Alors que la vaccination contre la Covid-19 a démarré dans la plupart des pays occidentaux, le Sénégal, touché de plein fouet par la deuxième vague de contaminations (198 nouveaux cas et 9 décès enregistrés, mercredi), se prépare également à sa propre stratégie de vaccination. Un prétexte pour Lesoleil.sn de faire focus sur les différents vaccins déjà disponibles à travers le monde.
Face à la nouvelle vague de contamination à la Covid-19, le président Macky Sall a annoncé, lors de son dernier discours à la Nation, le 31 décembre 2020, avoir « ordonné qu’une stratégie nationale de vaccination (lui) soit proposée dans les meilleurs délais pour prendre en charge et en priorité la vaccination du personnel médical et des groupes cibles qui nécessitent la plus grande attention ». Le Sénégal aura donc une large gamme de choix entre les différents types de vaccins développés, en temps record, une première dans l’histoire de la médecine, pour freiner la propagation de la pandémie de Covid-19.
Pfizer/BioNTech (vaccin à ARN messager)
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a accordé, jeudi 31 décembre 2020, sa première homologation d’urgence depuis le début de la pandémie de Covid-19 au vaccin Pfizer-BioNTech. Ce produit, issu d’une collaboration entre le laboratoire américain Pfizer et l’allemand BioNTech, qui fonctionne à « ARN messager ». Ce procédé jusqu’alors jamais utilisé dans l’histoire des vaccins commercialisés a l’avantage premier d’être facilement reproductible. Il consiste à injecter dans notre organisme un fragment du matériel génétique du virus, qui contient la notice d’assemblage d’une protéine virale. Grâce à ce code génétique, nos propres cellules vont fabriquer cette protéine. Ces petits éléments de virus -inoffensifs en l’état- serviront alors de cibles d’entraînement à notre système immunitaire, d’après les données fournies par le laboratoire. En pratique, la protéine virale fabriquée est le spicule situé à la surface du Sars-Cov-2, une sorte de clé qui permet au virus de pénétrer dans les cellules humaines. Il n’y a aucun risque que ce fragment s’intègre dans notre propre ADN ou qu’il le modifie, selon toujours les experts.
A signaler que ce vaccin doit être stocké entre – 80°C et – 60°C degrés, ce qui rend son déploiement assez complexe. Efficace à 95% pour le moment, avec des effets indésirables limités, des pays comme le Royaume-Uni, le Canada, le Bahreïn et les Etats-Unis l’ont autorisé
Moderna
Le vaccin dit Moderna, développé par une entreprise américaine de biotechnologie dirigée par le Français Stéphane Bancel, est également fondé sur la technologie de l’ARN Messager, la même technologie utilisée par Pfizer/BioNTech. Des instructions génétiques appelés « ARN messager » pénètrent directement les cellules humaines, qu’elles reprogramment pour qu’elles fabriquent elles-mêmes un antigène du Coronavirus afin de déclencher une réponse du système immunitaire. A priori, cette technique n’est pas dangereuse, rassurent des experts. Qui estiment qu’à aucun moment le virus SARS-CoV-2 (Coronavirus), même inactivé, n’est injecté. Et cet ARN messager ne peut pas s’intégrer dans notre génome.
Efficace à 94,1 %, selon le laboratoire, soit juste derrière celui de Pfizer/BioNTech dont l’efficacité est estimée à 95 %, ce vaccin nécessite, cependant, l’injection de deux doses à 28 jours d’intervalle. Alors que le vaccin Pfizer/BioNTech se conserve à moins 70%, celui de Moderna repose sur une conservation moins contraignante, à moins 20 degrés.
AstraZeneca
S’agissant du vaccin AstraZeneca, il a été mis au point par le groupe britannique AstraZeneca avec l’université d’Oxford. Fin novembre, il était annoncé comme efficace à 90%, mais il avait ensuite été annoncé que seule une demi-dose de vaccin avait été injectée pour obtenir ses résultats. L’injection de deux doses complètes, comme il est normalement requis, entraînait uneefficacité de 62% seulement. Des erreurs depuis largement corrigées, à en croire AstraZeneca. « Nous pensons que nous avons trouvé la formule gagnante et comment arriver à une efficacité qui, avec deux doses, est élevée comme celle des autres », a assuré son directeur général, Pascal Soriot, dans un entretien au Sunday Times.
Il peut être stocké à une température de réfrigérateur, entre 2 et 8 degrés Celsius. Une donnée qui lui permet d’être distribué bien plus facilement que le vaccin de Pfizer et BioNTech, qui doit être conservé à -80°, et même de Moderna, qui doit être gardé à -20°.
A noter que le vaccin d’AstraZeneca est le troisième à être autorisé en Occident. Plusieurs pays ont déjà commencé à distribuer le vaccin de Pfizer et BioNTech, et les États-Unis ont autorisé celui de Moderna.
Sinopharm
Selon un communiqué l’Institut des produits biologiques de Pékin, la filiale du groupe pharmaceutique qui est chargée de sa conception, le vaccin a un taux d’efficacité 79,34 %, inférieur à ceux des vaccins des laboratoires Pfizer/BioNTech (95%) et Moderna (94,1%). Contrairement au vaccin Pfizer, le vaccin de Sinopharm est dit « inactivé », c’est-à-dire qu’il utilise une méthode très classique faisant appel à un virus « tué » pour déclencher une réaction immunitaire chez le sujet. D’ailleurs, après un tweet annonçant u don de 200 000 doses du vaccin Sinopharm de la part du Président Xi Jinping, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, qui a finalement supprimé ce tweet, a tenu à préciser que le Sénégal est en pourparlers avec la Chine pour voir comment acquérir des doses. « On avance un nombre de 200 000 au minimum. Mais, ce que nous pouvons dire, de manière certaine, c’est que les pourparlers sont en cours avec la partie chinoise pour voir comment l’Etat du Sénégal va très prochainement acquérir ces doses pour commencer la vaccination », a déclaré Abdoulaye Diouf Sarr.
CoronaVac
Quant à CoronaVac, c’est un vaccin inactivé, qui fonctionne en utilisant des particules virales tuées pour exposer le système immunitaire de l’organisme au virus sans risquer une réaction grave de la maladie. C’est une méthode plus traditionnelle [de vaccination] qui est utilisée avec succès dans de nombreux vaccins bien connus comme celui contre la rage », a déclaré le professeur associé Luo Dahai de l’université technologique de Nanyang à la BBC. « Les vaccins à ARNm sont un nouveau type de vaccin et il n’y a [actuellement] aucun exemple [de vaccin] utilisé avec succès dans la population », ajoute le professeur Luo.
Spoutnik V
Dans cette course, il faut également mettre en exergue le vaccin Spoutnik V qui a été développé par le Centre national de recherches en épidémiologie et microbiologie du ministère de la Santé russe (Centre Gamaleya) et financé par le Fonds d’investissement direct russe (Rdif). Contrairement au vaccin de Pfizer et BioNTech, Spoutnik V ne fonctionne pas à base d’ARN messager, mais avec des vecteurs viraux. Une partie du nouveau coronavirus va être ajoutée à un virus moins virulent qui sera ensuite injecté dans le corps. Ce virus transformé doit ensuite permettre la fabrication d’une protéine de la Covid-19, puis la production d’anticorps.
Un autre développement a été évoqué ces dernières semaines pour le futur de Spoutnik V. Le fonds russe d’investissement direct, qui prend en charge la commercialisation mondiale du vaccin, a annoncé, le 11 décembre, qu’il serait combiné au vaccin britannique d’AstraZeneca, dont les derniers essais montraient une efficacité de 62%.
Le Sénégal a adhéré à l’initiative « Covax » visant à faciliter l’accès aux vaccins à des pays à revenu faible ou intermédiaire. « Bien sûr, le Sénégal continue sa collaboration dans le cadre de l’initiative Covax, avec l’OMS, ceci n’est pas contradictoire », précisait le chef de l’Etat Macky Sall face à la presse, le 31 décembre dernier. Covax est l’un des trois piliers de l’accélérateur d’accès aux outils Covid-19 (ACT), lancé par l’OMS, la Commission européenne et la France. Il est coordonné par Gavi, l’Alliance du Vaccin, la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) et l’OMS.
Salla GUEYE »Le Soleil »