Un apprenti-chauffeur a été atrocement tué et jeté dans la brousse, dans la commune de Ngoundiane, suite à un affrontement lors d’une cérémonie de lutte traditionnelle.
Le corps de Sonar Sène (24 ans) a été retrouvé sans vie, portant plusieurs blessures profondes, par les éléments de la Brigade territoriale de la gendarmerie de Ngoundiane, dans la nuit du samedi au dimanche dernier. Peint comme un jeune calme et bien éduqué, cet apprenti-chauffeur était à la recherche d’un permis de conduire pour pouvoir exercer ce métier pleinement.
Il avait débuté dans la vente de produits alimentaires et dérivés dans une boutique de son village. Il avait ensuite abandonné cette activité pour devenir un apprenti-chauffeur.
Ce vendredi 1er janvier, il avait quitté son domicile au village de Pout Diack pour se rendre à celui de Ngolar. Une cérémonie nocturne de lutte traditionnelle sans frappe y avait été organisée en vue de récompenser les jeunes qui se sont illustrés durant cet hivernage. Cette activité séculaire est une vieille tradition qui était organisée par les anciens du village à la fin des récoltes. Et tous les habitants des villages de la commune de Ngoundiane se retrouvaient dans une même localité pour se mesurer lors des séances de luttes durant toute la nuit. A l’aube, chacun retournait chez lui dans la paix.
Cette cérémonie renforçait davantage les liens de fraternité et de bon voisinage entre les populations. Aujourd’hui, cette manifestation a pris des tournures dangereuses dans cette zone où les paysans et les bergers, en rivalité, sont souvent en confrontation.
Sanor Sène qui est un jeune docile comme un chat, ne savait pas qu’il allait perdre la vie cette nuit là. Il avait tranquillement quitté Pout Diack pour se rendre à Ngolar pour assister à la cérémonie de lutte. Les candidats se trémoussaient dans l’arène.
L’adrénaline montait entre concurrents. Il s’en suit des empoignades. Comme si les différents protagonistes s’étaient préparés à une confrontation, les coupe-coupe, les machettes et les bâtons ont commencé à pleuvoir dans la scène. Des cris fusent de partout. Les spectateurs prennent leurs jambes à leur cou. Chacun cherche à se sauver.
Sanor Sène qui n’avait rien à se reprocher et qui ne se réclamait d’aucun camp, va marcher tranquillement pour rentrer chez lui. Il sera pris à partie en chemin et sauvagement agressé par des individus non encore identifiés. C’est le lendemain, dans la nuit du samedi au dimanche sur les coups de 21H, qu’il va être retrouvé baignant dans une mare de sang.
Le corps sans vie du jeune garçon a été charcuté à plusieurs endroits et ensuite jeté dans la brousse. Son père qui ne l’avait pas vu rentrer la veille, avait pensé qu’il était allé à son travail. Il recevra la nouvelle comme un coup de massue sur la tête.
Après les constats d’usage des enquêteurs de la gendarmerie, les sapeurs-pompiers ont acheminé les restes de la dépouille à la morgue de l’hôpital régional Ahmadou Sakhir Ndiéguène aux fins d’autopsie commanditée par le procureur de la République de Thiès.
Une enquête est ouverte. Un vieil homme du village de Ngolar a été arrêté pour avoir organisé cette manifestation en cette période d’interdiction de rassemblement pour empêcher la propagation du Covid-19.
OUSSEYNOU MASSERIGNE GUEYE