L’Assemblée nationale a levé, ce vendredi, l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko, ce qui revient à dire que toutes les procédures judiciaires lui sont, actuellement, applicables, comme à n’importe quel citoyen.
En clair, le juge d’instruction pourra le convoquer légalement.
Le hic cependant, c’est que le principal concerné, Sonko, a clairement laissé entendre, jeudi dernier qu’il ne va pas répondre à une convocation du juge d’instruction pour plusieurs raisons.
La première est qu’il juge la procédure viciée, celle de la levée de son immunité parlementaire et la seconde qu’il n’a aucune confiance au juge d’instruction qu’il taxe de ‘’faible’’ et de ‘’non-indépendant’’.
D’ailleurs, une procédure de récusation contre ce dernier a été déposée par ses avocats à la demande du leader politique.
Or, comme Sonko risque le mandat d’amener parce que le juge en question n’aura pas d’autre choix, le risque d’escalade est réel.
Déjà ce vendredi, quelques manifestations avaient été notées dans certaines localités de Dakar. Et que des activistes comme Dame Mbodji, le secrétaire général du Cusems, un syndicat d’enseignants, Abdou Karim Guèye et Cie ont été arrêtés.
Des femmes du parti Pastef sont aussi détenues dans un commissariat de Dakar.
Bref, la situation est sous haute tension et les vagues d’arrestation continuent.
Pis, le jeune leader politique, dans ses propos, semble être disposé à opposer une résistance aux forces de l’ordre si jamais elles tentaient de l’arrêter alors que, bien entendu, l’Etat ne peut pas reculer devant un citoyen.
Des médiations sont en cours. Il y a celle tentée par Jamra en relation avec Abbé Jacques Seck de l’Eglise et aussi celle que va entreprendre Babacar Mbaye Ngaraaf et ses compagnons dans le cadre de l’association ‘’Sauver le Sénégal’’.
D’autres vont suivre. Et c’est tant mieux. Car, face à la toute-puissance de l’Etat dans l’exercice de la force publique de coercition et à la détermination de Sonko, le résultat peut être des plus regrettables. On peut assister à un scénario qui va, à jamais, ternir l’image de notre pays.
Ce qui ne veut nullement dire que justice ne doit pas se faire. Nous tentons simplement de soutenir que Sonko ne peut revenir à de meilleurs sentiments que si de fortes médiations sont tentées et qu’il acquiert la garantie que ses droits ne seront pas escamotés.
Pourtant, sa comparution est la seule solution. Il faudrait bien alors que des bonnes volontés, les soupapes de sûreté de cette société, les régulateurs sociaux de tous bords y travaillent pour, justement, éviter l’irréparable.
Et même s’il faut changer de juge d’instruction suite à la procédure en cours, il faudrait le faire.
Car, on ne peut pas, dans une situation pareille, croiser le bras et ne pas agir.
En tout état de cause, le leader de Pastef, quelles que soient ses appréhensions, doit se convaincre que tous les acteurs judicaires qui agissent dans le dossier font juste leur travail suite à la plainte contenant des faits graves venant d’un citoyen.
Qu’il puisse y avoir une main invisible, c’est possible. Mais cela n’empêche qu’Adji Sarr est seule responsable de la plainte et personne d’autre.
Donc, que le dossier soit politique ou pas, il y a un volet judiciaire qu’il faut d’abord évacuer avant d’envisager, ensuite, toute autre solution.
Et il est important de savoir que cette affaire ne peut pas ne pas être traitée par la Justice.
C’est pourquoi, nous estimons qu’il y a suffisamment de pression sur les autorités politiques et judiciaires pour que les médiateurs puissent rassurer Sonko de la bonne foi de la Justice.
Mais, si on le laisse seul en décider, il ne déférera jamais à une convocation et pourrait résister à toute interpellation ne serait-ce que parce qu’il l’a promis.
L’interpellation s‘adresse aux proches de Sonko notamment à son marabout qui doit, aujourd’hui, déplacer ses quartiers au domicile de son disciple.
Car, celui qui est actuellement présenté, de facto, comme chef de l’opposition, doit vouer un respect scrupuleux aux institutions et aux hommes qui l’incarnent même s’il risque sa liberté et ses droits civiques et politiques.
C’est le risque à prendre quand on est à la fois citoyen et homme politique.