Nombre élevé de rapports sexuels rime-t-il avec bonheur conjugal ? Pas forcément… Le point à travers quelques études.
Google rapporte 32 millions de résultats lorsque l’on fait la recherche « fréquences des rapports ». C’est une question que se posent souvent les couples : fait-on assez souvent l’amour ? Avec en filigrane, l’envie de se comparer aux autres couples pour être réssuré.e. Une grande enquête[1] française, menée par Michel Bozon, avait montré que les Français faisaient l’amour 8,7 fois par mois en 2008. Les deux premières années, les couples faisaient l’amour de façon plus soutenue, soit 13 fois par mois, tandis que la fréquence de leur rapports se stabilisait à 9 fois par mois au-delà de 5 ans.
La fréquence des rapports, baromètre du couple ?
Less is more, disent les Anglais… Serait-ce vrai aussi en sexualité ? La fréquence de l’activité sexuelle n’est pas forcément un indicateur pertinent du bonheur conjugal, contrairement aux idées reçues. Sa qualité et le ressenti des partenaires le sont tout autant.
Certes, quelques études stipulent qu’avoir une activité sexuelle plus fréquente est associé à un plus grand sentiment de bien-être. Une étude[2] de 2015 portant sur 3 000 Chinois montrait que ceux qui avaient le plus d’activité sexuelle ainsi qu’une meilleure qualité de sexualité, étaient plus heureux. A l’inverse, avoir une activité sexuelle non désirée était associée à un moins grand bonheur, chez les hommes comme chez les femmes. Un poncif ? Sans doute… Mais ce genre d’études, abondamment relayées dans les médias, met surtout une pression inutile aux couples qui ne font pas l’amour autant et qui ne sont pas pour autant malheureux !
En 2015, une autre étude[3], portant sur 30.645 Américains, a tordu le cou à l’idée reçue qu’il faudrait faire l’amour souvent pour être heureux en couple. Les auteurs rapportent que sexe et satisfaction dans la relation n’étaient plus significativement associés au-delà d’un rapport sexuel par semaine. En sexualité comme ailleurs, tout est histoire de juste milieu…
Mais les chiffres, celui-ci comme les autres, posent problème : d’une part à cause de leur manque de fiabilité puisqu’il s’agit de déclarations, et d’autre part, parce qu’ils s’érigent en normes. Et qui dit normes dit souvent pression, complexe, stress ou encore souffrances pour tous ceux qui n’y répondent pas… Un travail pour se libérer des normes sexuelles et s’épanouir loin des chiffres est alors indispensable.
La qualité et le ressenti, au coeur de l’harmonie conjugale
Que tous les couples qui ne font pas l’amour une fois par semaine se rassurent. La quantité de rapports n’est pas le seul indicateur de l’harmonie conjugale, loin de là : la qualité des rapports sexuels est un facteur majeur dans le bien-être ressenti par les partenaires. A l’évidence, il vaut mieux faire l’amour à la fréquence qui convient au couple et en prenant un véritable plaisir, que le faire trois fois par semaine, de façon mécanique ou parce que seul.e l’un.e des partenaires le veut.
Autre facteur d’épanouissement primordial : le ressenti de chacun. La sexualité n’est pas toujours ce qui soude le couple, qui peut partager d’autres centres d’intérêts, plus essentiels à ses yeux. Quand elle est un facteur primordial, il est important de savoir si les partenaires sont heureux dans leur sexualité, au-delà de la fréquence ? L’activité sexuelle est-elle source de plaisir ? Tout au long de leur histoire, tous les couples sont confrontés à des différences de désir. On peut avoir davantage de désir que son/sa partenaire sans en souffrir si la différence de désir n’est pas trop marquée. Mais s’il y a une frustration d’un côté, une souffrance, en parler ensemble est fondamental : déjà pour rassurer l’autre, ensuite pour trouver un équilibre qui convient aux deux. Redonner une place et du temps au couple et à la sexualité est également important, car c’est souvent la « cinquième roue du carrosse », après la vie professionnelle, familiale, amicale et les loisirs !
Et si la sexualité n’est pas assez satisfaisante, il convient d’en analyser les raisons et de mettre en place des façons d’augmenter le plaisir de chacun. Si le coït est inné, l’érotisme s’apprend. Le plaisir alimentera le désir et vice-versa…
C’est toute l’importance de la communication à deux pour pouvoir s’ajuster au fil du temps. Et lorsqu’elle est impossible ou qu’elle n’est pas efficace, une thérapie auprès d’un sexologue ou d’un thérapeute de couple peut aider à évacuer les sentiments négatifs, à tester des alternatives et à augmenter la satisfaction.
par Dr Charlotte Tourmente Twitter journaliste à la rédaction d’Allodocteurs.fr