Chronique de WATHIE
Nous revoilà donc à la case départ, contraints, comme des poules, à ne plus mettre le bout du nez dehors, une fois la nuit tombée. Ainsi, après avoir demandé aux Sénégalais de vivre avec le virus et accusé la presse « d’alarmer les populations et de noircir le tableau », le président SALL, qui a célébré, en grande pompe, son anniversaire après sa tournée politique dans le Saloum, dénonce le relâchement et étend ses pouvoirs royaux qui cannibalisent la liberté des autres. L’intermède du Magal et du Gamou passée, les cas se multiplient, ragaillardis par les tests qui se démultiplient balisant la voie au vaccin que Macky SALL entend injecter aux Sénégalais.
« Wiri wiri diari ndari » (faire le tour pour tromper la vigilance). C’est ainsi que les wolofs décriraient la situation sanitaire. Le 11 mai 2020, s’adressant à la Nation, le président SALL, après avoir décrété la réouverture des écoles, demandait aux Sénégalais de vivre avec le virus. Mercredi 20 mai 2020, neuf jours après, le Conseil des ministres examine et adopte « le Projet d’ordonnance aménageant des mesures dérogatoires relatives à l’utilisation de MEDICAMENTS pour le traitement de la Covid-19, durant la période de la pandémie». Ici même, nous posions la question : A qui prescrire ce médicament si tous les patients qui souffrent du Coronavirus sont guéris ? Ce qui paraissait alors comme une tergiversation du Gouvernement, habitué en la matière, se révèle aujourd’hui comme une stratégie savamment murie. Qu’est-ce qui s’est passé entre le 11 mai 2020 avec le relâchement national décrété par Macky SALL qui en a voulu à la presse accusée « d’alarmer les populations et de noircir le tableau » et ce 6 janvier avec la déclaration du nouvel état d’urgence ?
Quand Jean-Paul Mira a vendu la mèche, les Sénégalais, tout comme les Africains, ont pris leur garde ne voulant entendre parler de VACCIN et refusant d’être les cobayes du monde. Une hostilité qui, comme par hasard, a été suivie par une diminution des cas de contamination que la limitation des tests pourrait aussi expliquer. Dans la foulée, le président SALL, s’adressant à la Nation, théorise la nécessité « d’apprendre à vivre en présence du virus » qui, disait-il, « devrait continuer à circuler dans le pays jusqu’en août voire septembre ». Ainsi, les inondations et l’émigration clandestine et son lot de morts étaient devenues les principales préoccupations des Sénégalais qui avaient relégué Coronavirus au second plan. Dans ce contexte, le chef de l’Etat, l’exemple à suivre, fait le tour du centre du pays en se rendant notamment à Sibassor, Ngoloth et Toubacouta drainant un peu partout du monde derrière lui. Une tournée politique qu’il a appelée tournée économique dans le Saloum au cours de laquelle ses partisans ne se sont guère souciés des gestes barrières. Donnant le mauvais exemple, le leader de l’APR a pourtant fait des émules au sein même du gouvernement. Les ministres Mansour FAYE et Abdoulaye DIOUF SARR ont mobilisé, le 23 décembre dernier, les populations de Yoff pour inaugurer un autopont. Jeudi dernier, lors de la troisième édition «Gouvernement face à la presse», ces deux ministres, avec celui de l’Intérieur, ont encore récidivé, réconfortés sans doute par leur leader qui a fêté son anniversaire comme Neymar. Maintenant, après que les Sénégalais ont fait comme les gouvernants, en organisant leur gamou et leur magal, le virus ressurgit ou plutôt se ragaillardit. C’est la deuxième vague, dit-on.
« J’ai ordonné qu’une stratégie nationale de vaccination me soit proposée dans les meilleurs délais pour prendre en charge et en priorité la vaccination du personnel médical et des groupes cibles qui nécessitent la plus grande attention », a déclaré Macky SALL qui a annoncé un autre couvre-feu comme pour dire, « vous avez mal appris à vivre avec le virus », maintenant on vaccine. Avec les nombreux décès, dont de grandes personnalités, les multiples cas de contamination, le Projet d’ordonnance aménageant des mesures dérogatoires relatives à l’utilisation de Médicaments pour le traitement de la Covid-19, adopté le 20 mai 2020, devient d’actualité. Et cela tombe à pic, un peu partout dans le monde, sauf en Chine d’où serait parti le virus, c’est la deuxième vague. Entretemps, le professeur Moussa SEYDI a eu son Centre de traitement des maladies infectieuses et tropicales, mais son hydroxychloroquine et sa chloroquine ont été jetées à la poubelle. Le spectre du cobaye disparu, les pages nécrologiques se multipliant, toutes les conditions semblent désormais réunies pour accueillir le vaccin ou le « médicaments » comme l’appelle le gouvernement.
«Il est interdit d’importer des vaccins faits aux États-Unis ou au Royaume-Uni. On ne peut absolument pas leur faire confiance. Il n’est pas impossible qu’ils veuillent contaminer d’autres nations». C’est ce qu’a indiqué vendredi dernier l’ayatollah Ali Khomeiny étalant toute sa méfiance quant aux vaccins qui suscitent l’emballement mondial. Une prudence qui devrait également être de mise chez les Africains dont la démographie est perçue, dans certaines sphères, comme une problématique. D’autant que des maladies, exclusivement africaines comme ébola et autre paludisme qui fait plus de victimes, n’ont jamais suscité un intérêt qui a abouti à un vaccin. Biologique ou créé, le Coronavirus est réel mais ne fait pas, en Afrique, les dégâts qu’on lui prête. Les véritables dommages à redouter, c’est qu’il permette de jeter les bases d’un nouvel ordre sans l’Afrique.
Mame Birame WATHIE