Ces assassinats sont la conséquence des élections régionales du 6 décembre, les premières du genre organisées dans le pays. Les séparatistes avaient menacé de représailles les chefs traditionnels qui prendraient part à ce scrutin, leur reprochant leur « allégeance » au pouvoir de Yaoundé. L’un des collèges électoraux desdites élections étant composé exclusivement par les autorités traditionnelles.
« Le Royaume-Uni est choqué par les informations faisant état de l’assassinat ciblé de quatre chefs traditionnels par des groupes armés à Essoh-Attah », localité du département du Lebialem dans la région en crise du Sud-Ouest, a tweeté jeudi 18 février le Haut-commissariat de Grande-Bretagne à Yaoundé. « Nous condamnons ces violations des droits de l’Homme. Les auteurs doivent être traduits en justice », a ajouté la chancellerie britannique, selon des propos rapportés par StopBlaBlaCam.
Cette réaction intervient cinq jours après l’assassinat de chefs traditionnels dans le Sud-Ouest. Ces derniers avaient été enlevés à leur domicile respectif dans la nuit du 13 février à Essoh-Attah par des combattants armés du mouvement séparatiste dénommé « Ambazonia », du nom de l’Etat fantôme que les sécessionnistes veulent créer sur les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays. Une manifestation publique a été organisée mardi à Yaoundé par les élites et ressortissants du Lebialem pour dénoncer cet acte « haineux et odieux ».
Le Royaume-Uni est choqué par les informations faisant état de l’assassinat ciblé de quatre chefs traditionnels par des groupes armés à Essoh-Attah (sud-ouest du Cameroun). Nous condamnons ces violations des droits de l’homme. Les auteurs doivent être traduits en justice.— UK in Cameroon???? (@UKinCameroon) February 18, 2021
Depuis le début de la crise anglophone, les séparatistes sont accusés d’avoir attaqué des écoles, kidnappé et assassiné des élèves, enseignants, chefs traditionnels, fonctionnaires et autorités locales pour ne pas avoir respecté leurs consignes.
La crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a débuté en 2016 par les revendications corporatistes des avocats et des enseignants anglophones. Revendications du reste largement satisfaites par le gouvernement.
Cette poussée de fièvre va ensuite se muer en guérilla armée en 2017. Selon des ONG, les affrontements entre armée et groupes séparatistes ont fait plus de 3000 morts et forcé plus de 700 000 personnes à fuir leur domicile. Lors du sommet du Commonwealth en avril 2018, Londres a promis de soutenir Yaoundé dans son « processus de paix, de développement et de sécurité », tout en appelant au respect des droits de l’Homme dans ces régions.