Le mouvement slow, en contestation face au sentiment d’accélération du temps, était à la base, un concept marginal. Les restrictions sanitaires, principalement le confinement, ont permis au monde de ralentir pour repenser les priorités. Chez certains artistes sénégalais cloués chez eux à cause de la fermeture des lieux de spectacle, cela s’est traduit par un besoin d’accorder du temps aux essentiels : la famille, les choses simples de la vie ou même la création artistique.
Avec les restrictions, beaucoup d’artistes ont été obligés d’annuler les programmes et dates pour rester confiner chez eux. En avez-vous profité pour passer du temps avec votre famille ?
Fatou Guewel Diouf : “Je ne suis jamais restée aussi longtemps chez moi depuis le début de ma carrière. Mon dernier voyage remonte à janvier 2020 pour la Oumra. Mais, si j’ai perdu beaucoup de contrats, j’ai gagné en temps libre à passer avec ma famille, mes petits-enfants, mes neveux et nièces. Je ne savais même pas que mes petits-enfants apprenaient le Coran, c’était une grande surprise et un grand bonheur de le découvrir. Les voir diriger la prière me donne des frissons et rien que pour ça, je remercie Dieu pour cette pause.”
Carlou D : “Oui certainement ! Avec le confinement, nous retournons à nos habitudes et obligations dites normales. Par exemple, j’ai repris l’habitude d’amener les enfants à l’école, de passer des moments avec eux, de faire des activités ludiques avec eux, ce qui était pratiquement impossible avant le Covid.”
Pape Diouf : “Les restrictions ont été une bénédiction côté famille. Je passe plus de temps avec elle, avec ma mère. Et j’ai maintenant du temps pour rendre visite à mes sœurs, mes amis…”
Awadi : “En un an, j’ai fait seulement 2 voyages, alors que d’habitude, je fais plus de 11 voyages en 2 mois. Je passe beaucoup de temps avec les enfants, on mange ensemble, on discute. Ce sont des moments que je n’avais pas eus depuis très longtemps.”
Qu’est-ce que vous avez-pu faire que vous n’auriez jamais fait par manque de temps par le passé ?
Carlou D : “Acheter le pain du matin (rires…)”
Fatou Guéwel Diouf : “J’en profite pour parfaire mon apprentissage du Coran. J’ai un enseignant à domicile pour les cours.”
Pape Diouf : “J’ai pu enfin avoir une hygiène de vie normale. Je peux me coucher tôt, me réveiller pour la prière du matin, manger avec les enfants à tous les repas, faire des sorties avec eux. Ce sont des avantages non négligeables.”
Awadi : “J’ai pu enfin recommencer à utiliser le matériel de sport, surtout le vélo. Je me donne comme objectif de perdre 10 à 15 kg, mais j’essaie surtout de perdre du ventre.”
Votre famille apprécie-t-elle ces moments en plus passés avec vous ?
Carlou D : “Oui je crois que oui! Je suis plus à l’écoute. Ils se fâchaient souvent quand je commençais à préparer les valises pour voyager! Mais là, «gnou gui noces» comme on dit en wolof.”
Fatou Guewel Diouf : “Et comment ! Ils n’arrêtent pas de me tourner autour, ils me voient si peu en temps normal.”
Pape Diouf : “Les enfants sont très contents de m’avoir à la maison, même s’il faudra bien redémarrer pour faire chauffer la marmite (Rires).”
Awadi : “On rigole beaucoup…”
Ce temps vous a-t-il permis de booster votre créativité artistique ?
Carlou D : “Oui véritablement! Nous avons pu ranger beaucoup de projets musicaux. Entamer des projets numériques tels que les streaming sur notre site carlou-d.com, plateforme qui nous servira sans nul doute après covid. Nous avons ainsi gardé un contact avec notre public avec lequel nous communiquons tous les samedis sur notre site grâce à des lives streaming.”
Fatou Guewel Diouf : “J’ai terminé un morceau. D’ailleurs, je suis encore en studio. Cette chanson sera dédiée aux femmes et elle devrait sortir pour ce 8 mars. J’avais commencé aussi à écrire beaucoup de chansons, mais j’ai dû arrêter à cause des mesures de distanciation qui sont difficiles à gérer dans un studio d’enregistrement.”
Pape Diouf : “J’ai pu prendre plus de temps pour faire les choses bien au studio, ce n’était pas évident à cause des contrats en semaine et en week-end et temps de récupération nécessaire. J’ai beaucoup écrit, beaucoup enregistré. Je pense être à 40 sons ou même plus. Le Covid m’a permis d’avoir des ouvertures, de nouvelles orientations dans mon travail. Ça m’a même permis d’ouvrir mes horizons d’un point de vue professionnel.”
Awadi : “J’avais deux projets qui me tenaient à cœur : SenerapTv et Sargal pour lesquels on a tourné une saison. Je suis en train de me découvrir une passion pour l’écriture autobiographique. Côté musique, il y a un album pratiquement prêt.”