Pour avoir des données suisses sur une longue période, deux médecins du CHUV ont entrepris une étude d’envergure sur les symptômes que ressentaient des patientes six ans après leur accouchement.
Le CHUV à Lausanne a mené une étude comparant le risque d’incontinence et la sexualité de patientes qui avaient accouché par césarienne ou par voie basse 6 ans après un accouchement. Contrairement aux idées reçues, la césarienne ne préserve pas forcément la sexualité.
«Ces dernières années, le taux de césariennes a augmenté de façon spectaculaire pour atteindre 30-35% dans les pays développés. On estime que 15% d’entre elles sont pratiquées à la demande de la patiente», a déclaré le professeur David Baud, chef du service d’obstétrique du CHUV samedi à Keystone-ATS.
«Le phénomène n’est pas nouveau, mais il prend de l’ampleur. De plus en plus de femmes demandent une césarienne afin de protéger entre autres leur vie sexuelle et de diminuer le risque d’incontinence», commente-t-il.
Pas unanime
«Une dysfonction du plancher pelvien peut être dévastatrice pour les patientes, avec des impacts négatifs considérables sur la santé psychologique et physique», ajoute le docteur Chahin Achtari, responsable de l’unité d’urogynécologie au CHUV. Cependant, la littérature scientifique concernant le rôle de la voie d’accouchement (césarienne ou voie vaginale) n’est de loin pas unanime sur le sujet.
Certaines études suggèrent que les femmes qui accouchent par voie vaginale ont un risque plus élevé de développer un dysfonctionnement du plancher pelvien que les femmes qui ont eu une césarienne. D’autres, en revanche, n’ont pas démontré de bénéfice avec la césarienne. Le problème de ces études est qu’elles ont évalué des petits collectifs de patientes et sur une courte période.
Plus de 1000 patientes interrogées
Pour avoir des données suisses sur une longue période, les deux médecins ont entrepris une étude d’envergure sur les symptômes que ressentaient des patientes six ans après leur accouchement. Des questionnaires investiguant des symptômes urinaires, sexuels ou fécaux ont été envoyés à plus de 1000 patientes ayant accouché sans complications, soit par césarienne, soit par voie vaginale.
«Alors que nous nous attendions à ce que la césarienne protège la sexualité de nos patientes, nous avons été surpris des résultats opposés», commente David Baud. En effet, les douleurs pendant et après un rapport sexuel étaient plus importantes après une césarienne, alors que la libido et le désir sexuel étaient identiques dans les deux groupes.
Par contre, les plaintes urinaires étaient plus fréquentes six ans après un accouchement par voie vaginale. Finalement, il n’y avait aucune différence concernant les symptômes fécaux entre patientes ayant accouché par césarienne ou voie vaginale sans lésion du périnée.
Choix des futures mères
Publiée dans la revue «Scientific Reports» cette semaine, l’étude met en évidence les avantages et les inconvénients de chaque type d’accouchement. Elle fournit aux cliniciens un outil de décision pour mieux informer les femmes enceintes des conséquences à long terme de l’accouchement, en particulier dans les cas de césariennes à la demande de la future mère. Car finalement, c’est à elle que revient le choix de son accouchement, conclut David Baud.