Serigne Atou Diagne, responsable moral de Hizbut-tarqiyah est décédé, hier, des suites d’une maladie. Retour sur le parcours de l’homme qui a joué un grand rôle dans le rayonnement du mouridisme à travers le monde.
A l’évocation de son nom, on pense subitement au mouridisme, à Hizbut-tarqiyah. Ce que l’homme qu’est Serigne Atou Diagne a, durant plus d’une quarantaine d’années, consacré sa vie à vulgariser, perpétuer le legs de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme. Né en 1951 à Ngaye Mékhé, au Nord-ouest à cheval entre Thiès et Saint-Louis, Serigne Atou Diagne passe sa jeunesse en Gambie où il a fait ses études primaires avant de revenir au Sénégal, à Kaolack précisément. Le baccalauréat en poche, il s’oriente à l’université de Dakar où il obtient une licence puis une maîtrise en géographie appliquée. Une science sur la terre, les paysages qu’il tronque très vite contre «le khidma», le service exclusif en faveur de Bamba. Puisqu’en 1976, au sein du pavillon A, il fonde en compagnie d’autres condisciples mourides, le Dahira des étudiants mourides (Dem). L’année 1992 marque un tournant décisif dans la vie de cette organisation puisqu’à l’occasion d’un ziar annuel auprès de Serigne Saliou Mbacké, le défunt Khalife général des mourides lui concède la dénomination de Hizbut-tarqiyah c’est-à-dire «la faction des gens dont l’ascension spirituelle auprès de Dieu se fait par la grâce et directement sous les auspices de leur maître Khadimou rassoul». Très vite, le mouvement s’intensifie au point d’étendre ses tentacules à travers le pays sous la bénédiction des différents Khalifes généraux des mourides.
Un travail de fourmis mené de main de maître par l’ex-président du Conseil d’administration de l’hôpital de 2006 à 2010, reconnaissable à travers son fameux «baye Lahad, à son turban, au makhoumé et aux longues babouches», un port altier qu’il a emprunté à son guide Serigne Abdou Ahad Mbacké, troisième Khalife de Bamba. Tout comme cet habillement, le tout dans la vie de Serigne Atou Diagne renvoie directement au mouridisme, à célébrer Cheikh Ahmadou Bamba. Ne lui parlez surtout pas d’anniversaire !
A l’occasion des 40 ans de Hizbut-tarqiyah, au moment où tous les esprits étaient tournés à mettre en lumière le travail abattu par cette organisation pour la cause mouride, lui pense à célébrer son guide à travers les journées culturelles Cheikh Ahmadou Bamba qui s’étaient tenues les 15, 16 et 17 juillet 2016. Une foi aveugle, débordant à Bamba, à la cause mouride qui lui a souvent valu des inimitiés avec des cercles dans le mouridisme. Mais l’homme n’en a cure, il fonce et multiplie ses actions. En 2007, il met en place la création de l’Institut international d’études et de recherches sur le mouridisme dont il est le recteur.
Un travail reconnu au plus au haut point notamment par l’actuel Khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké qui lui a confié, en décembre 2019, la construction d’une grande bibliothèque dédiée exclusivement aux œuvres de Cheikh Ahmadou Bamba. Des travaux qui ont pu démarrer le 2 avril 2020. D’ailleurs, la dernière apparition de Serigne Atou Diagne remonte au début de ce mois de janvier où il était en compagnie des membres des différentes cellules de Hizbut tarqiyah pour une visite sur le site de la future bibliothèque dédié aux écrits de Bamba. Le responsable Moral du dahira avait ainsi saisi l’opportunité pour enjoindre à l’entrepreneur que le chronogramme doit être respecté pour qu’avant le prochain hivernage que les dalles du 1 et du 2e étage soient posées. Un travail qu’il n’aura pas le temps d’apprécier, ni de le voir à jour. Mais qui sonne comme un puissant témoignage posthume à son œuvre majuscule.
Ndèye Maguette SEYE