« Actuellement, la moyenne journalière des enterrements tourne autour de 20 cas » contre 10 en 2018-2019. C’est par ce bilan que Ibrahima Diassy, le gestionnaire du cimetière musulman de Yoff, rend compte de la situation exceptionnelle à ce cimetière dakarois en 2020.
Un car rapide et un car Ndiaga Ndiaye bondé de monde rentrent d’un enterrement. Ces passagers voilés derrière leurs masques viennent de se séparer à jamais d’une personne qui leur est chère. Ils reviennent du cimetière musulman de Yoff. « Quand un journaliste passe ici, il doit visiter la tombe de Bara Diouf ». C’est par ces mots que Ibrahima Diassy, gestionnaire des lieux, conclut son entretien avant d’appeler un de ses collaborateur pour qu’il montre la dernière demeure de l’ancien Directeur général du quotidien national Le Soleil. Le temps de découvrir le mausolée familial de Bara Diouf, des enterrements se préparent. «Pour 2020, les enterrements ont, en moyenne, dédoublé. On observait une dizaine de cérémonies par jour en 2018-2019. Depuis un an, la moyenne journalière des enterrements tourne autour de 20 » renseigne-t-il .
Ibrahima Diassy est le 4e gestionnaire depuis que l’ouverture du cimetière musulman Yoff est ouvert, le 1er mai 1974 qui faisait suite à la fermeture de celui de Soumbédioune. Sur la façade latérale du cimetière, ce 30 janvier 2021, d’autres voitures en file indienne rentrent d’un enterrement. Le cortège est ouvert par un Pick up 4*4 de l’administration immatriculée AD dont la caisse de derrière est bondée de jeunes assis sur les rebords. Le cortège prend place dans le parking du cimetière. Mohammed Ba, un vendeur café Touba, avance : « le nombre de cortèges de véhicules garés sur ce parking par jour est un indice sur la hausse des enterrements ». Une estimation au petit doigt mouillé ? Pas tout à fait. « Pour cette journée, il y a déjà eu plus de cinq enterrements, poursuit le jeune vendeur de café Touba. Vers 17 heures, il y a des difficultés pour avoir de la place où garer les voitures des cortèges funéraires ».
Le bureau de Monsieur Niasse s’insère dans un bâtiment qui abrite également une morgue et des blocs sanitaires. En face un espace recouvert d’une construction métallique sépare son bureau de géants bancs publics. Cet espace couvert débouche sur une mosquée : « elle est construite par les enfants de El hadji Abdou Karim Bourgi », confie Diassy. Le gérant de ce sanctuaire de repos éternel explique l’aménagement actuel de l’espace du cimetière marqué par une surcharge de tombes : « sur une superficie d’environ de 860 m sur 635 m, il est aménagé en 58 sections qui renferment 33 séries et chaque série aligne 40 tombes.» Ces chiffres ne sont pas conformes avec les prévisions de départ : « les séries alignaient 12 tombes en 1974 alors qu’elles accueillent, désormais, chacune 40 tombes », détaille M. Niasse. « Une alternative va s’offrir avec le cimetière mixte de Guédiawaye », se projette-t-il.
Ibrahima Niasse évoque un autre aspect des lieux: « les enterrements sont gratuits. Et les fossoyeurs sont payés à 3000 F CFA. Cependant, si après l’enterrement, la famille du défunt souhaite mettre une construction, il y a des taxes à payer. Il est aussi possible réserver un espace pour sa tombe à 14500 F CFA voir un espace familial, pour quatre personne, à 100000 F CFA sur une superficie de 4 m2 » précise le gestionnaire.
Cheikh Sidil Khair MBAYE