L’éventualité d’un 6e mandat d’Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis maintenant 30 ans, semble difficilement passer pour l’opposition et la société civile au Tchad. Une épreuve de force se profile déjà à environ trois mois de l’élection présidentielle.
Les organisateurs des manifestations de l’opposition et de la société civile pour plus de justice sociale et l’alternance politique dénommées « marche du peuple » semblent décidés à braver l’interdiction de manifester édictée par les autorités tchadiennes.
Lundi 1er février 2021, le ministre tchadien de la Sécurité publique, Mahamat Tahir Orozi, a signé un arrêté interdisant les marches prévues les 4, 5, 6, et 7 février à N’Djamena et dans d’autres villes du pays par des partis d’opposition, les transformateurs, le Mouvement Citoyen le Temps, la dynamique « Stop ça suffit », et l’Association des diplômés sans emploi.
« Le ministère de la Sécurité publique et de l’Immigration […] ne saurait permettre l’organisation de telles manifestations susceptibles d’engendrer des troubles à l’ordre public sur l’ensemble du territoire national », indique l’arrêté d’interdiction.
Selon ses organisateurs, cette initiative vise à barrer la route à un 6e mandat du président Idriss Deby Itno (photo) au pouvoir depuis 1990 et qui s’apprête à être investi le samedi 6 février par son parti, candidat à l’élection présidentielle d’avril 2021.
« Nous sommes des légalistes, nous ne venons pas avec des armes, pas avec du feu. Nous venons les mains sur la tête. Nous tenons vraiment à cette marche, car nous ne voyons pas en quoi cela va troubler l’ordre public. Il est du devoir et de la responsabilité des forces de l’ordre de protéger tous ceux qui manifestent », a déclaré Avenir de la Tchiré, porte-parole de la dynamique « Stop ça suffit », rapporte Tchadinfos.
« Il [Idriss Deby Itno, Ndlr] veut encore briguer un mandat pour faire 36 ans. Alors l’interdiction du ministre constitue un non-événement pour nous. Ça n’a aucune base légale et donc nous allons sortir. Quitte à ce qu’ils [les forces de l’ordre, Ndlr] nous répriment comme ils ont l’habitude de le faire. Cette fois-ci, nous ne reculerons plus. C’en est de trop », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le président du parti les Transformateurs, Succès Masra, a appelé « tous les Tchadiens à se lever et marcher ».
« Même la Constitution nous autorise à résister et à désobéir à tout ce qui est injuste. Le préambule de notre Constitution réfute toute forme de confiscation de pouvoir. », a-t-il déclaré.
D’après les médias tchadiens, un dispositif des forces de l’ordre a commencé à se positionner sur plusieurs grands axes de la capitale, N’Djamena, en prélude à ces manifestations.
L’élection présidentielle aura lieu le 11 avril au Tchad, tandis que les élections législatives se tiendront le 24 octobre 2021.
Borgia Kobri