On a frôlé de justesse la tragédie à Boune dans le département de Pikine. Six fillettes ont failli trépasser, après avoir subi une opération d’excision collective qui s’est mal déroulée. Elles ont fini au bloc d’opération de l’hôpital de Pikine. L’exciseuse et des mamans des fillettes ont été arrêtées par la gendarmerie de Keur Massar.
La lutte contre l’excision est loin d’être gagnée. Cette pratique répréhensible qu’on pensait être l’apanage du monde rural est devenue une réalité dans les centres urbains. A Dakar, précisément au département de Pikine, une opération collective de mutilation génitale féminine organisée dans la plus grande clandestinité, dans une maison au quartier Boune, a failli avoir des conséquences fâcheuses, hier mercredi. Le drame a été évité de justesse. L’exciseuse s’est trompée en procédant à l’ablation des parties génitales de ses «patientes» et les fillettes, au nombre de six, ont fini aux Urgences de l’hôpital de Pikine. La Brigade de gendarmerie de Keur Massar qui a été alertée est parvenue à mettre le grappin sur l’exciseuse et les mamans de plusieurs des fillettes. Selon nos informations, l’opération d’excision a été parfaitement planifiée par les parentes des fillettes, qui sont tous originaires d’un pays frontalier. L’exciseuse est démarchée, briefée sur le caractère clandestin de sa mission et les parentes des fillettes sommés de garder le secret l’information pour éviter toute fuite. La stratégie est tellement bien huilée, notent nos sources, que même le voisinage, dans ce populeux quartier de Boune, n’a rien vu venir. C’est sur ces entrefaites que les fillettes, au nombre de six, seront discrètement acheminées jusque dans «l’office de fortune» de l’excision à l’ancienne : à l’aide d’armes blanches. Mais dans le strict respect de la culture des parentes des «victimes».
La fâcheuse maladresse de l’exciseuse
Tout se passait à la perfection jusqu’au moment où l’exciseuse a entamé ses opérations chirurgicales qui ne vont pas se passer comme prévu. Selon nos sources, certaines des filles excisées seront victimes de graves blessures. On parle même d’une hémorragie qui a carrément dépassé l’exciseuse et les mamans des fillettes qui décident de secourir les victimes. Les six fillettes seront ainsi acheminées, dans un premier temps, dans une structure de santé à Keur Massar. Seulement, à l’analyse de la gravité des faits, les blouses blanches vont orienter les fillettes vers l’hôpital de Pikine, mieux outillé pour une intervention d’urgence. Dans cet établissement sanitaire, les victimes sont aussitôt prises en charge au bloc des Urgences. L’intervention prompte des blouses blanches sera décisive pour mettre la vie de ces fillettes hors de danger.
Cinq dames, dont l’exciseuse, mises aux arrêts par la Brigade de Keur Massar
Au moment où les médecins de l’hôpital de Pikine s’affairaient autour des cinq fillettes, les gendarmes de la Brigade de Keur Massar qui avaient reçu l’information à temps, entraient dans la danse. Le Commandant Abdou Aziz Kandji ouvre une enquête et met en branle les éléments opérationnels de sa brigade. L’intervention des pandores à Boune a permis de mettre le grappin sur l’exciseuse et quatre autres dames, toutes des parentes des fillettes. Elles ont été acheminées à la brigade pour nécessités d’enquête. Selon des sources concordantes, ces dames qui ont par la suite été placées en garde à vue, «n’ont pas daigné nier les faits», une fois soumis au feu roulant des questions des hommes du Commandant Kandji. L’enquête suit son cours et d’autres arrestations ne sont pas à exclure, soufflent nos interlocuteurs.
Ce que risquent l’exciseuse et les mamans des fillettes
Les actes posés hier mercredi dans la banlieue, notamment à Boune, par l’exciseuse et les parentes des six fillettes, sont bannis et pénalement punis par la législation sénégalaise. Qualifiés de mutilation génitale féminine (excision), l’exciseuse, les mamans des fillettes arrêtées risquent gros. Selon les dispositions de l’article 299 bis du Code pénal et de la Loi 99 – 05 du 29 janvier 1999, les mises en cause encourent des peines allant de 6 mois à 5 ans. «Emprisonnement de 6 mois à 5 ans. Lorsque les mutilations génitales auront entraîné la mort, la peine des travaux forcés à perpétuité sera prononcée. Sera puni des mêmes peines, toute personne qui aura, par des dons, promesses, influences, menaces, intimidations, abus d’autorité…, provoqué ces mutilations sexuelles, ou donner des instructions pour les commettre.»