Des égouts sans couvercle. C’est le décor qui s’offre dans beaucoup d’axes à Dakar. Un danger permanent pour les automobilistes, les motocyclistes et même les piétons, informe Le Soleil et reprit par DirectActu.
À hauteur du siège de la direction générale de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), un pneu usé est posé au milieu de la route. Les véhicules provenant des deux sens sur cet axe très fréquenté évitent de le heurter. Ce pneu a remplacé le couvercle de l’égout situé au milieu de la route. En enlevant le couvercle, il ne restait plus qu’un grand trou spacieux au milieu de la route. À bord de son taxi, Mor Dieng attend son tour pour la visite technique au centre de contrôle technique des véhicules. La question du vol des couvercles d’égouts posée, intéressé par le sujet, il s’empresse de répondre. Usager de la route, il a constaté que beaucoup d’égouts n’ont plus de couvercles. À son avis, le phénomène est beaucoup plus alarmant sur l’autoroute de Colobane au pont de Hann. Sur cet axe, tous les couvercles des égouts ont été enlevés. Conducteur de taxi depuis plusieurs années, Mor Dieng a constaté que le phénomène s’est aggravé dans la capitale sénégalaise. Une situation qui indispose les automobilistes obligés de jouer aux coups de volants pour éviter ces ouvertures sur la chaussée.
Mouhamed Diop, au volant d’une rutilante voiture 4×4, accuse les auteurs de ces vols d’être les principaux responsables. Selon lui, les conducteurs de voiture ne sont pas les seuls exposés face à cette situation. Les motocyclistes et même les piétons peuvent tomber dans ces creux.
À bord de son véhicule, le jeune automobiliste indique qu’il est tombé sur une scène sur les deux voies du populeux quartier de Niarry Tally où un piéton a trébuché dans la bouche d’égout. La victime s’en est sortie avec un pied enflé. «Ceux qui volent ces couvercles ne sont pas des enfants. Ils sont majeurs et savent très bien les conséquences qui peuvent en découler », fulmine M. Diop. Celui-ci avance que le phénomène de vol des couvercles des bouches d’égout s’est aggravé avec l’avènement des ferrailleurs. Selon lui, pour mettre la main sur les vrais responsables de ces cas de vols, il faut les chercher chez les ferrailleurs. «Tous ces couvercles volés sont vendus dans le marché de la ferraille. L’État doit travailler, de concert avec les acheteurs de la ferraille, pour arrêter les présumés voleurs », recommande Mouhamed Diop.
Ferrailleurs, vagabonds, toxicomanes accusés
À hauteur du siège de la direction générale de l’Onas, jusqu’au Rond-point Liberté-6, on peut dénombrer, sur les deux voies principales, une dizaine d’égouts où les couvercles ont été enlevés. Non loin du Rond-point en face du groupe Emg, une partie des grilles, couvrant le petit canal d’évacuation des eaux usées, a été emportée. Le même décor est visible en face de l’école Notre Dame du Liban sur les rebords de la route. À l’ombre d’un immeuble géant, Mamadou Cissokho est sur son vélo. En face de lui, un égout rempli de petits cailloux. Selon ce garçon habitant le quartier Front de Terre, un conducteur de moto était tombé, il y a quelques semaines, dans cet égout. La scène s’est déroulée en sa présence. Finalement, c’est une ambulance qui est venue récupérer le motocycliste gravement blessé, après sa chute, raconte le jeune Cissokho. Le cycliste propose de mettre fin à ces égouts à ciel ouvert très nombreux dans la capitale sénégalaise. Pour lui, les conducteurs de deux-roues sont les plus exposés. Surtout ceux qui roulent la nuit dans des rues mal éclairées. Quant à Pape Mboup, il accuse les petits délinquants, les toxicomanes et les vagabonds d’être les auteurs de ces vols de couvercles d’égouts qu’ils revendent à vil prix. «Ils vendent ces couvercles aux ferrailleurs à des sommes comprises entre 1500 et 2500 FCfa », révèle-t-il. Le vieux préconise, comme solution de rechange, des couvercles à base d’une autre matière autre que le métal et qui pourra résister aux véhicules. «Tant que les couvercles sont faits avec du métal, les cas de vol vont continuer. L’État ne peut pas mettre un agent de sécurité dans chaque coin de rue », renchérit-il. Pour Mohamed Diop, seule une sensibilisation des populations sur le bien-commun peut-être une solution à long terme.