Un bug a annoncé, par erreur, lundi, le rappel à Dieu de plusieurs personnalités, entre autres Abdoulaye Wade et Abdou Diouf, tous deux anciens Présidents du Sénégal. Le site français Rfi qui ampute cette déconvenue à un souci technique a présenté ses excuses aux personnalités concernées.
La boulette a ému plus d’un. C’est hélas d’usage dans les rédactions de préparer à l’avance des papiers «en attente». Ces textes variés traitent de tous les sujets. Il arrive cependant que ces brouillons soient publiés par erreur. C’est qui est vraisemblablement arrivé ce lundi. Un des scénarios les plus redoutés des médias.
Wade : « Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir prendre connaissance de sa nécrologie de son vivant »
«Après l’annonce de mon décès sur le site internet de RFI à la suite d’une erreur informatique, je tiens à rassurer que je suis en pleine forme. Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir prendre connaissance de sa nécrologie de son vivant. J’en profite pour rappeler à quel point il est important de vérifier ses sources avant de partager une information», c’est ainsi qu’Abdoulaye Wade a réagi sur sa page facebook.
Abdoulaye Wade, c’est la consécration d’une longue carrière politique qui a commencé dans l’ombre de Léopold Sédar Senghor. En 1973, le jeune avocat propose au Président Senghor de créer un parti de contribution. Un an d’existence et quelques manifestations, le Parti démocratique sénégalais (PDS) passe à l’opposition. Abdoulaye Wade se présente pour la première fois à la présidentielle en 1978. Il a alors 52 ans. Mais, il mettra vingt-deux années à arriver au pouvoir, en battant Abdou Diouf en 2000. Une victoire à l’usure, le résultat d’une opiniâtreté et d’une habilité hors du commun. C’était en effet la quatrième fois qu’il se présentait contre Diouf. Battu trois fois, il avait fini par partir pour la France. Une coalition le fait rentrer et l’accompagne dans sa victoire. Il est le premier en Afrique francophone à imposer l’alternance par les urnes. Avec l’accès d’Abdoulaye Wade à la tête du pays ce n’est pas seulement le harangueur hors pair et qui a été élu, mais l’homme de combat et de loyauté démocratique a été consacré. Abdoulaye Wade vit actuellement à Dakar. Longue vie à ce grand monsieur qui a marqué l’histoire du Sénégal.
Abdou Diouf vit paisiblement sa retraite
Abdou Diouf a exercé la fonction de Premier ministre pendant onze ans avant de succéder à Léopold Sédar Senghor à partir de 1981 comme président de la République du Sénégal. Il va occuper la fonction de Chef de l’Etat durant dix-neuf ans. Au soir de sa défaite, face à Abdoulaye Wade, en mars 2000, Diouf s’était retiré sans tergiverser, donnant l’exemple, rare en Afrique, d’une alternance pacifique. A l’automne 2002, il se «laisse faire», comme il le confesse, et cède aux pressions de son ami Chirac pour prendre la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Il atterrit au secrétariat général de cette organisation. Il a le profil idéal. Son entregent international, son sérieux et sa rigueur d’ex-grand commis de l’Etat vont peser sur la planche. Vrai démocrate qui a quitté le pouvoir sans incident, Abdou Diouf vit paisiblement sa retraite entre Dakar et Paris, dans la plus grande discrétion, entouré des siens. Vivement que cela continue.