2020 semble être une année d’élections un peu partout dans le monde, surtout en Afrique malgré la situation de la Covid-19.
Si dans certains pays africains, elles se déroulent dans le cadre législatif réglementaire, dans d’autres l’on a recours à des tripatouillages des constitutions pour se tailler un autre mandat supplémentaire. Et tout ça, au nom de la démocratie, du reste, d’une certaine démocratie, celle qui a été imposée par l’occident à l’Afrique comme modèle de développement au lendemain de la conférence de la Baule.
Cette démocratie a été vantée comme un bâton magique, le seul d’ailleurs selon les occidentaux, pouvant provoquer le développement dans les pays africains. « Il n’y a pas de développement sans démocratie et il n’y a pas de démocratie sans développement » a-t-on chanté comme dans une messe à l’Afrique.
Dès lors la France n’accordera son aide qu’aux pays africains, qui franchiront, avec courage, ce pas vers la démocratisation. Prenant le relais des politiciens français, les bailleurs de fonds occidentaux ont lié l’allocation de leurs aides au respect par les pays bénéficiaires d’un ensemble de conditions dont le respect de leur modèle démocratique. Ainsi l’Afrique en crise a souscrit au principe de la conditionnalité démocratique qui venait de faire son entrée dans la doxa internationale et, au nom de notions ambiguës de droits de l’Homme, devait suivre le schéma confus suivant : système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure… ».
Après 30 années passées nous voici toujours à nous quereller autour de démocratie selon le modèle occidental, un modèle qui à l’analyse est la cause de tous nos malheurs et nous éloigne chaque jour des chances du développement. L’expérience démocratique que la plupart des pays africains ont expérimentée nous enseigne et interpelle la jeunesse africaine que la démocratie à l’occidentale est peut-être « une voie » de développement, mais elle ni n’est la seule, ni la meilleure. Mieux, il faut retenir qu’en matière de développement, il est impossible d’imposer un système tout fait, voire préfabriqué, à des peuples qui ont leurs propres civilisations, traditions et mœurs.
Si tant est vrai que la démocratie est un principe universel, chaque peuple devra se choisir la forme et la voie qui conviennent au mieux à sa propre conscience et à sa propre histoire et qui lui permettent de se diriger vers ce principe universel qu’est la démocratie. La démocratie occidentale qu’on nous impose n’est donc qu’une forme subtile de colonialisme qui consisterait à faire la leçon en permanence aux Etats africains et à ceux qui les dirigent.
Ayons le courage de regarder les choses autrement ; car tout peuple, en fonction de ses réalités sociales, économiques et culturelles peut et doit trouver sa voie de développement. Il n’y a pas de modèle de démocratie prêt à porter. Il appartient à chaque peuple de tailler son modèle de développement sur mesure. Ce n’est que par ce moyen qu’on arrivera à se remettre enfin sur les rails du développement et avancer avec quiétude vers un avenir radieux parce qu’on se serait adossé sur quelque chose de solide, d’unique et propre à nous.
Dans cette dynamique, l’exemple de la Chine est pédagogique et nous démontre de façon palpable que le développement ne s’importe pas comme une marchandise et que l’Afrique n’a pas besoin de copier-coller un modèle occidental qui d’ailleurs ne se colle pas à ses réalités pour se développer.
En effet, s’inspirant de sa culture et de sa tradition, la Chine a bâti un modèle de développement qui a fait ses preuves. En quelques décennies, elle a réussi à sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté, devenant ainsi le premier pays en développement à atteindre l’objectif du millénaire.
Tout récemment, un ami chinois m’a dit que la Chine vient de terminer une réunion d’une importance capitale, la 5e session du 19e Comité central du Parti communiste chinois. Il a expliqué que cette rencontre est une manière de créer un cadre de dialogue franc et sincère entre acteurs de la société. Ils ont discuté et défini ensemble les grandes orientations de la nation chinoise, consacrant ainsi la démocratie, celle à la chinoise. De cette réunion se sont dégagées des propositions concrètes pour la formulation du 14e quinquennat (2021-2025) pour le développement économique et social national et des objectifs à long terme à l’horizon 2035. S’il y a une chose qui a attiré mon attention, c’est que de quinquennat à quinquennat, l’un après l’autre, la Chine réalise des exploits. Dans le 13e quinquennat, celui qui vient de s’achever, plus de 50 millions de personnes ont été extirpés de l’état de pauvreté, faisant de la Chine le 1er pays au monde à avoir atteint, avec 10 ans d’avance, l’objectif de réduction de la pauvreté fixé dans l’Agenda 2030 des Nations unies pour le développement durable. Ce succès salué par l’ONU a été possible grâce à des programmes et à des plans quinquennaux de développement soigneusement élaborés avec la participation de toutes les couches sociales pour servir les intérêts du peuple chinois. La Chine a donc choisi la voie du développement structuré, qui suit des étapes bien précis tout en s’adaptant à l’évolution du monde et qui lui permet aujourd’hui de naviguer paisiblement sur des eaux douces et calmes du développement et du bonheur de son peuple. On ne saurait non plus parler d’exploits de la Chine sans accorder une attention particulière à ses acquis dans la lutte contre la Covid-19. Alors que les occidentaux avaient prédit la déchéance de la Chine et n’avaient jamais imaginé qu’ils seraient un jour touchés par l’épidémie, le peuple chinois uni et solidaire a pu maitriser la propagation du virus sur son territoire et sauver ainsi de milliers de vies. Aujourd’hui, la Chine a renoué avec la vie normale. Pendant ce temps l’occident, victime de son propre système, est toujours confronté à de nouvelles vagues de contaminations.
Cette année 2020 marque le 20e anniversaire du Forum sur la coopération sino-africaine. A cette occasion, un forum Chine-Afrique des Think Tanks, 9e du genre, s’est tenu avec succès à Beijing en vidéoconférence. Alors, comme l’a si bien relevé un panéliste africain lors de ce forum, si les dirigeants africains veulent vraiment le développement, ils ont désormais un repère. La Chine étant disposée à partager sans réserve son expérience et le fruit de son effort avec les pays Africains, les dirigeants pourront tirer profit des expériences du peuple chinois dans la lutte contre la pauvreté en vue d’opérer des choix stratégiques pour amener les millions de personnes démunies à travers le continent africain à sortir de la misère.
Henri S. TAPSOBA