Un fibrome utérin est une tumeur bénigne, non cancéreuse, qui se développe à partir du muscle utérin et du tissu fibreux de l’utérus. Le fibrome, également appelé « myome » ou « fibromyome », est très fréquent puisqu’il touche en Europe 20 à 40% des femmes en âge de procréer.SOMMAIRE
- Définition
- Symptômes
- Causes
- Femmes à risque
- Traitements
- • Médicaments
- • Embolisation
- • Ultrasons
- • Thermocoagulation de l’endomètre
- • Opération du fibrome
- • Hysteroscopie opératoire
- • Coelioscopie
- • Laparotomie
- • Hystérectomie
- • Alimentation
- Complications
- • Fibrome et grossesse
- • Fibrome et saignements
- • Nécrobiose aseptique
- • Problèmes urinaires
- Evolution d’un fibrome
Qu’est-ce qu’un fibrome utérin ?
Les fibromes utérins sont de petites tumeurs bénignes qui se développent au niveau de l’utérus. Elles se présentent sous forme de petites masses circulaires. Selon leur localisation exacte, on distingue les fibromes sous-muqueux, interstitiels et sous-séreux. Les fibromes peuvent se localiser sur tous les types d’organes, cependant on les rencontre le plus souvent au niveau de l’utérus. Ce sont des groupes de cellules n’ayant pas les mêmes caractéristiques que le tissu avoisinant et qui forment une tumeur dénommée fibrome. Il s’agit de tumeurs bénignes, mais il est souvent préférable de les enlever pour prévenir les risques de complications. Les fibromes ont une forme ronde ou plusieurs lobes. Ils peuvent être à l’intérieur de l’organe (ex. : fibrome intra-utérin), ou à l’extérieur (fibrome extra-utérin) en étant simplement rattaché par un pied (fibrome pédiculé) ou affleurant à la surface de l’organe.
Symptômes
Les fibromes, dans la grande majorité des cas, sont asymptomatiques. Certains fibromes passent inaperçus pendant des années et ne sont découverts qu’au cours d’un examen médical comme une échographie. D’autres engendrent des symptômes qui peuvent être gênants pour la patiente.
Quand des symptômes surviennent, il s’agit généralement de saignements abondants pendant les règles ou en-dehors ; de douleurs abdominales, dans le bas du dos, ou lors des rapports sexuels ; d’envies fréquentes d’uriner ou de constipation. Un examen gynécologique suivi d’une échographie permet de confirmer le diagnostic.
Certaines femmes ressentent une sensation de masse dans le bas ventre lorsque le fibrome est d’une taille importante. Il est également possible qu’une douleur intense et brutale apparaisse lorsqu’il s’agit d’un fibrome pédiculé qui se tord sur son pied : il est alors urgent d’intervenir chirurgicalement pour éviter une nécrose du fibrome. La présence d’un fibrome peut également être suspectée lorsqu’il y a des difficultés à concevoir un enfant, le fibrome pouvant gêner la nidation de l’embryon. Enfin, le Dr Katty Ardaens, gynécologue à Lille, ajoute que « 64% des femmes souffrant d’un fibrome utérin se disent fatiguées et stressées, contre 43% des femmes sans fibrome« .
Causes
On ne connaît pas les causes précises de l’apparition d’un fibrome, mais les sécrétions hormonales jouent un rôle.
Femmes à risque
Ces tumeurs bénignes, qui concernent 20 à 40% des femmes, peuvent être héréditaires ou favorisées par une sécrétion d’œstrogènes importante et touchent particulièrement les femmes entre 30 et 50 ans. De plus, le risque de développement de fibromes augmente avec l’indice de masse corporelle (IMC). En 2012, plus de 42 000 cas de fibromes utérins symptomatiques ont été comptabilisés en France et plus de 33 000 interventions chirurgicales ont été réalisées après ce diagnostic.
Traitements
En l’absence de symptômes, une simple surveillance régulière suffit, car les fibromes finissent généralement par régresser, après la ménopause. Si des symptômes existent, et selon la fréquence et la gravité de ceux-ci, plusieurs traitements peuvent être proposés. « Il faut insister sur le fait que des solutions existent pour soigner les fibromes. En tant que médecin, nous devons développer et expliquer à nos patientes les solutions thérapeutiques existantes pour minorer les symptômes et les sentiments de gêne » insiste le Dr Ardaens.
• Médicaments
Plusieurs traitements peuvent être proposés comme par exemple des médicaments anti-hémorragiques, antalgiques et anti-inflammatoires Des médicaments hormonaux peuvent également être proposés afin de diminuer l’intensité des symptômes et d’envisager une diminution de la taille du ou des fibromes, jusqu’à 50 % environ mais de façon transitoire. Il n’est pas conseillé d’utiliser ces médicaments sur une longue période. Un traitement médicamenteux, l’Ulipristal acétate, destiné à améliorer la vie des femmes ayant un fibrome utérin peut également être prescrit. Ce traitement indiqué dans le traitement préopératoire des symptômes des fibromes utérins chez les femmes adultes en âge de procréer, pourrait permettre d’éviter plus de 30% des interventions chirurgicales si le suivi gynécologique très strict est bien respecté. Il est nécessaire d’interrompre le traitement 2 mois après un cycle de traitement de 3 mois. Une surveillance du bilan hépatique est nécessaire.
• Embolisation
Une embolisation consiste à interrompre la vascularisation des artères utérines irriguant le fibrome et à le nécroser. Cette technique non chirurgicale de radiologie interventionnelle s’utilise dans certaines indications. Le médecin injecte des particules dans les vaisseaux irriguant le fibrome afin diminuer sa taille et en améliorant les symptômes.
• Ultrasons
La technique des ultrasons permettant de détruire le fibrome à travers la paroi abdominale peut être envisagée également. Plusieurs techniques peuvent être associées.
• Thermocoagulation de l’endomètre
Le fibrome peut aussi être extrait par chirurgie, sous anesthésie locorégionale ou générale, ou détruit via une thermocoagulation grâce à la chaleur produite par des ultrasons
• Opération du fibrome : Myomectomie
La décision d’effectuer une intervention dépend des manifestations comme les hémorragies et les douleurs mais également de la localisation et du volume trop important du ou des fibromes. La myomectomie est un traitement chirurgical conservateur qui consiste à retirer uniquement le ou les fibromes tout en conservant l’utérus. Cela permet de conserver les règles et éventuellement la possibilité d’une grossesse. Il est conseillé de respecter un délai de cicatrisation entre l’intervention chirurgicale et une grossesse. D’autre part, la cicatrice persistante au niveau de l’utérus peut parfois nécessiter la réalisation d’un accouchement par césarienne en raison d’une zone de grande sensibilité et de fragilité.
• Hysteroscopie opératoire
La myomectomie peut se pratiquer au cours d’une hystéroscopie opératoire ne laissant dans ce cas aucune cicatrice. Cette technique est indiquée lorsque le fibrome est situé dans la cavité utérine et s’il mesure moins de 4 cm.
• Coelioscopie
Si le fibrome mesure moins de 8 cm et qu’il y a moins de 3 fibromes, l’intervention peut se pratiquer par cœlioscopie, technique permettant que l’incision et les cicatrices soient plus petites. Le fibrome sera extrait par petits morceaux.
• Laparotomie
Dans d’autres circonstances, comme par exemple lorsque le fibrome est trop volumineux, d’une taille supérieure à 8 cm ou lorsqu’ il y a plus de 3 fibromes, il est nécessaire de pratiquer laparotomie, en effectuant une ouverture abdominale.
• Hystérectomie
Une hystérectomie, intervention consistant à retirer l’utérus est notamment indiquée lorsque le fibrome est volumineux, d’une taille supérieure à 10 centimètres, lorsque il existe plusieurs fibromes ou lorsque la pression exercée par le ou les fibromes sur les organes voisins entraînent trop de saignements, de douleurs, notamment lors des rapports sexuels, une anémie ou des douleurs lors de pressions sur la vessie. L’opération peut être réalisée par voie vaginale au par voie abdominale. Cette méthode radicale entraîne une impossibilité de grossesse en raison de la ménopause définitive qu’elle provoque.
•L’alimentation est aussi à prendre en considération en cas de fibromes :
Complications
• Grossesse
Un fibrome peut également être à l’origine d’une stérilité ou de difficultés pour être enceinte ou présenter des risques au cours d’une grossesse ainsi que des risques augmentés de fausses couches spontanées. D’autre part, le fibrome peut gêner un accouchement par voie basse provoquant ainsi une hémorragie lors de la délivrance. Une nécrobiose aseptique du fibrome, principale cause des douleurs en cas de fibrome, survient souvent au cours de la grossesse ou au décours d’un accouchement. Peuvent alors survenir des douleurs pelviennes, une fièvre ainsi que des métrorragies.
• Saignements
La muqueuse utérine est irriguée par de nombreux vaisseaux sanguins : un fibrome qui siège sous la muqueuse et qui se développe peut étirer un vaisseau sanguin et provoquer des saignements, plus ou moins abondants. Ces saignements génitaux sont appelés « métrorragies ». S’ils sont abondants, les saignements génitaux liés à un fibrome peuvent entraîner des carences en fer (anémies). L’anémie se traduit par des symptômes aisément comme la fatigue, les vertiges, étourdissements et les syncopes. Une anémie hypochrome sévère peut nécessiter une intervention chirurgicale. Tout saignement survenant en dehors de la période des règles est un signe d’alerte et justifie de consulter son médecin traitant ou son gynécologue pour un diagnostic précis.
• Nécrobiose aseptique
La nécrobiose aseptique est la cause principale des douleurs en cas de fibrome. Souvent liée à la grossesse ou consécutive à l’accouchement, elle est déclenchée par l’ischémie (arrêt du flux sanguin) du fibrome. Elle se manifeste principalement par des douleurs pelviennes, un état fiévreux et des métrorragies.
• Problèmes urinaires
Si le fibrome exerce une pression sur la vessie, il entraîne l’envie fréquente d’uriner. La masse du fibrome va en effet comprimer la vessie et gêner l’écoulement urinaire, ou provoquer une sensation de vessie toujours pleine. Un fibrome utérin de grande taille peut être à l’origine d’une fragilité de l’appareil urinaire. En entravant le flux urinaire, il peut favoriser la survenue de cystites (infection urinaire). Des infections urinaires à répétition liées à un fibrome peuvent nécessiter une intervention, afin de prévenir certaines complications. Une gêne urinaire ou récurrente est symptomatique de nombreuses pathologies, qui sont plus ou moins bénignes. Il est donc nécessaire de se tourner vers son médecin traitant/gynécologue si le symptôme persiste.
• Autres complications
Le développement d’un fibrome peut provoquer une compression de différents organes comme la vessie, les veines, l’uretère, certains nerfs et le rectum et entrainer une rétention urinaire, des œdèmes et des varices, des hémorroïdes et une constipation. Des épisodes de névralgies et de sciatique peuvent parfois s’observer. Une torsion d’un fibrome peut survenir lorsque celui-ci est pédiculé c’est-à-dire fixé à la paroi utérine par un pédicule étroit et provoquer de violentes douleurs. La transformation d’un fibrome en sarcome (tumeur maligne) est exceptionnelle.
Evolution
Un fibrome asymptomatique ne nécessite aucun traitement mais doit être surveillé régulièrement. Le fibrome peut néanmoins continuer à évoluer et grossir et provoquer les manifestations évoquées ci-dessus comme des saignements abondants, une fatigue liée à une anémie ou des troubles urinaires.
Bien qu’il soit impossible de prévenir l’apparition d’un fibrome utérin, il est avéré que les femmes actives seraient moins sujettes que les femmes dont la masse corporelle est plus élevée. Faire régulièrement une activité sportive pourrait ainsi assurer une certaine protection à la formation et à la croissance des fibromes utérins. Ces tumeurs peuvent être détectées par un professionnel de santé au cours d’un examen de routine.
Merci au Dr Katty Ardaens et au Dr Philippe Mironneau, gynécologues.