(Agence Ecofin) – La Chine pourra-t-elle tirer la relance de l’économie mondiale comme cela a été le cas après la crise des subprimes en 2008 ? Rien n’est certain. Les pays africains devront surveiller les faiblesses cachées de leur premier partenaire commercial et économique.
Les investisseurs et autres analystes de l’économie mondiale espèrent une reprise de la croissance mondiale en 2021 grâce à la Chine, mais cela pourrait ne pas être le cas.
Point de départ de la covid-19, le pays s’en est sorti le plus rapidement, alors que les grandes économies développées entraient dans une longue période de confinement qui a affecté la production industrielle.
La croissance de son produit intérieur brut (PIB) est attendue à 2,4% en 2020 et projetée à 8% en 2021. L’économie chinoise en 2020 a été soutenue par les exportations et les investissements dans l’immobilier et les logements, dont les performances sont allées croissant sur les derniers mois de l’année, selon des données de S&P Global Ratings, dépassant largement la moyenne des cinq dernières années.
La survenance d’une seconde vague de coronavirus fin 2020 dans les pays développés est venue refroidir l’optimisme affiché par les marchés boursiers notamment américains et européens quant aux scénarios de reprise économique. Des couvre-feux sont décrétés dans plusieurs pays européens, avec des risques sur la production économique.
La croissance chinoise sur laquelle pourraient compter de nombreux pays, notamment ceux du continent africain, risque de ne pas suffire pour provoquer un effet d’entraînement.
Déjà, les perspectives de progression économique pour l’année 2021 sont en deçà de ceux de l’après-crise de 2008. L’économie chinoise avait progressé de 11%. A côté, l’Inde servait de relais à l’économie mondiale, mais fait aujourd’hui face à des difficultés économiques.
La deuxième chose à observer c’est que contrairement à 2009, le moteur de la croissance économique chinoise n’est pas la consommation de son milliard d’habitants. On note même selon des indicateurs de S&P Global Ratings, une croissance qui a progressé, mais qui à la fin 2020, est restée très en dessous de la moyenne des dépenses de consommation des 5 dernières années.
Les autorités chinoises ont tiré les leçons des précédentes relances économiques. Le fait de soutenir la demande après la crise de 2008 en facilitant le crédit s’est traduit par une augmentation de la liquidité au sein de l’économie.
Les ménages ont placé ce surplus d’argent sur les marchés financiers locaux, menaçant de provoquer une bulle financière. La politique de relance chinoise excluait donc la distribution de cash aux populations. Et même, ces populations ont compris et préfèrent épargner plutôt que de consommer massivement.
Or, en l’absence d’une solide demande intérieure chinoise, les importations de matières premières pour faire tourner les usines à plein régime pourraient subir un choc. On constate d’ailleurs que les volumes des importations chinoises en octobre et novembre 2020 étaient en dessous de la moyenne mensuelle des 5 dernières années.
Cette baisse de la consommation n’est pas sur le point de prendre fin. La moyenne de création des emplois en zone urbaine est aussi en baisse dans ce pays, signalant des baisses supplémentaires d’activités sur le secteur du commerce de détail.
Cette évolution des choses en Chine a de quoi préoccuper, car le pays est devenu le premier partenaire commercial et économique de l’Afrique, le continent dont il tire désormais une part non négligeable de ses matières premières. Les années de boom pétrolier et minier qui ont permis au continent noir de réaliser des hausses dans les revenus d’exportation, durant les périodes allant de 2010 à 2017.
Idriss Linge