Mais où est donc passé notre coucou ?
Y-en-a-marre de ce jeu de cache-cache, de ce flou autour de notre avion de commandement. Ça ne peut plus durer, le suspens doit cesser. L’heure de la clarification est venue, qui passe par une réponse sans ambages à une question jusqu’ici abordée avec des pincettes qu’il faut maintenant poser gravement, sans fioritures.
Macky Sall, dis-nous où se trouve notre avion national, la Pointe de Sarène ?
L’une des fiertés les plus fortes des nations, c’est de pouvoir déployer leur drapeau national sur un avion, servant de compagnie nationale ou de moyen de déplacement de celle ou celui qui est leur autorité suprême.
Les plus grandes nations y ajoutent une manifestation de puissance en mettant leur drapeau sur leur sous-marines, leurs missiles, leurs fusées spatiales ou encore leurs porte-avions et plateformes militaires, y compris nucléaires les plus importantes.
Jusqu’à une date récente, tout sénégalais qui participait à une grande conférence internationale guettait le sceau et le drapeau de la nation sur l’un des avions souverains ayant conduit des chefs d’Etat sur le territoire où celle-ci devait avoir lieu. Sur le tarmac de l’aéroport local, on pouvait aisément distinguer ces avions, d’où se dégageait une sorte d’aura distinctive des banales flottes commerciales toutes énormes qu’elles puissent être, et qui étaient alignées à part, dans une marque de respect, mais que l’œil attentif pouvait facilement repérer.
Voir l’avion national du Sénégal à Kuala Lumpur, Washington, Addis Abeba, Zurich, Johannesbourg, Paris ou ailleurs, lors de ces évènements, tel le Forum de la Paix qui se tient aujourd’hui dans la capitale française, était en réalité la preuve, par l’absurde, par la frime, d’une souveraineté qui se donnait à contempler.
L’Etat se reconnaît à certains signes et par des rites parfois risibles mais sans lesquels il n’en est pas un.
Tenez, posons-nous quelques questions pour bien l’étayer.
Imagine-t-on le Président américain voyageant autrement qu’à bord d’Air Force One, symbole de la puissance qui s’attache à sa fonction ? Jamais, peut-il l’incarner même en voyageant seul dans l’un des nombreux avions dont disposent les grandes compagnies de son pays, que ce soit American Airways ou Delta.
Imagine-t-on, pour prendre un autre exemple dans un domaine différent, les afficionados sénégalais s’identifier à un Onze national où les noms qui le composent seraient des Drogba, Etoo, Aubameyang, en excluant les joueurs actuels, originaires de notre pays, que sont les Mané, Kouyaté, Mendy, Koulibaly etc. Même s’ils seraient moins bons que les premiers, ce sont les nôtres, l’incarnation de notre drapeau.
Imagine-t-on des français délaissant leur culture culinaire se mettre à terre, jambes croisées, mangeant à la main, à la sénégalaise ? Non, ce n’est pas leur drapeau culturel. Le symbole ici aussi se passe de commentaires.
Les exemples sont donc nombreux qui soulignent à quel point la symbolique est essentielle dans la vie des peuples et des Etats.
Or donc, voici que depuis bientôt un an, sans qu’aucune explication ne soit officiellement donnée, Monsieur Macky Sall, tel un quidam louche que l’on croirait être dans un projet de trafic de drogue ou de convoyage de billets de banques, ne se déplace plus pour participer dans les conférences internationales ou même dans ses visites officielles qu’avec des avions loués au plus fort et auxquels nul sénégalais ne s’identifie.
On sait que les pays qui s’endettent à tort et à travers font l’objet de ce que les juristes, spécialistes du droit de l’investissement, appellent l’exéquatur, c’est-à-dire dans un langage moins barbare, peuvent déclencher des procédures de saisie de leurs biens matériels ayant une valeur vénale sans être couverts par l’immunité diplomatique. Les immeubles des ambassades entrent dans cette dernière catégorie protégée par le droit international.
L’avion national du Sénégal, lui, pose un sérieux problème. Comme s’il avait disparu dans les nuages, plus personne ne le voit. Nul ne sait où il se trouve. Le cache-t-on ? L’a-t-on vendu discrètement ? L’a-t-on privatisé ? Qui n’a pas en mémoire, à cet égard, de ce qu’un des ministres de Macky Sall, le plouc Abdou Karim Sall, loufoque ministre de l’environnement, a fait avec les antilopes Oryx rares, qu’il a transformées en animaux de compagnie à domicile, alors qu’elles étaient dans un parc national (autre symbole d’un Etat) et a même osé en faire des brochettes pour satisfaire son propre palais.
Le silence a assez duré sur le sort de la Pointe de Sarène. D’où qu’il se trouve, l’avion crie au secours. Il ne peut en effet pas comprendre que même la grande gueule Abdou Latif Coulibaly qui avait fait de la réparation onéreuse de l’ancien avion présidentiel, du temps du Président Wade, l’un des sujets de ce qu’il appelait son…journalisme d’investigation, reste muet comme une carpe pendant que tout simplement l’avion de la nation s’est dissipé. Ni lui ni aucun autre, parmi ceux qui «assistent», en bouteilles habillées au ronronnement du Conseil des ministres hebdomadaires, n’a encore osé soulever le sujet. Le pays entier, lui, a l’avantage de ne pas être mis dans la boucle. Il ne sait pas. Même s’il se doute que quelque chose de bizarre s’est produite.
Il est donc grand temps de donner un coup de pied à ce foutoir et d’exiger de Macky Sall, sous le contrôle de sa bande de flibustiers, qu’il nous dise où se trouve notre Pointe de Sarène.
Ce multirécidiviste dans les crimes économiques et financiers est indigne de confiance. Il a déjà vendu nos hydrocarbures et indûment empoché avec son frère, Aliou, des milliers de milliards de francs cfa qui devaient entrer dans les coffres du Trésor public.
Un tel forban est donc bien capable d’en avoir fait de même avec notre avion national, l’avoir bradé à défaut de l’avoir mis en location quelque part pour en récolter des retombées à notre insu.
Ce type mérite d’être remis à l’école pour qu’il comprenne que l’Etat, c’est la transparence.
Sautiller comme un gamin, avec des joues gonflées, comme il aime tant le faire, en quête de buzz, pour exprimer une colère…noire, crier sur les gens, prendre des décisions en catimini, tout cela ne nous intéresse pas. Nous voulons juste une réponse précise, c’est-à-dire visible : qu’as-tu fait de notre avion ? Où est-il ?
Tous les Sénégalais, habitués à voir leur avion national assurer la desserte des déplacements de leur chef d’Etat, en ont perdu le sommeil. Jamais ceux qui ont dirigé ce pays n’ont fait disparaître l’avion national. Ne me dites pas que vous l’avez caché quelque part pour pouvoir l’exhiber au cas où les questions viendront demander où il se trouve. Dans la crise multiforme qui afflige notre pays, ce serait le comble de nous divertir avec des ruses et gamineries de bas étages.
Comme pour les filles Nigérianes enlevées par les terroristes islamistes il y a quelques années au point de susciter une mobilisation mondiale, saches, Macky Sall, que le peuple sénégalais vous demande de répondre ici et maintenant à son exigence, une de plus pour combattre les dérives de votre régime illégitime. Il vous dit :
#BRING-BACK-OUR-POINTE-DE-SARENE. Rendez-nous notre avion de commandement, ce n’est pas une propriété privée, on doit savoir ce qu’il en est advenu.
Ne nous dites pas que vous l’avez égaré ou même garé et que vous prenez en doublon, par caprice de prince, d’autres avions en gaspillant nos maigres sous. C’est encore pire.
Macky Sall, le pays vous écoute.
Adama Gaye est un exile sénégalais au Caire et un opposant au régime de Macky Sall.