Alors que les derniers nuages qui masquaient le complot se dispersent et que l’un des pères de la nation le vénéré Serigne Mountakha Bassirou, Khalif général des mourides, s’active à un dépassement de cet horrible impair et qu’encore le juge d’instruction a ordonné à l’accusé comme aux témoins de ne plus évoquer du moins publiquement cette affaire, Adji Raby Sarr aurait dû prendre le sage et raisonnable parti de s’emmurer dans un silence. Des conseils des uns et des cancans des autres, le scénario de liquidation politique du leader du Pastef a échoué en raison du casting modique de l’actrice principale.
Adji Sarr, cette fois-ci, nous révèle sans le vouloir les facettes d’un catinisme dans lequel elle se meut fort aise jusqu’à ramasser un trophée ; une grossesse dont on cherche l’auteur comme l’inconnu du réquisitoire du procureur. Mais elle bénéficie des prévenances affectives de son « nidiayou gokh ». Même si Adji avait exceptionnellement dit la vérité, elle n’aurait pas été digne de son conseil, son Aladji maître Hormoundjo, un avocaillon habitué à abattre le travail de la partie civile par plus une salivation ridicule qu’une plaidoirie conséquente.
L’écran petit de Leral et de ITV dévoile enfin la «violée», celle qui a mis le pays dans un imbroglio politico-sexuel. Adji Rabi sort de son mutisme pour une autre mise en scène publique osée quand-même. Elle s’affiche avec un voile noir qui délimite un ovale légèrement dépigmenté. Elle a la voix timide, le regard fuyant, le geste titubant comme pour dissimuler un dispositif électronique d’écoute et de relance derrière sa robe jaune noir. Son narratif est piteux, hésitant et incontinent. Parce que le masque du mensonge même bien porté n’arrête pas la vérité. Elle semble dans une mauvaise grâce et souvent est interrompue par un homme au front suant et à la chevelure pelée qui lui indique les morceaux choisis du mensonge dru à l’image d’un souteneur qui ménage son employée. Le peuple aujourd’hui ne demande qu’une seule chose, la libération de Adji pour la réconcilier avec la vérité. Celle qui demeure souveraine à l’espace public.
✍️Pape Kalidou Thiam