Si l’Alliance pour la République a pu conquérir le pouvoir en seulement trois ans d’existence, Pastef/Les patriotes a su s’imposer comme une véritable philosophie et un esprit, rayonnant au-delà des frontières sénégalaises en un temps record.
Plus qu’une formation politique, c’est devenu une véritable philosophie. Conformément à la volonté des pionniers. ‘’Pastef, informe un de ses premiers militants, c’est un mouvement dont les principaux animateurs que vous voyez aujourd’hui ne sont pas les géniteurs.
Comme aime à le rappeler le président Sonko, la création du parti s’est faite par vagues. D’abord, il y a eu les géniteurs qui ont eu cette idée. C’est eux qui ont, ensuite, invité Ousmane à diriger le parti’’.Ainsi est né un véritable mouvement qui ne cesse de faire des émules, à l’intérieur comme en dehors des frontières sénégalaises.
La particularité de cette formation, c’est d’avoir été portée par des jeunes fonctionnaires, partageant pour la plupart la même trajectoire, les mêmes combats. ‘’De l’école au bureau, lit-on sur le site officiel du parti, en passant par l’université́, ils ont livré́ avec amour et enthousiasme des batailles qui se sont soldées par des succès éclatants’’.
Au nombre de ces batailles, il y a l’autorisation formelle de construire un lieu de culte au sein de l’université́ Gaston Berger de Saint-Louis, la conquête glorieuse du droit de disposer d’un syndicat dans la haute Administration… Déterminés dans leur ambition irréversible de combattre le système, ils ont ainsi fait appel à Ousmane Sonko pour être le porte-étendard du projet patriote. ‘’Ousmane Sonko deviendra le président du Pastef/Les patriotes, lui qui réfléchissait, depuis quelque temps, sur un éventuel engagement politique sans se déterminer sur la forme qu’il devrait prendre. Ce qui l’avait amené́ à rencontrer des leaders pour mieux fonder sa décision’’, lit-on dans l’histoire du parti disponible sur le site.
Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le bébé a grandi, au point de charmer partout à travers le territoire. Ses lieutenants, en un délai assez court, sont parvenus à le hisser au nombre des partis qui comptent dans le landerneau politique sénégalais. Pendant ce temps, les principaux géniteurs restent dans l’ombre. Est-ce un retrait stratégique ou une mise à l’écart ? Les réponses divergent.En tout cas, si certains ont pu choisir leur propre voie, d’autres continuent de servir dans le plus grand anonymat. Sans tambour, ni trompette. Parmi ces pionniers, il y a un nom qui sort du lot.
Il s’agit de Pape Oumar Diallo, un personnage atypique, à qui le président Sonko a rendu un vibrant hommage dans son livre ‘’Pétrole et Gaz’’ : ‘’Lui, c’est la pièce maitresse de cette initiative. Si Pastef a pu exister, c’est en grande partie grâce à lui. Il était avec les Mamadou Guèye, Matar Sène, entre autres.’’ Présenté comme un brillant esprit, Pape Oumar a été un proche collaborateur d’Amadou Ba, avant de quitter l’Administration pour faire carrière dans le barreau, en tant qu’avocat.
Cela dit, il y a également, parmi les pionniers, certains qui ont abandonné la barque pour aller flirter avec la majorité présidentielle.Parti en devenir, Pastef traine cependant des tares inhérentes à tous les partis politiques sénégalais.
Selon ce proche de quelques leaders, les nouveaux venus ont souvent des problèmes pour se faire de la place, face aux militants de la première heure. ‘’Je connais pas mal de cadres dont Ousmane Sonko a besoin, mais qui sont un peu mis à l’écart, parce que simplement, ils ne font pas partie des militants de la première ou de la deuxième heure.
Et cela risque d’être un véritable obstacle à l’expansion du parti’’, soutient le sympathisant, non sans donner quelques exemples aussi bien au Sénégal que dans la diaspora.Par ailleurs, alertent certains analystes, la grande peur, c’est plutôt de voir des rentiers accaparer la formation. ‘’C’est bien beau de trouver des financements innovants.
Mais est-ce que demain, ces gens ne vont pas venir réclamer leur part du gâteau ? Nous sommes tous des humains, des Sénégalais. Ces gens qui ont mis billes et énergie, en cas d’accession au pouvoir, vont forcément demander des privilèges. C’est pourquoi moi, je dis que Pastef est un idéal ; Ousmane Sonko est un idéal. Mais par rapport à la réalité du terrain, il y a un grand hiatus’’.