions puissent démarrer les unes après les autres leur campagne de vaccination. C’est à partir de la clé de répartition arrêtée par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, que nous remettions les quotas à chaque région. C’est une opération assez spéciale. Nous sommes dans une pandémie avec un impact social fort et un profil épidémiologique assez sévère. Il fallait aller vite. La stratégie mise en place a impliqué l’administration territoriale. À l’échelle régionale, la vaccination a été coordonnée par les gouverneurs et les médecins-chefs de région. Il s’agit de remettre le quota de chaque région aux médecins-chefs de région, sous la supervision du gouverneur. Après cette étape, c’est le médecin-chef qui procède à une répartition entre les districts sanitaires. Mais tout ce processus est suivi par le Comité de contrôle et de suivi des opérations de vaccination mis en place par le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr.
Combien de vaccins ont été distribués ?
Les 200.000 doses ont été presque totalement distribuées car il fallait un intervalle de 21 jours entre l’administration de la première et de la seconde dose. Lors du premier passage, 97.500 doses ont été distribuées et le reste des vaccins a été déployé lors du deuxième passage. Nous parlons plus de vaccins, mais il ne faut pas oublier les consommables, les seringues autobloquantes et les boîtes de sécurité pour conserver les déchets. Il y a aussi les supports et des carnets de vaccination.
Quelle est la part de l’implication des pharmacies régionales ?
Nos Pharmacies régionales d’approvisionnement (Pra) sont toutes équipées de chambres froides respectant les normes. Elles ont permis aux régions d’avoir plus de capacité de conservation car la vaccination anti-Covid-19 se déroule en même temps que les campagnes de vaccination de routine. Lorsqu’une demande est formulée, la Pra conserve et déploie les vaccins.
Jusqu’ici, il n’y a pas eu de rupture de la chaîne de froid ?
Tout se passe très bien. Il n’est pas question d’inoculer un vaccin dont nous avons le moindre doute sur la conservation. Le dispositif est bien huilé jusque dans les postes de santé. La distribution se fait d’abord dans les districts, ensuite dans les postes de santé. Le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, à travers la Direction de la Prévention, veille à ce que tous les équipements soient en place dans les points de prestations pour assurer la vaccination de manière adéquate.
Le déploiement et la conservation des vaccins supposent beaucoup de ressources financières. Peut-on avoir une idée des dépenses effectuées par la Pna ?
C’est beaucoup d’argent. Rien que pour le convoyage de ces produits, en plus d’un camion doté d’un dispositif frigorifique pour le transport des vaccins, il faut un deuxième camion pour convoyer les consommables. En plus de cela, le maintien de la chaîne de froid a un coût. C’est impératif d’avoir de l’électricité 24 heures sur 24. Heureusement que le Sénégal a tout mis en place pour la réussite de la campagne de vaccination. À la Pna, nous avons des chambres froides pouvant conserver des vaccins jusqu’à des températures allant de 2 à 8 degrés, dans les chambres froides négatives, la conservation peut se faire jusqu’à moins 20 et moins 25 degrés.
Aujourd’hui, nous sommes en train de nous réajuster puisque nous avons lancé des commandes pour acquérir des équipements pour la conservation de tous les types de vaccins, y compris ceux qui exigent une conservation de moins de 70 degrés. L’acquisition de ces vaccins est prévue dans la stratégie nationale de vaccination.
En outre, il y a aussi les dépenses pour la mobilisation des ressources humaines. Même pour une simple distribution, nous mobilisons des chauffeurs, des convoyeurs et un pharmacien. Aucune vaccination ne peut se faire sans les consommables qui permettent de mener la vaccination et d’assurer le suivi. Pour cette campagne-ci, il y a des supports pour suivre les manifestations post-injections. Il y a un système de pharmacovigilance qui est en place pour faciliter la remontée des données.
Est-ce que cette campagne a servi à renforcer la logistique de la Pna dans les régions ?
Nous avons fait un inventaire des équipements avant l’élaboration de la stratégie nationale de vaccination. Le Ministère de la Santé et de l’Action sociale avait réceptionné des équipements, juste avant le démarrage de la campagne de vaccination. Nous, à la Pna, nous continuerons à faire en sorte que sur le plan régional, les Pharmacies régionales d’approvisionnement (Pra) soient bien équipées, car il est important qu’elles puissent jouer leur rôle en cas de dysfonctionnement dans la fourniture de l’énergie dans les régions.
Jusqu’ici, nous recevons des vaccins en petites quantités. Mais dans les mois à venir, nous allons recevoir des quantités plus importantes. C’est vrai que l’objectif, au début, c’était de faire baisser la mortalité et la morbidité liées à la Covid-19, mais nous recherchons, à terme, l’immunité collective. Nous devons nous réjouir des initiatives prises par le Président de République, Macky Sall, qui, en plus du mécanisme Covax, a décidé d’acquérir des vaccins sur fonds propres. C’est ainsi que le Sénégal a intégré le cercle des sept premiers pays à disposer de vaccins. En dehors ces acquisitions, et les 25.000 doses d’AstraZeneca offertes par l’Inde, nous recevrons 97.000 doses du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Cdc). C’est heureux de constater que tous les Sénégalais souhaitent être vaccinés et que le vaccin reste la solution pour sortir de la crise sanitaire.
Comment le don de vaccins du Sénégal à la Gambie a été apprécié par les autorités de ce pays ?
J’ai été mandatée par le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, pour remettre un don de 10.000 doses de Sinopharm au Ministre de la Santé de la Gambie. Ce don a été accueilli avec beaucoup d’honneur. Les doses et les consommables ont été réceptionnés par le Ministre de la Santé et le Ministre des Affaires étrangères de la Gambie. En plus de ces autorités, le Président Adama Barrow a tenu à réceptionner ces vaccins, saluant ainsi cet acte fort du Président de la République, Macky Sall. Il a enfin exprimé toute sa gratitude à son égard.