2021 sera une année de relance économique pour les pays et régions du monde. Mais pour l’Afrique la difficulté d’accéder aux marchés des capitaux persiste. Une solution existe avec le FMI, mais souffrait d’un véto de l’administration Trump.
Joe Biden, le président élu des Etats-Unis, qui prend ses fonctions le 20 janvier prochain, va devoir décider de lever ou non le véto américain en faveur d’un renforcement de l’appui financier du FMI aux pays pauvres, dont ceux d’Afrique. Au moins 200 milliards $ de droit de tirage spéciaux (DTS) appartenant aux pays les plus riches du monde, dorment en effet dans les coffres du FMI, inutilisés.
Plusieurs voix dans le monde se sont levées en faveur d’une telle approche. C’est le cas notamment de Gordon Brown, ancien Premier ministre du Royaume Uni qui est devenu un fervent défenseur de cette cause. Il va même plus loin. « L’une des premières décisions de Joe Biden en tant que président des USA, devrait être d’accepter ce que Donald Trump a rejeté tout au long de l’année 2020, à savoir l’émission de ressources monétaires supplémentaires, sous la forme de droits de tirage spéciaux. Quelque 1200 milliards $ pourraient être libérés en deux tranches en 2021 et 2023 sans nécessiter l’accord du Congrès ou de la chambre des représentants », a-t-il fait savoir dans une tribune libre publiée dans le Financial Times le 16 décembre 2020.
Selon cette personnalité, les montant dégagés d’une telle initiative peuvent atteindre les 2000 milliards $ et cela permettrait de financer l’Afrique à travers les banques de développement régionale, et dont la plus importante est la BAD (Banque Africaine de Développement).Cette suggestion, n’est pas loin d’une analyse publiée par l’Agence Ecofin sur le sujet le 3 mai 2020.
Face à la pandémie, la communauté internationale s’est montrée alarmiste à propos de l’Afrique, mais très peu engagée lorsqu’il a fallu apporter un appui financier. Pour faire face à cette pandémie dont elle est une simple victime, le continent a dû débourser 44 milliards $ de ses ressources propres, selon des chiffres présentés par la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique, en septembre 2020.
Négocier avec la Chine sera indispensable
Le G20 qui regroupe les 20 pays les plus riches du monde a mis en place une initiative très conditionnée, et qui n’a permis de dégager que 5 milliards $ de ressources. Ce n’était pas un don, puisque ces facilités devront être remboursées sur 3 ans à partir de 2021, une année où arrivera à échéance le remboursement de plusieurs dettes en Afrique. Selon l’Institute of Interational Finance, l’Afrique subsaharienne tout au plus, aura besoin de 127 milliards $ en cette année 2021 pour honorer ses engagements extérieurs.
Mais le projet fait face à des réticences. Une d’elle est liée à la Chine. En Occident, on craint que ne se répète le scénario d’après l’initiative PPTE. Avec une dette réduite, l’Afrique s’est tournée vers la Chine en délaissant ses partenaires historiques. On lui reproche de s’être à nouveau endettée.
Pourtant, en Europe, aux USA, au Japon et même en Chine, la dette publique et surtout celle des entreprises, dépasse de loin les 140% du Produit Intérieur Brut contre une moyenne de 57% pour l’Afrique. Mais ces pays peuvent emprunter à des taux négatifs alors que l’Afrique, elle, doit payer très cher ses emprunts sur le marché international de la dette.
Joe Biden a été, 8 années durant, le vice-président de Barack Obama qui, en 2009, n’avait pas donné suite aux nombreux appels, notamment des BRICS et de la France qui voulaient faire du FMI une institution de régulation financière internationale et du DTS, une monnaie de réserve. Il n’est pas certain que devenu président, Joe Biden se montre plus offensif, même si l’ampleur de la crise Covid est très supérieure à celle des subprimes qui, en 2008, avait mis à genoux l’économie mondiale.
Idriss Linge