Malgré le constat de l’échec, le gouvernement reconduit les mêmes mesures aux conséquences néfastes pour certaines couches de la population et qui n’ont pu produire les résultats escomptés. Méconnaissant ses propres règles, le ministre de l’Intérieur épargne encore des régions comme Diourbel et Kaolack où le coronavirus continue de faire des ravages.
Les cas flambent. Les morts augmentent. Mais l’Etat ne bouge pas. Il a préféré reconduire les premières mesures qui ont pourtant montré leurs limites. Un couvre-feu aux mêmes heures et pour la même durée : 8 jours, à compter de l’expiration du premier couvre-feu.
Hier, au ‘’JT’’ de 20 h de la RTS, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, a livré l’info que tout le Sénégal attendait : ‘’La prorogation se justifie par la propagation continue du virus qui continue son chemin. Il y a nécessité de prendre des mesures dans le même sillage, pour donner un coup de frein à cette propagation qui nous vaut quelques résultats négatifs, malheureusement, au niveau de la santé, concernant les patients ainsi que des décès enregistrés ces derniers jours.’’
Ensuite, le ministre s’est évertué à défendre que le premier couvre-feu devait arriver à terme, hier, au lieu d’avant-hier, comme le pensaient nombre de Sénégalais. Il dit : ‘’Le président de la République a proclamé l’état d’urgence, qui a commencé le 6 janvier à minuit. Donc, pour computer, il faut commencer par le 7 janvier. Ce qui a pour conséquence que le couvre-feu devrait prendre fin aujourd’hui, à minuit.’’
Antoine ne s’en limite pas. Il insiste : ‘’Il y a eu beaucoup d’interprétations. D’aucuns ont estimé que c’est à partir du 5 janvier. Mais en réalité, si on retourne au décret signé par le président de la République, il est bien indiqué que l’état d’urgence est proclamé à partir du 6 janvier à minuit, donc entré en vigueur le 7.’’
Pourtant, sur tous les arrêtés subséquents pris par le même ministre et ses collègues, il était bien mentionné, dans le visa, ‘’le décret n°2021-01 du 5 janvier 2021 proclamant l’état d’urgence sur toute l’étendue des régions de Dakar et de Thiès. Il en est ainsi de l’arrêté portant sur une série d’interdictions pris par le même ministre ainsi que de celui portant sur les restrictions dans les transports. En son article 1er, l’arrêté n°06.01.2021-000030 du ministère de l’Intérieur dispose : ‘’En application des dispositions du décret n°2021-01 du 5 janvier 2021…, sont interdits, du 6 au 17 janvier, sur les territoires desdites régions : les cortèges, défilés, rassemblements…’’
D’ailleurs, le 6 janvier comme prévu, il y eut les émeutes à Dakar et à Thiès.
D’autres régions pourraient être concernées par les restrictions
A propos de l’état d’urgence qui devait arriver à terme au même moment que le couvre-feu, le ministre de l’Intérieur dira : ‘’Comme vous le savez, il y a eu la modification de la loi de 1969 (sur l’état d’urgence) et qui a donné naissance à un troisième régime. Lequel vise à gérer les catastrophes naturelles ou sanitaires. Mais comme toute loi, elle obéit à un processus avant son entrée en vigueur. Une fois votée, elle est envoyée au président de la République pour la promulgation. Cet acte pourrait être pris demain (aujourd’hui).’’
Ainsi, tient-il à signifier que le Sénégal est un Etat de droit qui entend se conformer au principe de la légalité. Mais, en attendant l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi, instruction a été donnée aux gouverneurs de Dakar et de Thiès ‘’de prendre des arrêtés qui produisent les mêmes effets pendant cette période de huit jours’’. Ce qui a déjà été fait, a-t-il informé.
Par ailleurs, alors que la maladie gagne du terrain sur une bonne partie du territoire, l’Etat n’entend pas, pour l’heure, étendre les mesures de restriction. Il a préféré miser sur le statu quo, en reconduisant les mêmes mesures.
Ainsi des régions très touchées comme Kaolack et Diourbel, pour ne citer que ces deux régions, sont toujours soustraites du périmètre de l’état d’urgence et du couvre-feu. Antoine Diome assume : ‘’Je dois d’abord signaler que les gouverneurs ont une compétence de police administrative qui leur permette de prendre des mesures restreignant certaines libertés, dont la liberté de déplacement. Mais étant donné que, dans le cadre de cette lutte, les mesures sont coordonnées à l’échelle nationale, les décisions prises l’ont été sur la base de l’avis du CNGE et ne concernaient que les régions de Dakar et de Thiès.’’
Et d’ajouter : ‘’Naturellement, si les conditions le requièrent dans les autres régions, des mesures seront prises.’’
MOR AMAR« Enquête »