Le procès de Assane Diouf, tenu hier, devant la troisième chambre correctionnelle de Dakar, n’a pas été de tout repos pour le parquet.
Les conseils du prévenu ont profité de l’audience pour déverser leur bile sur le représentant du ministère public. Non sans manquer de pointer du doigt accusateur le fonctionnement de la justice.
Les deux ans dont huit mois de prison ferme requis contre leur client et le rejet de leur demande de mise en liberté provisoire, introduite séance tenante, ont été le motif de leur colère. «C’est une politisation de la justice mais, cela ne peut pas passer. S’il y a eu quelqu’un qui a été malmené et maltraité, c’est bien Assane Diouf. Et la vidéo l’atteste. On aurait dû le juger en flagrant délit», déplore Me Ndeye Fatou Sarr. Cette robe noire qui dénonce les errements délibérés du parquet d’envoyer le dossier Assane Diouf en correctionnelle, démontre une sorte discrimination.
«On a juste voulu le sanctionner. C’est pourquoi on a ouvert une information dans ce dossier», poursuit celle-ci qui avait demandé à ce que son client soit relaxé. Abondant dans le même sens que sa collègue, Me Cire Clédor Ly met à l’index les pratiques des éléments de la police. Lesquelles, déplore-t-il, transgressent, dans un pays de droit, les lois et règlements.
Revenant sur les exceptions de nullité qui ont été rejetées, il souligne que la procédure a été biaisée dès le départ. Selon lui, c’est en directe que l’humanité entière a suivi les «agissements de personnes encagoulées défonçant le domicile d’un citoyen». «Aucune loi n’autorise la violence pour procéder à l’arrestation d’une personne. Le Tribunal n’a pas d’éléments pour entrer en voie de condamnation», plaide Me Céldor Ly qui exhibe une vidéo de 46 minutes et 20 secondes. «Je suis désolé de le dire, mais le doyen des juges et le procureur ont puni d’avance Assane Diouf», se désole-t-il. Dans sa plaidoirie, l’avocat s’étonne du réquisitoire du parquet.
Pour lui, le procureur a requis 8 mois de prison ferme contre son client. «Va-t-il lui rendre les 7 mois et 15 jours purgée en détention provisoire (depuis le 30 mai2019) ?» ; s’interroge l’avocat. Avant d’ajouter : «Si votre juridiction va dans ce sens, c’est qu’on ne dit pas le droit. Votre décision sera cassée», promet Me Ciré Clédor Ly.
Selon qui, Assane Diouf a clairement notifié qu’il s’est prononcé sur la façon dont le peuple est «gouverné, la mal gouvernance, le pillage de nos ressources, le manque d’eau». «Assane Diouf doit être renvoyé des fins de la poursuite. Si vous devez retenir qu’il est coupable, je pense que c’est suffisant parce que c’est une peine qui couvre sa détention provisoire», conclut Me Ciré Clédor Ly.
Salif KA