L’ambassadeur de Chine à Paris convoqué au Quai d’Orsay, celui de l’Union européenne à Pékin sommé de se rendre au ministère chinois des Affaires étrangères, voilà longtemps que les tensions n’avaient pas été aussi vives entre les diplomaties chinoise et européenne.
Les autorités chinoises n’ont, semble-t-il, pas digéré les premières sanctions adoptées par l’Union européenne à l’encontre de quatre officiels chinois. Il y a eu une rafale de tweets encore tard hier soir de la porte-parole de la diplomatie chinoise, qui fustige « l’arrogance » et « l’ignorance » des Européens, accusant sur les maux causés par l’Europe, selon Pékin : l’histoire de l’esclavage, la guerre en Libye ou encore les difficultés des gouvernements européens face à l’épidémie de Covid-19. La diplomate insiste surtout sur le fait que l’Europe accueille 11% de la population mondiale et donc qu’elle ne peut pas, selon elle, représenter la communauté internationale.
Cet emportement est probablement lié à l’échec de la diplomatie chinoise, qui a tenté sans succès d’éviter une reconstitution des « ligues » dissoutes par la présidence Trump et un front uni entre les États-Unis et l’Europe. Les diplomates chinois allant jusqu’à faire de mini-concessions concernant un accord d’investissements Chine-Europe attendu depuis sept ans et loin d’être ratifié, compte tenu de l’escalade verbale de ces derniers jours.
Sanctions en cascade
Ce que craignait la Chine est finalement arrivé. Il y a eu cette cascade de sanctions. États-Unis, Royaume-Uni, Canada, et d’abord l’Europe… Ce sont les premières sanctions européennes depuis Tianamen. Elles condamnent la répression au Xinjiang. Réplique immédiate de Pékin, qui a dégainé à son tour sa liste de parlementaires, universitaires et même d’entités européennes désormais non grata en Chine. Et puis il y a eu ces mots durs du conseiller d’État, Yang Jiechi, face au secrétaire d’État américain, Antony Blinken, en Alaska. Il y a eu ensuite les mots de l’ambassadeur de Chine en France à l’encontre d’un chercheur et d’un député français qui ont déclenché la convocation par le Quai d’Orsay. C’est une convocation à laquelle d’ailleurs l’ambassade de Chine affirme n’avoir pas répondu dans l’immédiat pour des questions « d’agenda », ce qui ne se fait vraiment pas entre diplomates.