Depuis plusieurs mois, le Soudan et l’Egypte ont entamé une stratégie de renforcement de leurs relations, marquée entre autres par leur position commune concernant le barrage éthiopien de la Renaissance. La visite du samedi 6 mars 2021 est la première depuis la chute du général Omar el-Béchir.
Le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi s’est rendu au Soudan pour une visite de travail le samedi 6 mars 2021. Avec son homologue Abdel Fattah al-Burhan et le Premier ministre Abdalla Hamdok, le dirigeant a évoqué la coopération entre les deux pays.
Plus précisément, ils ont évoqué les discussions concernant le grand barrage de la Renaissance sur le Nil, qui les oppose à l’Ethiopie. Khartoum et Le Caire craignent que cette infrastructure majeure pour l’économie éthiopienne ne mette en péril leur accès à l’eau du fleuve, et se sont alignés sur une position commune pour éviter qu’Addis-Abeba ne réalise son projet de façon unilatérale. Alors que les négociations traînent sur le sujet, al-Sissi a appelé toutes les parties à trouver un accord contraignant, d’ici les prochains mois.
« Nous avons affirmé la nécessité de revenir à des négociations sérieuses et efficaces dans le but de parvenir, dès que possible et avant la prochaine saison des inondations, à un accord juste, équilibré et juridiquement contraignant », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, les deux parties se sont entretenues sur le conflit frontalier entre le Soudan et l’Ethiopie. A l’issue de la réunion, la présidence égyptienne a indiqué dans un communiqué cité par plusieurs médias que les « récentes initiatives soudanaises visant à étendre la souveraineté de l’Etat sur ses frontières orientales avec l’Ethiopie s’inscrivent dans le contexte du respect par le Soudan des accords internationaux ». Cette situation fait référence aux récentes disputes qui ont eu lieu entre Khartoum et Addis-Abeba concernant notamment le contrôle de la région d’Al-Fashqa située entre les deux pays.
Cette visite du président égyptien illustre le rapprochement diplomatique qui s’est opéré entre les deux pays depuis plusieurs mois. Le pays des pharaons semble vouloir se poser en partenaire privilégié de son voisin soudanais dans la région notamment sur le plan sécuritaire. La semaine dernière, un accord de coopération militaire a d’ailleurs été signé en ce sens par Mohamed Farid, chef d’état-major des forces armées égyptiennes et son homologue soudanais Muhammad Othman al-Hussein dans la capitale soudanaise.
De son côté, le Soudan miné par des décennies de conflits internes notamment au Darfour essaye de se relever de plusieurs années de mauvaise gouvernance sous l’ère el-Béchir, qui ont affecté ses performances dans plusieurs secteurs relevant des fonctions régaliennes de l’Etat. Pour ce faire, il espère s’appuyer sur son allié égyptien dans plusieurs secteurs.
« La visite du président al-Sissi intervient à un moment où le Soudan traverse une période de transition marquée par de nombreuses difficultés qui nécessitent des efforts d’unification et le soutien d’amis et de frères », a indiqué le chef du Conseil souverain soudanais, Abdel Fattah al-Burhan. Et d’ajouter : « nous avons discuté de toutes les questions susceptibles de soutenir la coopération ».
Notons qu’il s’agit de la première visite au Soudan du président égyptien depuis la chute du général Omar el-Béchir.
Moutiou Adjibi Nourou