La voix du Griot des temps modernes s’est éteinte à jamais.La nouvelle qui nous est parvenue aux premières de la matinée du dimanche 14 Mars 2021,n’a pas fini de nous tétaniser, de nous effarer car celui qui venait de s’en aller ne laissait personne indifférent.Homme d’un courage remarquable et d’une honnêteté rare,Thione Ballago Seck a donné le meilleur de lui-même avec l’Orchestra « Baobab » dans les années 70.
Dans tout le Sénégal, les hommages sont unanimes autour de cette icône de la musique, ce grand monument de la culture:il était une fierté, un homme digne dans tout le sens du vocable.
Oui, je l’atteste. Grand par la taille, grand par le cœur, grand par l’esprit. Thione était d’une humanité certaine ; il était très véridique.Il était entier dans ses relations avec les autres.Thione n’a pas été coulé dans un moule particulier et son entrée dans nos foyers ne laisse personne indifférente.A travers ses chansons nous le sentons près de nous,dans cette atmosphère quasi- religieuse qui résulte sûrement de l’angoisse métaphysique à travers ses chansons qui nous remettaient en mémoire ces moments exquis de notre tendre enfance.
Le griot des temps modernes s’est éteint et avec lui, son chant.Plus jamais le phénix ne renaîtra de ses cendres.Avec courage et détermination, Thione a toujours posé opérer la rupture avec le mimétisme musical occidental et latino.
Nous nous retrouvons sous le choc de cette violente nouvelle. Assommés, déconnectés ou déroutés, nous avons besoin pour un temps de mettre la souffrance à distance et de ne pas croire complètement à ce qui vient de se passer: «Non,non, non! Ça ne s’peut pas.C’est juste un mauvais rêve.»
Nos émotions sont gelées, inaccessibles pour des jours, voire des semaines.Certains peuvent se mépriser de ne rien ressentir. Honte à eux de rester de glace lors de l’enterrement d’une personne pourtant si importante.
La panique et la profonde tristesse sont en veilleuse si bien que nous demeurons souvent en contrôle le temps.Ce gel des émotions, bien que déconcertant, est normal et utile à court terme puisqu’il nous préserve d’une douleur insoutenable, affolante.Cette précieuse protection nous permet d’entrer à notre rythme dans une souffrance qu’il nous faudra visiter tôt ou tard.En vérité, seul compte finalement ce que l’on a été sur cette terre des hommes.
En cette douloureuse circonstance, je voudrai humblement adresser
à Kiné Diouf Diaga, à Waly Ballago Seck , à toute la famille et tous les membres de l’Orchestra Baobab , mes très sincères condoléances.
Papa Manou DIOP