Le pouvoir cherche à gagner du temps et une bonne partie de l’opposition joue le jeu et perd du temps. Avec le dialogue politique qui ne finit jamais et l’exigence de l’audit du fichier électoral, Macky Sall a réussi à enfermer son opposition dans son piège.
Car en réalité l’audit du fichier n’a aucun sens. «C’est à l’époque du Ps, du temps du bourrage des urnes, où le chef de village pouvait voter à la place des morts que l’audit avait un sens. Mais, actuellement, il ne sert plus à grande chose», explique un ancien plénipotentiaire d’un parti de la mouvance présidentielle. Ce dernier qui parle sous le couvert de l’anonymat, souligne que l’audit sert principalement à définir qui est électeur, qui a perdu sa qualité d’électeur, qui est mort ou radié. «Sur qu’elle base on va auditer le fichier. On va auditer quoi» s’interroge notre interlocuteur qui affirme que dans tous les cas, les perdants d’une élection contestent toujours le scrutin et mettent en cause le fichier.
Déjà, le Pds conteste le cabinet Era Bakar Tilly qui a été choisi pour faire l’audit du fichier électoral. Le député Toussaint Manga parle d’un «simulacre» d’audit du fichier électoral avec soi-disant des experts étrangers qui en réalité sont des «faire-valoir» car ils ne sont que des sous-traitants.
Pour connaître les personnes qui ont perdu leur qualité d’électeur en raison d’une condamnation, il faut se référer à leur casier judiciaire qui font foi et qui sont délivrés par les greffes des tribunaux régionaux. Or, d’après notre source, tous les 14 greffes des tribunaux régionaux du pays ne sont pas informatisés.
Pour les décès, ce sont les états civils des 565 communes du pays qui doivent fournir les informations. Alors que beaucoup de communes ne sont pas informatisées. En plus, les registres des décès sont envoyés une fois l’an aux tribunaux départementaux. «Donc, un problème technique se pose. On ne peut pas auditer un fichier électoral en trois mois. Pour être fiable, l’audit doit être perpétuel et à la base», explique notre interlocuteur. En définitive, il soutient que les partis politiques de la mouvance présidentielle et de l’opposition, qui ne sont pas prêts à aller à des élections, utilisent le prétexte de l’audit du fichier électoral pour ne pas briguer le suffrage des Sénégalais. «Il n’y a que le camp de Khalifa Sall qui très local, à Dakar principalement, et Pastef qui veulent la tenue des élections locales. Mais la mouvance présidentielle et le Pds qui contrôlent la quasi-totalité des collectivités territoriales ne veulent pas prendre le risque de perdre leurs localités», soutient notre interlocuteur. A l’en croire, ces partis et coalitions de partis doivent régler au préalable l’épineuse question du recasement des transhumants et surtout des rivalités au sein de Benno d’abord et de l’Apr ensuite.