Depuis l’instauration du couvre-feu, les vendeurs de poissons du quai de pêche de Mbour ont vu leurs activités ralentir. Ils expliquent cette situation par la rareté des clients limités dans leurs déplacements.
Le soleil du début d’après-midi darde ses rayons sur le quai de pêche de Mbour où les pirogues ont fini, par dizaines, de prendre possession du rivage. Elles doivent, le lendemain, de bonne heure, reprendre le large à partir de cette partie de la Petite-Côte où la fraîcheur accompagne la pénombre. Le lieu bouillonne. La pêche occupe les esprits et mobilise les énergies. Les pêcheurs se pressent désormais pour rentrer afin de permettre aux divers acteurs gravitant autour de leurs activités de s’atteler à diverses tâches dans les limites du temps imparti. Couvre-feu oblige. Pour écouler les produits, les poissonnières sont à l’œuvre, même si des hommes leur disputent cette activité. Chacun, à sa manière, essaie d’attirer la faveur du client pour lui vendre le poisson et rentrer au plus vite à la maison. Traîner jusqu’à 21 heures les expose à la violation du couvre-feu. Ce qui n’est pas sans conséquence dans l’écoulement des produits, selon les vendeurs qui renseignent que c’est justement vers le crépuscule que beaucoup venaient s’approvisionner après une journée de travail, informe « Le Soleil ».
« Beaucoup de clients venaient ici après avoir effectué la prière du crépuscule. Ils attendaient l’arrivée des dernières pirogues pour venir au quai. Mais avec le couvre-feu, ils ne viennent plus parce qu’ils n’ont plus le temps de se reposer et de se rendre au marché. On restait ici parfois jusqu’à 23 heures pour vider nos stocks. On n’a plus cette possibilité maintenant », regrette une dame, non sans héler les passants, dans un soupir de résignation. Elle fait également observer que ceux qui viennent n’achètent plus les mêmes quantités qu’avant. Parce qu’ils préfèrent le poisson frais du soir qu’ils pouvaient conserver pendant des jours. Aussi, l’arrêt de certaines activités nocturnes, en particulier dans les restaurants et fast-foods, entraîne des méventes du poisson.
En plus des produits qui débarquent quotidiennement, le quai de pêche constitue également un marché pour le poisson débarqué dans les sites environnants, en particulier à Joal-Fadiouth. Arrivé à Mbour où il espère vendre plus vite, Mame Ngor exprime son désarroi avec les mesures en vigueur : « Je n’arrive pas à écouler mon poisson. Les clients attendaient de prier entre 19 et 20 heures pour venir. Mais on ne les voit plus ». À la mévente des produits, s’ajoutent les difficultés à regagner leurs maisons après des heures de travail, faute de véhicule. Ils doivent aussi supporter les embouteillages à Mbour, ville carrefour que les automobilistes veulent toujours traverser à temps pour sortir de l’axe Dakar-Thiès et regagner les régions de Fatick et Kaolack avant la stressante heure du couvre-feu.