Après réception de la lettre de Sulaymân, la reine de Saba fut très perturbée et appela en urgence ses conseillers. Ils prirent la lettre comme un défi, ils l’interprétèrent comme étant une déclaration de guerre et comme une demande de soumission à son auteur qui y prévoyait leur future défaite.
Ils dirent ne pouvoir lui offrir que conseils et qu’il était de son droit de prendre les décisions. Néanmoins elle sentit qu’ils voulaient répondre à la menace de l’invasion de Souleymane par la force et s’engager dans une bataille. Elle leur dit : « La paix et l’amitié sont meilleures et plus sages, la guerre n’apporte que l’humiliation, l’asservissement des peuples et détruit tout ce qui est bon. J’ai par conséquent décidé d’envoyer des cadeaux à Souleymane, choisis parmi nos plus précieux trésors. Les messagers qui livreront les cadeaux auront ainsi l’occasion d’en apprendre davantage sur Sulaymân et son armé. »
‘’L’équipe de reconnaissance’’ de Sulaymân lui apporta la nouvelle de l’arrivée des messagers de la reine et de leurs cadeaux. Il comprit immédiatement quelle était l’intention de la reine : envoyer des hommes pour effectuer une mission de reconnaissance et collecter des informations. Par conséquent, il donna l’ordre de rassembler son armée. Les envoyés de la reine en traversant les rangs de l’armée de Souleymane se rendirent compte qu’elle était mieux équipée que la leur et que leur richesse n’était rien en comparaison à celle du royaume de Sulaymân, où les sols de son palais étaient faits de bois de santal et incrustés d’or pur. Ils remarquèrent que Sulaymân guidait son armée et furent surpris par le nombre et la variété des soldats de son armée, elle comprenait en son sein lions, tigres, oiseaux… Les messagers furent émerveillés de ce qu’ils voyaient et se rendirent compte qu’ils étaient en face d’une armée à qui rien ne pouvait résister.
Les envoyés furent émerveillés par la splendeur les entourant. Ils présentèrent à Souleymane les cadeaux offerts par leur reine et lui dirent que la reine souhaitait qu’il les accepte comme gage d’amitié. Ils furent choqués de sa réaction : il ne prit même pas le soin d’ouvrir les cadeaux et leur dit : « Allah m’a donné beaucoup de richesse, un grand royaume et la prophétie. Je suis, par conséquent, au-delà de toute corruption. Mon seul objectif est de répandre la croyance en l’unicité d’Allah – le tawhid… »
Il les invita également à retourner les cadeaux à leur reine et à lui transmettre le message suivant : si elle refusait de changer son culte (qui consistait à adorer le soleil), son royaume lui serait arraché de force et son peuple serait mis en exil.
Les envoyés de la reine revinrent avec les cadeaux et transmirent le message. Ils lui comptèrent aussi toutes les merveilleuses choses qu’ils avaient vues. Au lieu de s’offenser, elle décida de rendre visite à Sulaymân. Accompagnée par ses fonctionnaires royaux, elle quitta Saba et envoya un messager pour informer Sulaymân qu’elle était en chemin pour le rencontrer.
Sulaymân demanda aux djinns qui étaient sous son commandement si l’un d’entre eux pouvait lui apporter le trône de la reine avant l’arrivée de celle-ci. L’un d’eux déclara : « Je vais vous l’apporter avant la fin de cette séance. » Sulaymân ne réagit pas à cette offre, il semblait qu’il attendait une meilleure proposition, un moyen plus rapide. Les disciples de Sulaymân se mirent à rivaliser les uns les autres jusqu’à ce qu’un homme pieux déclara : «Je vais le chercher pour vous en un clin d’œil ! »
A peine ce dernier, qui avait une connaissance du Livre, termina sa déclaration que le trône se tint devant Sulaymân. La mission fut en effet menée à bien en un clin d’œil. Le palais de Sulaymân était en Palestine et le trône de la reine était au Yémen, la distance était donc de plus de 3200 kilomètres. Ce fut un grand miracle accomplit par l’un des disciples de Sulaymân.
Lorsque la reine arriva au palais de Sulaymân, elle fut accueillie en grande pompe. Lui montrant le trône, Sulaymân lui demanda si son trône ressemblait à celui-ci. Elle fut frappée par leur ressemblance et le regarda encore et encore. Dans son esprit, elle était convaincue que son trône ne pouvait être celui qu’elle regardait car le sien devait se trouver dans son palais mais pourtant elle voyait une ressemblance frappante. Elle répondit : « Ce trône est la copie conforme du mien, il lui ressemble en tout point. » Sulaymân la trouva intelligente et diplomate.
Il l’invita ensuite dans la grande salle dont le sol était fait de verre. Pensant qu’il s’agissait d’eau, lorsqu’elle posa le pied sur le sol, elle souleva sa jupe légèrement au-dessus de ses talons, de peur de la mouiller. Sulaymân lui indiqua que le sol était fait de verre. Elle fut stupéfaite. Elle n’avait jamais vu de telles choses avant. La reine se rendit compte qu’elle était en compagnie d’une personne érudite qui n’était pas seulement le souverain d’un grand royaume mais aussi un messager d’Allah. Elle se repentit, renonça à l’adoration du soleil, accepta la foi en Allah et demanda à son peuple de faire de même.
Ainsi, la reine comprit que sa croyance et celle de son peuple n’était que pire égarement. Elle réalisa que le soleil que son peuple adoré n’était rien d’autre que l’une des créatures d’Allah, exalté soit-Il.
Le soleil s’éclipsa dans son cœur pour la première fois et il fut éclairé par une lumière intarissable – la lumière de l’Islam. Allah le Tout-Puissant nous raconte cette histoire dans la sourate An-Naml (les fourmis), elle se trouve dans les versets 20 à 44.
Les travaux de Sulaymân furent accomplit en grande partie par les djinns. Il s’agissait d’une punition pour leurs péchés, faire croire aux gens qu’ils étaient tout-puissants, qu’ils connaissaient l’invisible et pouvaient prévoir l’avenir. En tant que prophète, il était du devoir de Sulaymân de supprimer ces fausses croyances répandues au sein de ses disciples.
Sulaymân vécu dans la gloire, toutes les créatures lui étaient soumises. Puis Allah, l’exalté, ordonna que son heure fut arrivée et reprit son âme. L’histoire de ce prophète est remplie de miracles et d’anecdotes merveilleuses ; ainsi sa mort est en harmonie avec sa vie et la gloire qu’il connut.
Durant sa vie les gens apprirent que l’avenir n’était connu ni des djinns ni des prophètes, mais d’Allah le Tout-Puissant et par Lui seul ! Ces efforts entrepris dans cette direction ne prirent pas fin avec sa mort car sa mort est aussi un exemple : il était assis tenant son bâton, il supervisait les djinns travaillant dans une mine et mourut assis dans cette position. Pendant longtemps, personne ne se rendit compte de sa mort, car il était vu assis. Les djinns continuèrent donc leur labeur pensant que Sulaymân veillait sur eux.
Plusieurs jours après sa mort, un petit ver commença à grignoter le bâton de Sulaymân. Il continua à le faire, jusqu’à ce qu’il mange toute la partie inférieure provoquant ainsi sa chute de la main de Sulaymân, le corps de Sulaymân tomba alors sur le sol. Les gens se précipitèrent vers lui et constatèrent que sa mort n’était pas récente et que par conséquent les allégations des djinns sur la connaissance de l’invisible n’étaient que mensonges, car si les djinns connaissaient l’invisible ou le futur comme ils le prétendaient, ils n’auraient pas continué à travailler en pensant que Sulaymân était vivant.
A ce propos, Allah le Glorifié révéla (sens des versets) : « Et à Salomon (Nous avons assujetti) le vent, dont le parcours du matin équivaut à un mois (de marche) et le parcours du soir, un mois aussi. Et pour lui nous avons fait couler la source de cuivre. Et parmi les djinns il y en a qui travaillaient sous ses ordres, par permission de son Seigneur. Quiconque d’entre eux, cependant, déviait de Notre ordre, Nous lui faisions goûter le châtiment de la fournaise. Ils exécutaient pour lui ce qu’il voulait : sanctuaires, statues, plateaux comme des bassins et marmites bien ancrées. “Ô famille de David, œuvrez par gratitude”, alors qu’il y a peu de Mes serviteurs qui sont reconnaissants. Puis, quand Nous décidâmes sa mort, il n’y eut pour les avertir de sa mort que “la bête de terre”, qui rongea sa canne. Puis lorsqu’il s’écroula, il apparut de toute évidence aux djinns que s’ils savaient vraiment l’inconnu, ils ne seraient pas restés dans le supplice humiliant [de la servitude]. » (Coran : 34/12-14).