Victime d’un féminicide en décembre dernier, Josée Christiane Tielemans, convertie sous le nom d’Aminata, a été inhumée samedi dernier au cimetière de Thiès Bambara.
Aminata a rejoint sa dernière demeure. Son enterrement, samedi 23 janvier au cimetière musulman de Thiès Bambara, est l’ultime hommage rendu par ses amis à celle qui avait décidé, de son vivant, de ne plus rentrer en Belgique. Son pays de naissance qu’elle a quitté par amour pour le ciel crépusculaire de la capitale du Rail. Ses voisins de Thiès Noon où elle avait construit sa maison, sont venus nombreux à ses funérailles témoigner de sa générosité de cœur.
L’ambassade de la Belgique remet le corps aux amis de Josée
«Il y avait là deux Imams, deux Oustaz et une vingtaine de riverains», témoigne un proche ami qui a requis l’anonymat. Victime supposée des coups de son mari, le corps sans vie d’Aminata Josée Christiane Tielemans, 80 ans, avait été déterré en décembre à hauteur du village de Tassette, près de l’autoroute à péage, puis remis au médecin légiste de l’hôpital Le Dantec. L’autopsie pratiquée avait conclu à une mort violente, mais depuis, la dépouille n’avait pu rejoindre sa dernière demeure. C’est chose faite depuis samedi dernier, soit un peu plus de deux mois après le drame. La défunte n’a laissé ni descendance, ni famille pouvant réclamer son corps. Son mari étant convaincu de sa mort, c’est à l’ambassade de la Belgique à Dakar que les autorités sanitaires ont remis les papiers administratifs pour l’enlèvement et l’inhumation du corps. «Les gens de l’ambassade ont, à leur tour, contacté les amis de Josée pour disposer de la dépouille», témoigne son ami. Samedi 23 janvier, un convoi est donc venu récupérer le corps à l’hôpital Le Dantec, avant de s’acheminer vers le quartier de Thiès Noon. La défunte qui s’était convertie à l’Islam après son mariage, a bénéficié des rites funéraires musulmans. Une vingtaine de riverains l’ont ensuite portée sous terre, avant de revenir à la maison de la défunte pour la cérémonie de témoignages. En présence d’un représentant de la Diplomatie belge, les voisins ont dit leur reconnaissance pour celle qui, dans le quartier, avait construit une classe de maternelle, organisé des arbres de Noël et fait vivre le concept «Toogal djangue (Reste à l’école)». Les commerçants du marché où la défunte aimait aller pour acquérir le dernier accessoire à la mode, ont témoigné unanimes pour louer sa générosité. «Tu es une vraie tante gâteau, toujours à faire des cadeaux. Tu n’oublies jamais les dates d’anniversaire… Alors quand il m’a dit que j’avais oublié mon code, j’ai souri», a écrit sa meilleure amie sénégalaise établie en Belgique. L’une des premières à avoir sonné l’alerte sur la disparition suspecte d’Aminata Josée.
Une femme s’est présentée comme sa cousine pour l’héritage
La cérémonie funéraire qui s’est déroulée devant la maison inhabitée de la défunte, laisse désormais penser à la suite à réserver à l’héritage. A 80 ans, Josée n’avait pas travaillé très longtemps à cause d’un accident qui l’a laissée quelque peu handicapée. Elle a revendu son seul bien en Belgique, son appartement, pour s’établir au Sénégal. Le seul héritage qu’elle laisse, est, semble-t-il, la maison qui abritait ses amours et sa coépouse. Un héritage sans héritier, puisqu’elle n’a jamais eu d’enfant et s’était coupée de son unique frère. «On a fait un appel à témoignage pour retrouver un parent et une femme s’est présentée comme sa cousine», renseigne l’amie. La suite devra sûrement être prise en charge par l’ambassade belge. Même si à Thiès Noon, il se dit qu’Aminata avait désigné un jeune homme comme un fils de cœur. Réputée pour avoir la manie de mettre tout sur papier, elle aurait, la nuit de son meurtre, appelé un ami à l’aide. «Viens vite ! C’est une question de vie ou de mort. Mon mari m’a tout volé.»