Fataf comparaissait devant le TGI de Ouagadougou le 26 janvier 2021 pour l’infraction de viol sur son ex-copine perdu de vue il y a près de 8 ans. Ce dernier à la barre, ne reconnait pas les faits.
A l’origine de l’affaire qui a conduit Fataf devant le Tribunal, une soirée arrosée le 11 décembre 2020 au domicile d’un ancien ministre. Une soirée à laquelle, il a invité P son ancienne copine perdue de vue depuis 2012 et avec qui, il a repris contact récemment via les réseaux sociaux. Ainsi, après avoir festoyé toute la nuit, P se retrouvera avec Fataf et de deux amis à son domicile à Saaba. Et c’est là que le drame surviendra car P affirme qu’après le départ des deux amis de Fataf, ce dernier l’aurait trainé par les jambes, battu avant de la violer face à son refus d’entretenir des relations sexuelles avec lui. À l’appui de ses déclarations, P exhibe des photos de son téléphone portable au Tribunal montrant les séquelles des coups qu’elle aurait reçus. Son sous-vêtement découpé ainsi que des perles de son collier de rein cassé ont été retrouvés au domicile de Fataf après perquisition.
Qu’à cela ne tienne, tout cela n’est pas vrai selon le prévenu. C’est elle-même qui s’est déshabillée afin qu’ils passent à l’acte. Ce n’est qu’un coup monté de P pour se venger de lui parce qu’après leur nuit ensemble, celle-ci s’est rendue compte qu’il était toujours avec sa copine actuelle. Et soutient-il, P lui aurait réclamé 50 000 francs faute de quoi, elle promettait de lui créer des problèmes.
À leur suite, plusieurs témoins vont comparaître pour donner leurs témoignages des événements. Une dame, qui dit ramasser les ordures ménagères chez Fataf raconte, être allée le lendemain du 11 décembre pour récupérer son argent et a assisté à une scène insolite. «Quand il a ouvert la porte, il y a une dame qui est apparue derrière lui et est sortie de la maison pieds nus. Je l’ai ensuite croisée quand je repartais dans une maison inachevée dans un six-mètres plus loin. Elle était toujours pieds nus et saignait des lèvres. Lorsque je l’ai interrogée, elle m’a dit qu’elle avait été violée par mon client».
«Je ne veux rien, je veux juste qu’il assume ce qu’il m’a fait», fait entendre P
Au regard de ce témoignage et des photos de la victime meurtrie, le Tribunal demande à Fataf, comment il explique l’origine de ces blessures. A cette question, le prévenu répond que P lui aurait elle-même affirmer que c’est en essayant de séparer une bagarre au cours de la soirée qu’elle a été blessée à la lèvre.
Ce sera ensuite, au tour de Razack, l’un des amis de Fataf qui se trouvait avec eux le jour des faits de témoigner sous serment. Celui-ci, esquissant par moments des sourires assure que P avait déjà la lèvre fendillée lors de la soirée. Il ajoute l’avoir remarqué dès qu’il a vu. Un témoignage débouté par la victime qui fait ressortir des photos d’elle prises le soir du 11 décembre. Des photos présentées à Razack par le Tribunal qui lui demande d’indiquer la lèvre fendillée sur la photo. Le témoin après observation finit par avouer que c’est bien une photo de P pendant la soirée mais pas de traces de blessures sur ses lèvres. Coup de maître, Razack se dédit en ces termes « j’ai menti pour me venger d’elle parce qu’à cause de ce qu’elle a raconté, j’ai été battu». Il demande à cet effet pardon au Tribunal et reconnaît n’avoir pas vu de blessures sur elle jusqu’à son départ du domicile de Fataf. Des aveux qui ont poussé le procureur a demandé à ce que Razack lui soit confié à la fin de l’audience car il représente un possible complice.
La copine de Fataf quant à elle, déclare avoir rendu visite à son copain le lendemain du 11 décembre. Elle a par ailleurs remarqué la présence des perles sur les lieux. Interrogé, Fataf lui aurait simplement répondu que ce sont les perles de son bracelet qui s’est cassé.
P dans sa constitution de partie civile dit ne rien réclamer. «Je ne veux rien, je veux juste qu’il assume ce qu’il m’a fait», a-t-elle fait entendre.
Pour ses réquisitions, le procureur a estimé que les faits sont suffisamment graves et clairs. Les témoignages et les certificats attestent qu’il y a bien eu viol. «Le prévenu a voulu jouer avec notre intelligence et nous faire perdre notre temps», lance le procureur. C’est pourquoi, il a requis contre Fataf, la peine de 8 ans d’emprisonnement dont 5 ans fermes et une amende de 2 millions fermes.
Les conseils du prévenu ont pour leur part, plaidé pour la relaxe