La levée de fonds du Pastef relance le débat sur le financement des partis. Ousmane Sonko et son parti sont menacés de dissolution après avoir lancé une levée de fonds internationale.
Le principal parti de l’opposition a récolté en quelques heures plus de 125 millions de francs CFA (près de 192 000 euros) pour financer ses activités politiques.
Mais le ministère de l’Intérieur l’a menacé de dissolution, car la loi interdit aux partis de recevoir des ressources de l’étranger, ou d’étrangers établis au Sénégal. Cette affaire relance un vieux débat sur le financement des partis politiques, informe Senegal7 et reprit par DirectActu.
Une reforme à mille problèmes
Rappel à la loi légitime pour les uns, intimidation de l’opposition pour les autres… La législation de 1981, modifiée en 1989, doit permettre, en principe, d’éviter les financements occultes et l’ingérence d’acteurs étrangers dans la vie politique.
Car, l’actuel chef de l’Etat avait alors membre de l’opposition et farouche opposant au Président Wade en 2011, avait bel et bien avoué à la Tfm sur la participation des militants de l’extérieur au financement de son parti, l’APR.
Aujourd’hui, comme cela vient de son opposant le plus coriace du moment, il menace de mettre fin à cette pratique.Or, au Sénégal, personne ne respecte cette loi et le problème de fond reste à régler.
Il est paradoxal de constater que la révision constitutionnelle de 2001 tout comme celle 2016 ont visé le système partisan sans que la loi relative aux partis politiques ne soit réactualisée.
Car, selon Maurice Soudieck Dione, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger, le problème de fond reste à régler : «au 31 janvier au plus tard, chaque parti politique doit donner les comptes.
Cette loi n’est pas respectée sur ce point. Par ailleurs, les partis au pouvoir qui se sont succédés utilisent régulièrement une manne financière faramineuse lors des élections, sans que l’on sache d’où provient cet argent-là, qui donne.
Et c’est pourquoi tout porte à croire que c’est un acharnement contre le parti Pastef. Donc le problème de fond, c’est la question du fonctionnement clientéliste du système politique».
C’est en ce sens que les experts en la manière ne demandent ni moins, ni plus que la mise à jour de la loi interdisant aux partis de recevoir des fonds de l’étranger.